Clinic n° 11 du 01/12/2013

 

C’est mon avis

Patrick HESCOT  

Notre vie quotidienne est rythmée par la mondialisation : force est de constater que la santé bucco-dentaire ne peut y échapper.

La majorité des pathologies sont identiques dans le monde. Les traitements et les techniques sont semblables. N’oublions pas que la majorité des produits, instruments et matériels que nous utilisons n’est pas fabriquée dans l’Hexagone !

Si les problématiques rencontrées par les praticiens dans leur cabinet dentaire sont similaires, les...


Notre vie quotidienne est rythmée par la mondialisation : force est de constater que la santé bucco-dentaire ne peut y échapper.

La majorité des pathologies sont identiques dans le monde. Les traitements et les techniques sont semblables. N’oublions pas que la majorité des produits, instruments et matériels que nous utilisons n’est pas fabriquée dans l’Hexagone !

Si les problématiques rencontrées par les praticiens dans leur cabinet dentaire sont similaires, les prises en charge par les patients et les assurances sont, elles, différentes. La reconnaissance de la santé dentaire n’est pas la même selon les pays et les continents.

Le rôle de la Fédération dentaire internationale (FDI) est de développer cette reconnaissance auprès de toutes les instances pour permettre ensuite aux ­associations dentaires nationales d’avoir des « outils supplémentaires » pour mieux inscrire le monde dentaire dans le cadre des politiques de santé publique.

C’est ainsi que la FDI agit auprès de l’OMS, de l’ONU et d’autres instances internationales où siègent aussi les gouvernements. Faire reconnaître par un lobbying incessant « oral health » dans la déclaration de l’ONU sur les maladies non transmissibles peut paraître anecdotique pour le praticien français. En fait, c’était vital pour continuer d’inscrire la santé dentaire dans la médecine. Quand on sait le désir de certains de sortir le dentaire du domaine de la Sécurité sociale et de celui de la santé, on imagine très facilement les conséquences si nous avions échoué…

Les problématiques liées à l’amalgame, au mercure, au fluor, au bisphénol A, à la normalisation sont, elles aussi, universelles…

Face aux nombreux problèmes qui nous environnent, il serait totalement illusoire d’imaginer des ­solutions nationales pérennes. L’efficacité demande de travailler dès à présent ensemble pour construire l’avenir. La FDI est le lieu privilégié de réflexion et d’échanges entre responsables du monde dentaire. Le positionnement de la santé dentaire est à un carrefour. Parce qu’elle devient un bien auquel tout le monde veut accéder. Parce que les politiques veulent la mettre dans les « services ». Tout cela nous oblige à penser différemment non pas notre exercice mais notre position vis-à-vis de la population, de ses attentes, ses besoins, ses exigences et ses droits !

Les incroyables progrès techniques de notre spécialité ne doivent pas nous faire oublier que nous avons avant tout la charge d’êtres humains et que notre rôle est d’empêcher la propagation de la maladie bactérienne. Jamais une prothèse ne pourra remplacer cela.

Promouvoir la santé dentaire dans le monde et, à travers elle, promouvoir le rôle du chirurgien-­dentiste, telle est la mission qui m’anime. Pour la mener à bien, il est nécessaire de travailler avec ­humilité avec toutes les composantes du monde de la santé et d’être conscient que les messages et actions peuvent avoir des particularités différentes selon les continents et les pays.

Faire du praticien un acteur sociétal et non uniquement un acteur médico-dentaire est une nécessité si l’on veut sortir du carcan « dento-dentaire » dans lequel nous n’avons aucune chance d’être entendus sur la planète.