PREMIÈRES IMPRESSIONS
Je fréquente régulièrement et assidûment l’IDS depuis plusieurs années…
C’est à la fois un mélange d’excitation à l’idée de découvrir des nouveautés, et de trac : que va bien pouvoir nous réserver d’original cet événement qui se reproduit tous les 2 ans ? Il y a aussi l’angoisse du journaliste : passer à côté d’une info capitale, faute de temps ou par manque de vigilance. Une question me taraude. Avec cette fameuse...
Je fréquente régulièrement et assidûment l’IDS depuis plusieurs années…
C’est à la fois un mélange d’excitation à l’idée de découvrir des nouveautés, et de trac : que va bien pouvoir nous réserver d’original cet événement qui se reproduit tous les 2 ans ? Il y a aussi l’angoisse du journaliste : passer à côté d’une info capitale, faute de temps ou par manque de vigilance. Une question me taraude. Avec cette fameuse crise dont on nous rebat les oreilles en France, est-ce que l’industrie dentaire mondiale va montrer des signes de faiblesse ou, au contraire, révéler une santé inattendue ? Le peu que je découvre cet après-midi me confirme dans ma vision du moment : chacun fait bonne figure mais rien ne se détache vraiment. Crise économique ? On n’en a pas vraiment l’impression. Les stands sont accueillants et bien fournis, les lumières brillantes, l’ambiance euphorique partout où l’on porte les yeux, surtout en direction des sociétés germaniques richement dotées, mais pas seulement (fig. 4). Crise des idées en revanche, j’en ai bien peur. Honnêtement, cette trente-cinquième édition de l’International Dental Show ne m’a pas laissé une impression inoubliable.
Ce qui me fascinait, me surprenait, m’interpellait les années auparavant me paraît aujourd’hui bien insipide.
Les turbines asiatiques multicolores à 50 € la pièce ne me font plus beaucoup d’effet (fig. 5). De nouvelles, aux couleurs pastel, sont apparues. Est-ce là une véritable innovation ? Les stands chinois qui font désormais partie du décor sont bien présents avec leur marchandise accumulée comme dans les bazars orientaux (fig. 6). Les Coréens avec leurs générateurs de radiologie portatifs, leurs innombrables dispositifs électroniques et leurs lampes à LED n’étonnent plus personne. Les contre-angles à prix plancher, les moteurs d’endodontie, les localisateurs d’apex ou les détartreurs à ultrasons copies de grandes marques n’attirent que les néophytes : on trouve désormais toute cette quincaillerie pour une poignée d’euros sur e-Bay. Les représentants de ces sociétés attendent le client, l’air impassible et le langage hésitant, ou bien se rassemblent autour d’une tasse de thé fumant, à la mode de chez eux. Comme toujours, on découvre des stands de pays dont on n’imaginait même pas qu’ils puissent avoir une industrie dentaire : Argentine, Bulgarie, Turquie… Les Pakistanais exposent leurs instruments en inox de toutes sortes, qu’ils vendent à l’unité pour trois fois rien. J’ai vu les mêmes en novembre dernier à l’ADF.
Tout le monde le sait, de nombreux produits vendus sous des noms différents sortent du même tonneau.
C’est le cas des silicones à empreinte pour lesquels il n’y a guère que quelques fabricants dans le monde. Même si certaines sociétés communiquent encore un peu sur ces matériaux, on ne voit plus beaucoup de nouveautés significatives dans ce domaine. Ce sont les empreintes optiques – encore très perfectibles mais déjà spectaculaires – qui accaparent l’attention dans ce secteur d’activité. Bien plus que par le passé en revanche, je suis surpris par la multitude de produits consommables du même type, proposés par quasiment tous les fabricants.
