Clinic n° 07 du 01/07/2013

 

ESTHÉTIQUE

En route pour la visite !

Malgré cette relative déception, j’ai tenté, pour ce numéro spécial, de vous faire apprécier quelques aspects marquants de l’exposition, relevés ici ou là.

Ce que je vais vous raconter, personne d’autre ne l’aura fait : ce n’est pas un catalogue de l’exposition, mais une série de portraits de ce que j’ai pu découvrir. Dès l’arrivée, les visiteurs se précipitent vers les vestiaires à l’entrée du congrès. Il...


En route pour la visite !

Malgré cette relative déception, j’ai tenté, pour ce numéro spécial, de vous faire apprécier quelques aspects marquants de l’exposition, relevés ici ou là.

Ce que je vais vous raconter, personne d’autre ne l’aura fait : ce n’est pas un catalogue de l’exposition, mais une série de portraits de ce que j’ai pu découvrir. Dès l’arrivée, les visiteurs se précipitent vers les vestiaires à l’entrée du congrès. Il faut bien se débarrasser des manteaux et autres vêtements chauds pour être un peu plus à l’aise à l’intérieur où la température est quasi tropicale. Mon ami Jean-Pierre Attal, MCU à Paris Descartes dépose sa valise par terre pour se changer. Arrivé en tenue de sport, il enfile veste, cravate et chaussures de ville rapidement, car il doit donner une conférence sur l’Icon, de la société DMG. Je le retrouverai le lendemain sur le stand du fabricant allemand, en compagnie des représentants de la marque et du boss de la société PRED qui commercialise ces produits en France. Entre un café et un petit-four, il me fait une rapide présentation de son topo, sur son MacBook qui ne le quitte jamais.

L’Icon est une résine qui imprègne l’émail des dents présentant des taches blanches de déminéralisation (fig. 9). Grâce à son indice de réfraction très proche de celui de l’émail, ce dernier redevient transparent une fois infiltré par le matériau, que l’on polymérise à la lumière comme du composite. À sa sortie il y a 4 ans, je n’avais pas été vraiment convaincu de son intérêt. Mais là, je dois dire que les résultats présentés sont bluffants (fig. 10 et 11). Si la tache est de faible épaisseur, on peut la faire quasiment disparaître en une séance, après un léger sablage de l’émail. Si elle est plus profonde, il vaut mieux éliminer une couche superficielle à la fraise et appliquer ensuite la résine. On pourra ensuite obturer le défaut à l’aide d’un composite, éventuellement en stratification, sans être gêné par une quelconque opacité sous-jacente qui réduirait la translucidité de la restauration. J.-P. Attal m’a montré les résultats immédiats et à 2 ans, pratiquement inchangés. L’Icon, qui était au départ destiné à stopper l’évolution de white spots carieux dans un but purement préventif, s’est révélé une solution thérapeutique idéale pour des cas inesthétiques sur dents antérieures qui ne pouvaient être traités efficacement que par des facettes en céramique. À condition, bien sûr, que les défauts n’affectent que la teinte et non la forme des dents, cette solution est infiniment moins invasive, beaucoup plus rapide – il faut une quarantaine de minutes pour une seule dent et environ une heure et demie pour tout un secteur antérieur –, indolore, plus économique que les facettes et totalement réversible. Elle s’inscrit parfaitement dans la philosophie du « gradient thérapeutique » que défendent Jean-Pierre et son compère et ami Gil Tirlet.

Prêt-à-porter dentaire

Il y a 2 ans, la société Coltène Whaledent nous présentait avec fierté ses Componeer. Des facettes préfabriquées en composite très dur, très brillant et de haute qualité, permettant de refaire un sourire entier au fauteuil, de canine à canine, au maxillaire comme à la mandibule.

Il suffit de choisir parmi 3 tailles, 4 depuis peu, celle qui correspond le mieux à la morphologie des dents du patient, et de fraiser un peu l’objet pour l’adapter au contour du feston gingival afin de l’ajuster en bouche. Après traitement de surface classique, une couche superficielle d’émail étant préalablement éliminée, la facette est collée à l’aide d’un composite semi-fluide photopolymérisable. Les résultats, à condition que la dextérité du praticien soit à la hauteur, se révèlent spectaculaires. Cette solution ne vaut pas les facettes en céramique réalisées au laboratoire mais représente une option de traitement plus rapide et plus économique.

