Clinic n° 10 du 01/11/2015

 

Congrès ADF 2015 Notre sélection de conférences

Avant-première

L’endodontie demeure une pratique très chronophage dans notre activité. Cette séance a pour objectif non seulement d’optimiser le traitement endodontique grâce à une démarche ergonomique, mais également d’apporter des solutions permettant un travail plus efficace et plus organisé.

Dans un premier temps, Jean-Pierre Siquet présente l’organisation matérielle du cabinet. Cette approche vise principalement à mettre à la disposition du praticien tout le matériel...


L’endodontie demeure une pratique très chronophage dans notre activité. Cette séance a pour objectif non seulement d’optimiser le traitement endodontique grâce à une démarche ergonomique, mais également d’apporter des solutions permettant un travail plus efficace et plus organisé.

Dans un premier temps, Jean-Pierre Siquet présente l’organisation matérielle du cabinet. Cette approche vise principalement à mettre à la disposition du praticien tout le matériel nécessaire à l’acte en cours et à favoriser une posture de travail confortable minimisant la fatigue.

La méthode des tubs and trays de Kilpatrick est notamment abordée afin de démontrer que pour chaque type d’intervention, le plateau technique doit être précisement organisé. L’agencement du cabinet, le mobilier et les aides optiques à retenir sont décrits. Cette thématique a pour seul but de démontrer l’importance de la prise en compte de l’ergonomie dans l’organisation matérielle du cabinet afin de préserver la concentration et l’efficacité du praticien.

Ensuite, Ève Laurent aborde la notion d’« équipe au service du patient », c’est-à-dire l’organisation humaine du cabinet.

Toute entreprise, quels que soient la taille de son effectif et son domaine d’activité, possède une organisation fondée sur des procédures qui déterminent les actions à réaliser et les rôles de chaque membre de l’équipe dans l’exécution d’une tâche.

Il est alors question de l’importance de la rédaction des protocoles opératoires afin que le chirurgien-dentiste et l’assistante dentaire puissent établir puis appliquer des ententes standardisant l’exécution d’un soin et rationalisant l’environnement de travail.

Il est ainsi montré que dans 90 % des situations, les protocoles opératoires décrivent, étape par étape, les différentes phases du soin et le matériel nécessaire pour chacune d’entre elles.

Si les protocoles donnent un cadre général au déroulement des soins, ils ne sont pas une trame infaillible et unique. En effet, il convient dans certains cas de les adapter en fonction des éléments d’ordre technique issus de l’analyse de la situation ou relatifs à la psychologie du patient.

Ève Laurent expose ensuite les avantages du travail à quatre mains pour le binôme praticien-assistante. Les techniques de travail au fauteuil étant peu enseignées lors du cursus de qualification des assistantes dentaires, une démarche de formation pour une acquisition progressive d’un travail à quatre mains efficace doit être entreprise par le praticien. Les retombées de cet investissement profiteront à tous les protagonistes du soin – patient compris – et seront transposables aux autres disciplines de l’art dentaire.

Le troisième focus décrit l’organisation technique de l’acte qui est présentée par Olivier Claudon.

Tout d’abord, la place de la préparation mécanique dans l’acte global du traitement endodontique est évaluée en termes de temps (durée) et de complexité. Les qualités et les défauts de l’instrument unique sont décrits pour évaluer l’intérêt global qu’offre l’adoption d’un de ces systèmes. Ces instruments se veulent incassables, qu’en est-il dans la bibliographie ? Ces instruments répondent-ils à toutes les situations cliniques ? L’instrument unique apporte-t-il quelque chose pour le retraitement endodontique ?

Dans le cadre de l’ergonomie pure de l’acte, sont comparées les séquences proposées par les fabricants dans l’objectif d’estimer un éventuel gain de temps.

Ensuite, le temps de l’obturation finalise l’acte ?endodontique. Il transforme l’essai de la préparation mécanique et chimique (désinfection). À ce titre et dans le contexte d’une activité privée tenant compte de contraintes de temps et de coût, le temps de l’obturation est compliqué à gérer par le praticien. En ce sens, le choix de la technique qu’il a adoptée revêt une importance capitale.

Les techniques d’obturation sont nombreuses et font appel ou non à du matériel spécifique et à des matériaux différents. Elles sont plus ou moins délicates à effectuer seul. Une ou deux techniques applicables quotidiennement au cabinet sont présentées afin de simplifier le geste opératoire.