Quand 3M ESPE a sorti son RelyX Unicem, composite de collage automordançant et autoadhésif, c’était une révolution. Aujourd’hui, presque tout le monde vend ce genre de colle, sous sa forme la plus aboutie, c’est-à-dire en petites seringues d’automélange. Ces matériaux sont très faciles et confortables à utiliser et affichent des performances honorables qui les rendent particulièrement appréciables. Ne leur demandez toutefois pas de coller des facettes ou de concurrencer sérieusement les systèmes en plusieurs étapes : leurs résultats en termes d’adhésion et de pérennité du joint sont un cran en dessous. On trouve ces produits chez Dentsply avec le SmartCem2, Kerr qui propose le MaxCem Elite, les Japonais GC avec le tout nouveau G-CEM LinkAce, Kuraray (Panavia SA Cement), Shofu (MonoCem) et j’en oublie sûrement. L’Allemand DMG – commercialisé en France par PRED – qui vendait depuis longtemps le PermaCem, composite dual aux propriétés plus ou moins adhésives, propose aujourd’hui le PermaCem 2.0 dont il assure qu’il possède une excellente affinité pour la zircone (fig. 7).
Harvard Dental, vieille compagnie allemande connue de longue date pour son ciment oxyphosphate, arbore une belle affiche avec ses nouveaux produits. En la voyant, j’ai été interpellé par ses capsules de MTA à vibrer, identiques à celles vendues par Micro-Mega depuis au moins 2 ans et que l’on peut également trouver chez Acteon sous le nom de MTA Caps (fig. 8).
Les fournisseurs, ici, ne prennent même plus la peine de proposer un conditionnement différent ou une étiquette personnalisée qui éviteraient de faire le rapprochement : la capsule de plastique couleur crème est la même dans tous les cas, seul diffère le marquage discret en lettres noires. Le Français Ionyx, spécialisé dans les localisateurs d’apex et les contre-angles endodontiques, sort un nouveau moteur sans fil pourvu de nombreux réglages de couple et de vitesse, équipé d’un éclairage à LED. C’est le même appareil, présenté sous une robe différente, que l’on retrouve chez le Suisse FKG, connu pour ses excellentes limes rotatives RaCe.
Cette année, le champion toutes catégories de ce genre de sport m’a paru être la société Coltène Whaledent dont j’apprécie énormément les composites et l’adhésif One Coat Bond. Elle commercialise depuis quelques mois divers équipements conçus par la société américaine Vista, comme le très intéressant distributeur de solution d’irrigation CanalPro. J’ai été surpris de découvrir, même si je m’en doutais un peu, la provenance de son tout nouveau localisateur d’apex CanalPro. Ce n’est autre que le Bingo 3D Pro de la société israélienne Forum, spécialisé depuis des années dans ce genre de dispositif. Enfin, j’ai aperçu rapidement sur le stand d’autres appareils encore plus faciles à identifier tellement ils sont typés, mais qu’il n’est pour l’instant pas prévu de lancer en France : une nouvelle lampe à polymériser à LED, très légère et disposant d’un déclencheur à effleurement remarquablement pratique, sœur jumelle de la Lite Light vendue par le français Elsodent, et un détartreur à ultrasons reconnaissable entre tous grâce à ses grosses pièces à main au manche de silicone bleu, fabriqué par la société finlandaise LM.
Dans le même ordre d’idées, mais après tout quoi de plus normal puisqu’il s’agit de la même compagnie, Dentsply Maillefer commercialise désormais pour les WaveOne et ses nouvelles limes ProTaper Next, les révolutionnaires Gutta Core (Tulsa Dental), tuteurs enrobés de gutta dont l’âme est fabriquée dans un matériau semi-solide plus facile à travailler que le plastique des Thermafil. Parallèlement, la branche allemande VDW propose un système identique sous le nom de Guttafusion correspondant aux limes Reciproc.
Je suis amusé de voir que finalement, les mêmes idées – bonnes ou mauvaises – sont reprises par plusieurs fabricants à la fois. Je ne parlerai pas des cassettes de stérilisation chinoises en acier, copies conformes de celles produites en Europe ou en Amérique, avec les mêmes fixations en silicone qui interdisent le bon nettoyage des instruments à cet endroit. Non, je pense à d’autres exemples plus amusants, comme ces gouttières semi-rigides transparentes que l’on porte pour redresser les dents. Une orthodontie tout en douceur – et en efficacité ? – créée par l’Américain Invisalign qui, visiblement, commence à faire des petits car j’ai vu au moins deux autres compagnies qui proposaient des solutions approchantes.