À peu près au même moment, est apparu un concurrent direct des Componeer, le système Edelweiss. Suisse comme lui, il aurait été mis au point par Didier Dietschi, éminent confrère genevois, expert en dentisterie esthétique, mais aussi concepteur du Miris, du même Coltène Whaledent. L’Edelweiss, commercialisé en France par Bisico, reprend à peu de chose près le principe des Componeer.

Il semble que la mayonnaise ait pris car, aujourd’hui, un troisième acteur, plus discret, se lance sur le même créneau : c’est l’Allemand Kettenbach qui dévoile son Visalys Veneer exposé pour la première fois à Cologne cette année. Aucune innovation perceptible dans ce produit, qui ressemble comme deux gouttes d’eau, du moins dans sa vitrine, aux deux autres. Ces derniers nous proposent en revanche aujourd’hui des évolutions. Les Componeer s’étendent désormais jusqu’aux prémolaires. Par ailleurs, Coltène a mis au point des sortes de coquilles pour restaurer des pertes de substance vestibulaires (fig. 12). Elles ressemblent un peu à des matrices cervicales transparentes, avec un petit téton au milieu qui permet de les placer à l’aide de précelles. Mais ici, nous avons plusieurs tailles, de la petite lunule à une surface capable de recouvrir presque toute une face vestibulaire. Une fois ajustée à la fraise et collée, la facette est débarrassée de sa tige de préhension et polie. Plus étonnant encore, Edelweiss commercialise désormais des coiffes du même composite translucide et ultradur, qui reproduisent des faces occlusales, cette fois-ci, de molaires et prémolaires (fig. 13). Une solution de remplacement aux inlays ou onlays pour les reconstructions volumineuses en composite et, selon le fabricant, la possibilité de restaurer une dimension verticale si l’on commence à effectuer le travail d’ajustage au laboratoire, sur modèle en plâtre mis en articulateur. Je vous laisse le soin d’apprécier, en tant que praticien français et dans le contexte qui est le nôtre, la pertinence de ces dispositifs et leur possible facturation chez nous.

Du blanc plus sûr

Depuis le 1er novembre dernier, une directive européenne réglemente la concentration en peroxyde d’hydrogène des produits d’éclaircissement dentaire utilisables au cabinet. Celle-ci ne doit pas dépasser 6 %.

Les gels à forte teneur en eau oxygénée pour l’éclaircissement, avec ou sans lampe, au fauteuil sont pour l’instant mis à l’écart. Cela concerne l’utilisation cosmétique et non pas médicale de ces produits. La frontière est floue et les patients présentant de fortes colorations pathologiques peuvent donc néanmoins bénéficier de ces traitements. La filiale de Philips, Zoom, propose ainsi une nouvelle lampe pour activer ses produits. Le Français Acteon, partenaire de cette compagnie, commercialise lui aussi une lampe identique, aux couleurs près, et les produits qui vont avec sous le nom de Me Too (fig. 14).

L’Américain Ultradent, leader mondial sur le marché des produits d’éclaircissement, dévoile quant à lui une nouvelle version de son système de gouttières préfabriquées, l’Opalescence GO (fig. 15). Chargées à 6 % de peroxyde d’hydrogène, ces gouttières se portent pendant 1 heure à 1 heure et demie par jour. Même si l’emballage est le même que celui des TrèsWhite Supreme, mais de couleur blanche, l’Opalescence GO est, selon le fabricant, un produit totalement nouveau et innovant : la conception des gouttières a été entièrement repensée pour les rendre plus confortables et mieux adaptées aux arcades dentaires (fig. 16). Une solution de remplacement très sérieuse, donc, au « blanchiment » par dispositifs sur mesure réalisés au laboratoire, pour lesquels Ultradent propose désormais son gel Opalescence en 10 et 16,6 % de peroxyde de carbamide, conformément à la législation européenne.