Clinic n° 10 du 01/11/2015

 

RENTRÉE DU CNPS

Actu

M. L.  

La menace de déréglementation est prise très au sérieux par les syndicats et organisations membres du Conseil national des professions de santé (CNPS) tandis que la majorité des libéraux de santé doit faire face à l’afflux de professionnels diplômés à l’étranger.

Alors que les pouvoirs publics misent plus que jamais sur une articulation entre l’hôpital et la ville par un transfert des soins hospitaliers vers l’ambulatoire, la médecine de ville fait l’objet de pressions tant de la part du législateur que d’institutions comme la Cour des comptes. Une contradiction que n’a pas manqué de souligner Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) en préambule de la journée de rentrée du Conseil national des professions de santé dont il est président. « Leur reprocher un nombre trop important d’actes comme cela fut le cas dernièrement pour les infirmières et les kinésithérapeutes est un jeu de dupes », a-t-il déclaré.

Démographie en péril

La situation est d’autant plus paradoxale que la libre circulation apporte chaque année son lot de libéraux de santé, diplômés à l’étranger, sur le sol français. Un phénomène qui ne manque pas d’inquiéter les organisations du CNPS. Car, en nombre croissant, ces diplômés à l’étranger, qui contournent le numerus clausus, peuvent mettre en péril l’équilibre démographique. À titre d’exemple, 33 % des diplômés en kinésithérapie sont aujourd’hui issus d’établissements étrangers. Quant aux 1 400 chirurgiens-dentistes, nouveaux inscrits à l’Ordre en 2014, 400 avaient obtenu leur diplôme hors de l’Hexagone. « Il est difficile de comprendre comment, d’un côté, contenir les dépenses d’assurance maladie et, de l’autre, créer les conditions d’une concurrence entre des professionnels de santé plus nombreux », objecte Philippe Gaertner.

Illégal donc intouchable

Pour marquer sa vigilance face à ces dérives et sa solidarité envers les professionnels touchés, le CNPS s’associe au combat mené contre le centre de formation CLESI/Pessoa. Catherine Mojaïsky, présidente de la Confédération nationale des syndicats dentaires (CNSD) et membre du CNPS, a été reçue, à sa demande, par le secrétariat d’État à l’Enseignement supérieur. Un entretien qui l’a laissée pantoise. « On nous a laissé entendre que l’établissement étant dans l’illégalité, le ministère ne pouvait agir », relate-t-elle.

Le CLESI/Pessoa n’est cependant qu’une pierre parmi bien d’autres dans le jardin des chirurgiens-dentistes. Certains établissements, comme l’Université de Cluj en Roumanie et bientôt d’autres en Bulgarie, soulèvent de nombreuses questions sur les conséquences de la libre circulation des professionnels de santé, leur niveau de formation et la reconnaissance de diplômes parfois sans équivalents réels en France. Face à cette pression de l’Europe, les membres du CNPS s’interrogent sur une éventuelle instauration d’un numerus clausus européen.