Apparus en 2008, les MOOC marquent-ils le départ de la grande offensive des universités sur la Toile ?
Les universités ont entretenu des relations étroites avec les nouvelles technologies de l’information et de la communication, dès l’apparition de ces dernières. De nombreux projets ont vu le jour mais beaucoup n’ont pas eu de lendemain. Il faudrait d’ailleurs abandonner cette dénomination de « nouvelles technologies ». La Toile a maintenant 20 ans et, pour toute une génération, l’usage de ces outils est naturel. Les jeunes adultes qui sont aujourd’hui étudiants ont une tout autre attente concernant l’accès aux connaissances ou la communication dans le cadre de l’enseignement. Dans ces conditions, la redéfinition d’une pédagogie intégrant ces médias devient un véritable défi pour les universités et nous assistons peut-être aujourd’hui à une évolution majeure dans ce domaine.
Les MOOC, apparus en 2008, s’inscrivent résolument dans cette perspective. Ces massive open online courses sont destinés en principe à un nombre illimité d’étudiants, sans aucun critère de sélection. Les cours mais aussi les exercices et les examens se passent en ligne. Surtout, il s’agit bien d’un enseignement, impliquant une participation active de l’apprenant qui doit s’y inscrire et être assidu. Aujourd’hui, l’offre provient essentiellement des États-Unis. Deux géants, l’un public, Edx (1), et l’autre privé, Coursera (2), proposent des centaines de cours et revendiquent près de 3 millions d’étudiants. Il n’y a qu’une dizaine de cours en français sur Edx, proposés par l’Université catholique de Louvain, ou sur Coursera, issus de l’École normale supérieure. Il est clair que les établissements d’enseignement supérieur se retrouvent désormais en concurrence à l’échelle planétaire. Cela n’a pas échappé aux plus prestigieux comme le Massachusetts Institute of Technology (MIT) et Harvard, associés dans la fondation d’Edx avec un budget de 60 millions de dollars.
Début octobre, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Geneviève Fioraso, a présenté FUN, pour France Université Numérique (3), une plateforme consacrée à la diffusion des MOOC francophones. Les inscriptions sont ouvertes et les premiers cours seront dispensés en janvier 2014. Le programme, qui bénéficie d’une enveloppe de 12 millions d’euros, est ambitieux. Mais au-delà des objectifs technologiques de modernisation des outils ou politiques de rayonnement des institutions, c’est dans le domaine pédagogique que les effets promettent d’être le plus retentissants. Le ministère, qui semble avoir pris la mesure des enjeux, en fait le second axe prioritaire de ce projet. Il prévoit notamment de former et d’accompagner les équipes pédagogiques, mais aussi de « mieux reconnaître et valoriser, dans la carrière des enseignants-chercheurs, leur investissement dans l’usage du numérique, en particulier pour le développement de formations ».
Cela ne rend que plus remarquable le travail de quelques pionniers qui, sans attendre ce programme, s’étaient déjà lancés dans des projets novateurs. Ainsi, depuis 2006, les étudiants en première année de médecine, odontologie et maïeutique de l’université Joseph Fourier de Grenoble, peuvent suivre 220 heures de cours médiatisés (4), accompagnés de 5 000 heures de tutorat et de 800 séances de travaux dirigés.