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Les standards de soins sont traditionnellement fondés sur le concept de l’acceptation générale par les experts régionaux, aussi appelé règle régionale ou règle de Frye. Cette règle trouve son origine à la fin des années 1800 et devait servir aux praticiens qui, vivant dans des zones rurales ou urbaines, avaient eu des formations différentes et des accès différents à l’information. Aujourd’hui, il est difficile de justifier cette règle régionale en...
Les standards de soins sont traditionnellement fondés sur le concept de l’acceptation générale par les experts régionaux, aussi appelé règle régionale ou règle de Frye. Cette règle trouve son origine à la fin des années 1800 et devait servir aux praticiens qui, vivant dans des zones rurales ou urbaines, avaient eu des formations différentes et des accès différents à l’information. Aujourd’hui, il est difficile de justifier cette règle régionale en raison de l’existence des standards de formation et de pratique nationaux et régionaux et de l’accès libre à l’information. En 1993, la Cour suprême des États-Unis établissait de nouvelles règles de preuve sous la dénomination de règle Daubert. Cette règle requérait que les juges prennent le rôle de garde-fou afin d’assurer que seul le savoir scientifique avéré était admis dans les cours de justice. Le contexte définissait le savoir scientifique avéré comme celui provenant des essais cliniques chez l’être humain employant la méthode scientifique baconienne pour identifier les résultats valides et fiables. L’acceptation par la communauté régionale n’était pas prise en considération pour déterminer si le savoir scientifique était avéré.
Le Federal Judicial Center et le National Research Council ont publié le Manuel de référence sur la preuve scientifique pour affiner les affirmations de la règle Daubert et aider les juges à évaluer la base de la preuve experte. Ce manuel définit les standards de validité et de fiabilité de la preuve clinique et répond aux questions spécifiques concernant la preuve clinique (encadré). L’ancienne interprétation de la règle de Frye sur les standards de soins est clairement différenciée des concepts actuels de ce qui constitue une preuve clinique valide et fiable. La règle fédérale Daubert a été acceptée par la majorité des États. Les facteurs essentiels utilisés pour définir une preuve clinique valide et fiable sont :
• l’acceptation de la méthode scientifique sous-jacente utilisée ;
• les résultats empiriques issus des essais cliniques menés à terme chez l’être humain ;
• des résultats publiés dans des revues avec comité de lecture ;
• un taux d’erreurs rapporté ;
• les standards et les contrôles.
Le Manuel de référence décrit la procédure de formulation des questions, d’évaluation de la preuve et d’estimation des relations de cause à effet.
Le Manuel et la règle Daubert trouvent leur place dans le processus actuel de compréhension et d’application de la dentisterie fondée sur la preuve. La preuve en est que l’American Dental Association’s Center for Evidence-Based Dentistry, les critical summaries dans le Journal of American Dental Association et la Commission on Dental Accreditation ont demandé d’intégrer dans les programmes d’éducation à l’hygiène bucco-dentaire des principes fondés sur la preuve pendant le cursus de formation dentaire. Le passage de la pratique fondée sur l’expérience vers la pratique fondée sur la preuve est assorti d’avantages. D’abord, les nouveaux standards reflètent une bascule d’une pratique « fondée sur l’expérience » vers une pratique « fondée sur la science ». Ensuite, ces standards offrent une meilleure protection contre les critiques injustes des pairs et des patients. Les plaignants doivent montrer qu’un clinicien s’est écarté de la preuve actuellement la meilleure avant que celui-ci n’ait à justifier de cet écart.
Bien que les implications légales de la règle Daubert soient encore indéterminées, il est clair que les professionnels de santé doivent plus tenir compte de la preuve clinique qu’auparavant. Les interventions cliniques peuvent avoir trois issues : la situation du patient s’améliore, empire ou reste inchangée. Par conséquent, si elle empire, cela ne signifie pas nécessairement qu’il y a eu négligence si un soin approprié a été réalisé. La négligence ne doit pas être uniquement déterminée sur le résultat mais aussi sur le fait qu’une intervention n’ayant pas suffisamment de validité ou de fiabilité et ayant donné un résultat indésirable a été réalisée. Ainsi, tous les échecs ne sont pas des erreurs et toutes les erreurs n’impliquent pas une négligence.
La charge de la preuve dans les procédures légales repose sur la prépondérance de preuves indiquant que l’intervention a été inappropriée. Cela inclut la preuve actuellement la meilleure, la plus récente et du plus haut niveau. Avec la large disponibilité des informations aujourd’hui, la preuve actuellement la meilleure constitue un standard mondial ou national (américain) plutôt qu’un standard local.
• Comment détermine-t-on et mesure-t-on la preuve actuellement la meilleure ?
• Sur la base de la preuve actuellement la meilleure, quelle est la meilleure solution à un problème clinique ?
• En supposant qu’un praticien ne soit pas au courant de la preuve actuellement la meilleure, qu’est-ce qui définit le moment où cela devient un savoir « de notoriété publique » ?
• Doit-on s’attendre à ce qu’un praticien suive la preuve actuellement la meilleure ?
• Quand est-ce qu’un praticien pourrait dévier de la preuve actuellement la meilleure ?
• Est-ce que la preuve actuellement la meilleure remplace une recommandation ?
• Quelle place pour les différences culturelles ?
Source : Federal Judicial Center and National Research Council and Broers and colleagues.
Le problème le plus préoccupant concernant la dentisterie fondée sur la preuve, l’application de la règle Daubert et des principes du Manuel de référence est l’ignorance, le manque d’acceptation ou la lente acceptation de la preuve actuellement la meilleure par les chirurgiens-dentistes dans leur pratique quotidienne. Un exemple en est la réticence de nombreux chirurgiens-dentistes à utiliser les sealants malgré des études systématiques promouvant leur utilisation et montrant qu’ils répondent aux standards de la preuve valide et fiable. Pour prodiguer des soins de haute qualité, chacun doit considérer activement l’enseignement et la pratique et s’assurer que ses efforts dans la prévention, le diagnostic et le traitement sont fondés sur la preuve actuellement la meilleure. Il faut aussi rappeler que toutes les preuves n’ont pas encore été collectées et qu’elles ne sont jamais définitives, ce qui fait que ce processus est en perpétuel changement.