Doigts de fée

Quoi de plus simple que des précelles ? Ces petites pinces, dont on se sert cent fois par jour, font tellement partie de notre vie qu’on n’y prête presque plus attention. Et pourtant, il en existe de multiples variantes dans toutes les marques.

Beaucoup d’appelées, peu d’élues

Les plus utilisées présentent une double courbure pour mieux accéder aux dents postérieures sans toucher les antérieures ni l’arcade antagoniste. Plus ou moins fermes, il faut parfois les modifier en réduisant l’écartement des branches pour une saisie plus confortable des objets. Leurs mors ont aussi leur importance : ils doivent se rejoindre parfaitement et pas seulement sur une toute petite surface à la pointe, ni bien sûr se croiser. Autrement, impossible de retenir des pièces minuscules comme une pointe de gutta, de papier ou un tenon radiculaire. Pour cela, il faut des précelles à blocage, pas toujours faciles à manipuler, notamment pour les gauchers car elles sont asymétriques. Quand à celles autoserrantes, inspirées des brucelles de soudure, leur charnière est placée trop loin de leur extrémité pour pouvoir les ouvrir et les refermer confortablement quand on s’en sert en bouche.

Une prise en main impeccable

Les précelles 22.025.03 de la société allemande H. Zepf, commercialisées en France par PRED, ressemblent de loin à toutes les autres. Elles s’en distinguent toutefois à plusieurs égards si on les inspecte attentivement puis lorsqu’on les prend en main. L’acier, satiné, est délicatement travaillé au niveau des branches pour créer des reliefs doux avec des creux arrondis, efficaces et discrets. La saisie est parfaite, sans angles vifs désagréables. L’absence de stries profondes évite l’incrustation de salissures, facilitant grandement le nettoyage et l’entretien. Si la largeur des branches est supérieure à la moyenne, les mors, un peu plus courts, sont très fins et d’une précision diabolique. Parfaitement ajustés, ils assurent une préhension efficace même des tout petits objets. Leur longueur est un poil inférieure à la moyenne, offrant une prise en main incroyablement agréable, d’autant que la pression d’écartement est très faible : on est aussi à l’aise qu’un Japonais mangeur de nouilles avec ses baguettes de bambou. Utilisées classiquement, les mors vers le bas ou à l’envers, pour saisir une pointe de gutta, ces précelles offrent un confort incomparable.

Les essayer, c’est les adopter

Difficile de s’en rendre compte sans les avoir essayées. Un peu comme le goût des tomates du jardin par rapport à celles achetées au supermarché. Si vous n’avez jamais fait vous-même l’expérience, impossible de ne pas sourire en lisant ces remarques. Et pourtant, je vous jure que c’est exactement ce que j’ai ressenti en utilisant cet instrument extraordinaire. Plus cher que les autres mais pratiquement inusable, il vaut indiscutablement le détour.