Clinic n° 09 du 01/10/2013

 

Transfert

ÉQUIPE ET ESPACE

Stéphanie FRISON  

Consultante Groupe Edmond Binhas

On a coutume de dire que tout vient à point à qui sait attendre ! Armée de patience et de persévérance, Sandrine Dussert, omnipraticienne installée dans la commune du Touvet en Isère, a franchi cette année une étape importante dans sa carrière professionnelle.

Arrivée dans la commune en 2000 avec le statut de collaboratrice, Sandrine Dussert est devenue associée en 2004. Elle a aujourd’hui quitté ce premier cabinet et cette association où elle a fait ses premières armes pour transférer son activité. Elle a créé une nouvelle structure au printemps dernier. Il aura fallu attendre qu’une occasion se présente à elle alors que les offres se faisaient plutôt rares.

Au cours de l’année 2012, Sandrine Dussert achète un terrain viabilisé dans une zone commerciale en pleine expansion au Touvet. Un supermarché, des vétérinaires, une compagnie d’assurances et des artisans y sont déjà installés. Pour elle, l’enjeu est bel et bien de pouvoir rester dans la commune où elle a, année après année, construit et fidélisé sa propre patientèle.

Savoir investir

Évidemment, ce projet s’accompagne d’une enveloppe financière importante car il s’agit de savoir investir en fonction de ses ambitions : dans le cadre de ce projet, le coût avoisine 2 300 €/m2 pour la construction, sans les aménagements et les équipements intérieurs. Ces dépenses, elle les imagine comme des investissements afin d’assurer le développement de son cabinet et sa pérennité. Une attention toute particulière est également portée à la gestion prévisionnelle en lien avec ce nouveau cabinet.

Forte de plusieurs années de formations cliniques continues et d’une réflexion en profondeur sur l’organisation de son activité, Sandrine Dussert a choisi de se faire accompagner par des experts en organisation et gouvernance de cabinets dentaires. Ainsi, elle a pu étudier avec minutie les 130 m2 de sa nouvelle structure en fonction de ce qu’elle souhaitait dans son exercice quotidien. Sa première idée : intégrer et équiper deux salles de soins alors qu’elle n’exerce jusque-là que sur un seul fauteuil. Ces salles sont conçues de manière à être jumelles pour plus de flexibilité et de confort pour l’équipe et ses patients. Une troisième salle reste disponible pour l’évolution du cabinet.

Ensuite, elle choisit de mettre l’accent sur la technologie avec une salle consacrée à la radiographie panoramique : d’une part, cela évite aux patients des déplacements pour obtenir les clichés et, d’autre part, la praticienne bénéficie d’un outil de diagnostic immédiat.

Enfin, fait complètement nouveau pour elle et ses assistantes, elle décide de convier les patients dans des espaces bureaux dédiés aux aspects administratifs et/ou financiers, à la première consultation ou encore aux exposés de projet de traitement. Son objectif : équiper le cabinet de deux pièces distinctes propices à l’écoute et à la confidentialité, deux éléments essentiels pour une relation avec le patient optimale et donc réussie. Dans son ancienne structure, qui avait ainsi révélé ses limites, tout se faisait dans une seule et même pièce, faute d’espace et de possibilité de changer les schémas de circulation.

Une fois l’aspect matériel étudié et mis en place, Sandrine Dussert a également investi dans l’humain en créant un second poste d’assistante. Cécile, remplaçante de Nadine pendant son congé maternité, rejoint l’équipe. Elles se partagent alors toutes deux le poste d’assistante et possèdent, suivant le souhait de la praticienne, des profils polyvalents.

Comme un changement n’arrive jamais seul, l’équipe profite du transfert du cabinet pour affiner et faire évoluer son organisation. Pour n’en citer qu’un seul, et non des moindres, elle décide de passer d’un agenda papier à un agenda complètement informatisé et, par voie de conséquence, de supprimer dans la foulée les dossiers « papier », ce qui représente en soi une vraie révolution dans les habitudes de travail. Sandrine Dussert souligne ici l’implication et l’investissement de ses deux assistantes qui ont été des facteurs décisifs pour mener à bien ce projet.

Premiers bilans

Après quelques mois d’exercice dans cette nouvelle structure, l’heure est au premier bilan. L’équipe et les patients ont maintenant pris leurs marques et pour rien au monde l’équipe ne ferait machine arrière. Leur seul regret : ne pas l’avoir fait plus tôt !

À présent, Sandrine Dussert nous livre un retour d’expérience sur le transfert et la construction de son nouveau cabinet avec plus de recul et met en garde ses confrères : « Sachez que durant tout le projet, en particulier pendant les premières étapes, vous serez sollicités par différents acteurs et partenaires pour qui vous représentez un client potentiel. Face à toutes ces sollicitations, il n’est donc pas toujours facile de rester objectif. »

Faire les bons choix dans la masse de conseils et d’informations que l’on reçoit tous azimuts est un véritable défi. Essayer de rester fidèle à son projet, ne pas adopter celui de quelqu’un d’autre au risque de le regretter par la suite sont là quelques-uns des conseils avisés de cette praticienne. Elle ajoute : « Savoir s’entourer des bonnes personnes aguerries aux spécificités du monde dentaire reste donc un défi majeur, une condition sine qua non pour la réussite d’un tel projet, sans compter le temps précieux gagné et une source de stress moindre car, qu’on le veuille ou non, le parcours est semé d’embûches et d’imprévus. »

Ce n’est pas pour autant que la dynamique liée au transfert s’est arrêtée. En effet, les nouveaux projets ne manquent pas : Cécile poursuit sa qualification d’assistante dentaire alors que Nadine est chargée de travailler sur l’optimisation du travail à quatre mains. Quant à Sandrine Dussert, elle développe maintenant l’offre implantaire au sein du cabinet.

Sandrine Dussert conclut en nous confiant que cette expérience a été très formatrice. Le projet a été construit comme un véritable puzzle où il a fallu agencer étape par étape les différents morceaux pour arriver au tableau final. Son métier a pris une autre dimension et elle mesure aujourd’hui qu’elle n’est plus seulement un chirurgien-dentiste mais bien un chef d’entreprise de santé !

ON AIME

Les salles de soins jumelles dotées d’une décoration très épurée mais où le mariage du gris, du violet/mauve et du blanc a été minutieusement étudié.

MANAGEMENT D’ÉQUIPE

Alors que dans son ancienne structure Sandrine Dussert partageait son personnel avec son ex-associée, elle profite désormais dans son nouveau cabinet de deux assistantes attitrées, Nadine et Cécile. Aux dires de cette praticienne, tout est devenu plus simple en termes de management de l’équipe et de circulation de l’information. Il fallait auparavant composer et s’assurer en permanence d’une cohérence dans le discours et les règles de fonctionnement transmis au personnel.

Aujourd’hui, en limitant les interlocuteurs et en étant la seule praticienne à donner la direction, la cohésion de l’équipe se trouve renforcée. « Tout devient plus simple, on gagne en cohérence et en efficacité dans le travail au quotidien. » Chacune travaille avec la même philosophie et les mêmes standards de service offert aux patients. Ce qui n’exclut pas toutefois de documenter l’organisation du cabinet grâce à un travail collaboratif et de passer d’une culture de l’oral à une culture de l’écrit pour optimiser la circulation de l’information. Un enseignement supplémentaire dans l’expérience de ce transfert de cabinet !