Enfin, Aude Cuny-Guerrier, ergonome, va nous exposer, à partir d’une synthèse des facteurs de risque, des arguments pour une approche globale de prévention en faveur de l’efficacité et de la santé des intervenants du duo praticien-assistante.

Sur le plan international, entre 64 et 78 % des chirurgiens-dentistes rapportent, au cours de leur parcours professionnel, au moins un symptôme de troubles musculo-squelettiques (TMS). Ces affections péri-articulaires constituent en France la maladie professionnelle la plus reconnue chez les dentistes.

La compréhension de la survenue des TMS chez les praticiens a majoritairement été abordée sous l’angle des postures inconfortables et de la répétitivité des gestes. Les évolutions sur les équipements qui s’en sont suivies ont conduit à une amélioration de la santé physique perçue.

La recherche d’une adaptation du travail visant à articuler performance et qualité sans dégrader la santé, notamment la prévention des TMS, doit s’appuyer sur les dernières connaissances disponibles. Les TMS sont à considérer comme la conséquence de l’interaction de facteurs de risque de nature biomécanique, psychosociale et organisationnelle. Les postures au-delà des zones articulaires de confort, les mouvements répétitifs mais aussi le travail musculaire statique et la précision des gestes associés représentent des facteurs de risque décisifs dans la survenue de TMS chez les dentistes. Souvent moins étudiés, le stress, la satisfaction au travail et l’isolement professionnel interviennent également dans la dynamique de survenue. Ils interagissent avec les facteurs de risque physiques par des mécanismes physiologiques partiellement connus mais selon une relation dose-effet difficile à établir et encore méconnue à ce jour.

Le rôle de l’ergonomie est de s’appuyer sur un diagnostic global de la situation de travail. Les modalités d’organisation de l’activité, le type d’actes effectués, les locaux, les équipements et outils, les techniques de travail, les facteurs individuels et les caractéristiques liées aux patients doivent être analysés pour proposer des solutions de prévention efficaces. Sur le plan de la recherche, de nouveaux objets d’étude apparaissent nécessaires à l’émergence de futurs progrès.

Lectures conseillées

Binhas E, Kubler JM, Petitjean B. La gestion globale du cabinet dentaire. Volume 1 : l’organisation technique. Rueil-Malmaison : Éditions CdP, 2011.

Skovsgaard H. Dancing Hands. Quintessence Publishing, 2013.

Valachi B. Practice dentistry pain-free. Evidence-based strategies to prevent pain and extend your career. Posturedontics Press, 2009.

Bürklein S, Benten S et Schäfer E. Shaping ability of different single-file systems in severely curved root canals of extracted teeth. Int Endod J. 2013;46(6):590-97.

Keles A, Alcin H, Kamalak A, Versiani MA. Micro-CT evaluation of root filling quality in oval-shaped canals. Int Endod J. 2014 Dec;47(12):1177-84

Hayes M, Cockrell D, Smith DR. A systematic review of musculoskeletal disorders among dental professionals. Int J Dent Hygiene. 2009;7(3):159-65

Puriene A, Aleksejuniene J, Petrauskiene J, Balciuniene I, Janulyte V. Self perceived mental health and job satisfaction among lithuanian dentists. Industrial Health. 2008;46(3):247-52.

Rolander B. et al. Working conditions, health and productivity among dentists in swedish public dental care - a prospective study during a 5-year period of rationalization. Ergonomics. 2013;56 (9):-1376-86.

Winkel J, Westgaard RH. Facteurs de risque de TMS au travail et perspectives de solutions : passé, présent et avenir. HESA newsletter n° 34. 2008

Conférence A8 • Mardi 24 novembre : 14 h 00 - 17 h 00

Responsable scientifique : A. Collin (Esch-sur-Alzette, Luxembourg)

Modérateur : E. Deveaux (UFR de Lille)

Objectifs

• Optimiser le traitement endodontique grâce à une démarche ergonomique

• Être plus efficace et plus organisé lors d’un traitement endodontique de qualité

L’organisation matérielle du cabinet J.-P. Siquet (Braine-l’Alleud, Belgique)

L’organisation humaine du cabinet E. Laurent (Romans-sur-Isère)

L’organisation technique de l’acte O. Claudon (Chantraine)

Les facteurs de risque liés à la pratique A. Cuny-Guerrier (Vandœuvre)