L’éponge transalpine

Étant à court d’éponges hémostatiques, j’ai découvert, dans un catalogue médical, une marque que j’ignorais totalement. Non que je sois un utilisateur forcené de ce genre de produits, mais les derniers que j’avais achetés, provenant d’une grande compagnie ayant pignon sur rue, m’avaient paru d’un prix tout à fait excessif. Ces éponges de gélatine lyophilisée, semblables en tout point aux autres – hormis leurs dimensions légèrement différentes – sont vendues à peu près 3 fois moins cher. C’est une société italienne basée à Milan qui les fabrique. Il existe, certes, des éponges non stériles meilleur marché, mais je ne suis pas sûr qu’elles soient plus avantageuses: placées en vrac dans un pot, elles sont sujettes à la contamination croisée, ce qui est tout sauf anodin s’agissant d’un pansement destiné à protéger une alvéole d’extraction dentaire.

Une action mécanique et biologique

Comme ses homologues, ces petits dés blancs et souples de 1 cm de côté sont conditionnés sous emballage individuel papier-plastique stérilisé aux rayons gamma. Ils s’utilisent, lorsque l’alvéole saigne exagérément, pour ralentir l’hémorragie et protéger la plaie. Le collagène, d’origine bovine, exerce une action mécanique comparable à celle d’une compresse, mais il a l’avantage d’absorber jusqu’à 50 fois son poids de sang et il est résorbable. On peut donc le laisser en place sans inquiétude dans l’alvéole, qu’il comblera après qu’on l’y a légèrement tassé pour l’adapter aux parois. Le collagène agit également en provoquant, au contact du sang, une agrégation des plaquettes. En se dégranulant, celles-ci libèrent des facteurs qui participent à la formation du caillot. La taille réduite de chaque éponge et sa faible densité - mais c’est à peu près la même chose dans les autres marques -, exigent souvent d’en utiliser au moins deux dans les alvéoles de molaires. Je trouve alors plus rassurant de voir la brèche ainsi comblée plutôt qu’une cavité béante lorsque j’ai affaire à un patient un peu fragile ou dans certaines situations délicates.

Efficace avec des limites

Attention toutefois !, il ne faut jamais laisser ces éponges dans une alvéole infectée. Le matériau biologique qui les constitue peut favoriser la prolifération bactérienne et augmenter les risques d’alvéolite. Bien cureter le tissu de granulation, donc, et s’assurer que l’os est parfaitement sain avant d’y glisser le tampon. Bien sûr, il conviendra, en présence d’un risque avéré d’hémorragie, de prendre les précautions préopératoires nécessaires, voire de pratiquer des sutures plus hermétiques une fois la chirurgie réalisée, car ces éponges sont considérées comme un adjuvant et non comme un produit sur lequel on peut compter aveuglément dans ces circonstances. Mais dans les cas où le risque est mineur, ou bien lorsque l’on constate qu’il est préférable de ne pas laisser partir le patient sans avoir totalement maîtrisé le saignement, ces petites éponges sont parfaites !