Transformer une ancienne supérette en un cabinet dentaire, c’est le défi relevé par une équipe de jeunes chirurgiens-dentistes trentenaires à Courrières (Pas-de-Calais). Installés depuis quelques mois, ils travaillent en équipe dans un espace où tout est pensé pour le bien-être du patient.
« Nous nous sommes trouvées au bon moment ! » expliquent Florence Ausecache et Juliette Cocquerelle, chirurgiens-dentistes. Associées depuis décembre 2014 à Courrières dans le Pas-de-Calais, les deux jeunes femmes sont avant tout amies. « Nous avons fait nos études ensemble, et même nos petits boulots d’étudiantes », se souviennent-elles.
Tout commence il y a 5 ans, lorsque Juliette Cocquerelle rachète seule la patientèle d’un dentiste de Courrières partant à la retraite. Elle devient alors locataire du cabinet mais « le local était vieillot, pas aux normes pour handicapés et il n’y avait pas de panoramique ». La jeune praticienne cherche alors à déménager et repère à quelques centaines de mètres une supérette à la vente. Il s’agit d’un ancien magasin en rez-de-chaussée, accolé à une maison et disposant d’un parking à l’arrière. Juliette Cocquerelle prend la décision d’acheter seule l’ensemble de la structure de 350 m2 en décembre 2013. Elle cherche alors une associée en vue du futur cabinet et décide de se lancer dans cette aventure avec Florence Ausecache. N’ayant pas besoin de toute cette surface pour le cabinet dentaire, la décision est prise avec l’architecte de consacrer les 220 m2 de la supérette au cabinet dentaire et de transformer la maison à l’arrière en plusieurs cabinets paramédicaux qui sont aujourd’hui occupés par deux kinésithérapeutes, une infirmière et un ostéopathe. La structure est située en zone franche, ce qui permet à tous les professionnels qui s’y installent de bénéficier d’une exonération d’impôt sur les bénéfices durant les premières années d’installation.
Près d’une année de travaux sont nécessaire pour mettre en place cette structure pluridisciplinaire. L’entrée du cabinet dentaire est distincte de celle des cabinets paramédicaux. Mais tous les professionnels de santé peuvent se retrouver et échanger au quotidien dans un espace commun composé d’une salle de repos, d’une douche, des toilettes et d’un vestiaire qui fait communiquer les deux structures. « Nous souhaitions distinguer les deux structures mais partager un espace pour les repas, les pauses », explique Juliette Cocquerelle.
En plus des professionnels paramédicaux, deux jeunes chirurgiens-dentistes collaborateurs travaillent actuellement avec les deux praticiennes, Inès Bridoux et Guillaume Paque. Deux assistantes dentaires complètent l’équipe : Émilie et Marine. Elles étaient déjà présentes au sein de l’ancienne structure et ont suivi Juliette Cocquerelle dans son aventure. Les quatre dentistes travaillent chaque jour au sein d’un espace très lumineux. En entrant, on retrouve un bureau d’accueil et une salle d’attente communs aux quatre praticiens. Puis on avance dans une allée centrale autour de laquelle s’articulent les quatre salles de soins, deux à gauche de l’allée et deux à droite. Du côté gauche, la salle de stérilisation communique entre deux cabinets. Du côté droit, les deux cabinets sont séparés par un bloc de chirurgie qui n’est actuellement pas en service. « Nous souhaiterions exploiter cette salle pour pouvoir poser des implants, voire même pour faire venir un praticien qui fasse exclusivement de la chirurgie », indique Juliette Cocquerelle. Si chacun a sa patientèle, les quatre dentistes travaillent en équipe : « Nous prenons les urgences de nos collègues si nous le pouvons, c’est très fluide », poursuit-elle. Et dès que l’un des praticiens s’interroge sur le plan de traitement d’un patient, il n’hésite pas à aller directement voir ses collègues. « Nous échangeons beaucoup entre nous », souligne le Dr Ausecache. Pour optimiser au mieux l’organisation, une réunion mensuelle entre les quatre praticiens et les deux assistantes a été instaurée. Tenue des dossiers, problèmes techniques, répartition des congés, formations à prévoir?: de nombreux points y sont abordés.
Au sein de la structure, chaque cabinet a sa propre identité : l’un est vert, l’autre violet, rose ou encore bleu. « Pour pouvoir guider les patients, c’est plus simple que chaque praticien ait sa couleur », note le Dr Cocquerelle. Ce code couleurs a été décliné jusque dans la gestion du matériel. Les instruments de chaque praticien sont bagués à la couleur de son cabinet. « Cela facilite la répartition des stocks et permet de mieux gérer la stérilisation », poursuit-elle. Le logiciel informatique suit également ce code : la session informatique de chaque praticien est à la couleur de son cabinet. Les quatre couleurs ont également été utilisées dans les éléments décoratifs du cabinet : une « designeuse » lilloise a pensé les cadres décoratifs disposés dans l’allée centrale.
Outre les coloris, tout a été fait pour que les patients soient le plus détendus possible durant les soins. À commencer par les téléviseurs placés sur les plafonniers de chaque fauteuil. « On adapte les programmes que l’on diffuse en fonction des patients. Cela peut être des dessins animés ou des clips vidéo », fait remarquer Florence Ausecache. « On leur propose aussi d’apporter leurs propres vidéos pour les soins les plus longs », ajoute-t-elle. D’un point de vue ergonomique, chaque cabinet possède deux portes?: une pour la circulation du patient et une pour la circulation de l’assistante. Ainsi, lorsque l’assistante entre dans la pièce, le patient la remarque moins. Par ailleurs, deux fauteuils disposent de caméras intrabuccales. « Pour les adultes, comme pour les enfants, cela me permet de prendre une photo avant, pendant et après le soin et de montrer le changement à l’écran » poursuit la dentiste. Pour les enfants, un système de « bons points » a été mis en place : à la fin du soin, si tout s’est bien passé, l’enfant reçoit un ticket qu’il va pouvoir échanger à l’accueil contre un cadeau. En quelques mois, les praticiens ont déjà pu constater les retours positifs des patients. « Ils sont beaucoup plus détendus, surtout les enfants, avec lesquels l’approche du fauteuil est beaucoup plus facile », remarque Juliette Cocquerelle. Toujours dans le souci de favoriser la détente et la tranquillité des patients, les rendez-vous sont donnés avec 15 minutes de décalage entre les praticiens. Deux dentistes démarrent à 9 h 00 avec un patient toutes les 30 minutes et les deux autres à 9 h 15. « Cela permet un flux continu de patients, mais en décalé, pour limiter le temps d’attente au bureau d’accueil », observe Florence Ausecache.
Moins de 1 an après leur association en société civile de moyens (SCM), les deux amies, aidées de leurs collègues, ont encore de nouveaux projets en tête. Outre la mise en place d’un site Internet pour le cabinet, les deux associées sont en train de terminer une formation d’implantologie. Leur but ? Pouvoir prendre en charge les patients « de A à Z ».
La couleur propre à chaque praticien, couleur déclinée sur ses instruments, son écran informatique. Le patient identifie mieux chaque cabinet. Et les couleurs sont reprises dans les cadres décoratifs.