Clinic n° 07 du 01/07/2013

 

PROPHYLAXIE

Poudre aux yeux

La prophylaxie fait bonne figure au salon de Cologne. Quand on voit les grappes de jeunes filles agglutinées autour des stands consacrés aux brosses à dents, aux dentifrices et aux dispositifs de détartrage et polissage dentaires, on comprend que les hygiénistes représentent une cible intéressante pour les fabricants.

Acteon semble particulièrement dynamique cette année, en présentant une gamme entièrement nouvelle de détartreurs. Attention...


Poudre aux yeux

La prophylaxie fait bonne figure au salon de Cologne. Quand on voit les grappes de jeunes filles agglutinées autour des stands consacrés aux brosses à dents, aux dentifrices et aux dispositifs de détartrage et polissage dentaires, on comprend que les hygiénistes représentent une cible intéressante pour les fabricants.

Acteon semble particulièrement dynamique cette année, en présentant une gamme entièrement nouvelle de détartreurs. Attention toutefois, comme chez les autres fabricants, les principes restent identiques, sans innovation majeure qui révolutionne la pratique ou le confort d’utilisation. C’est seulement l’enveloppe qui change : plus moderne, plus hygiénique, plus high-tech, sans doute pour se démarquer de la concurrence chinoise qui, se contentant de copier l’Occident, a forcément toujours un métro de retard. Le Newtron P5 SX exposé sur le stand étonne par son look, mais également par la nouvelle particularité qu’il nous offre : son réservoir rempli d’un liquide jaune fluorescent. Le boîtier est plat, en verre, avec un gros disque posé sur le dessus. La pièce à main est plus fine – un excellent point car les précédentes avaient pris un sérieux embonpoint au fil du temps –, équipée d’une couronne de LED blanches à son extrémité (fig. 17). Le contenu du réservoir n’est autre qu’un révélateur de plaque en solution dans de l’eau. Projeté sur les dents, il s’éclaire spécifiquement grâce aux LED de la pièce à main, ce qui permet de mieux visualiser les résidus bactériens et de contrôler leur disparition. Une astuce spectaculaire qui ne coûte pas bien cher, et peut aider à mieux motiver et sensibiliser les patients. L’appareil est naturellement conçu pour tout un tas d’autres applications, comme l’irrigation endodontique ou le nettoyage des poches parodontales. L’intensité des ultrasons se règle en tournant la grosse molette. Une lumière sous la plaque de verre diffuse une ambiance colorée jaune, rouge, bleu ou verte selon la puissance sélectionnée. J’avoue que ce côté « boîte de nuit » ne m’a pas semblé du meilleur goût. Néanmoins, en y réfléchissant, je trouve ce code couleur réellement intelligent car il permet de se rendre compte, même à distance, des réglages effectués. Pour les passionnés de nouvelles technologies, le pilotage via un smartphone ou un iPad est possible : on retire la couronne simplement emboîtée sur la dalle de verre et l’on sélectionne, en fonction de l’insert utilisé – il y en a plusieurs dizaines de différents chez Acteon –, les meilleurs réglages de puissance en caressant du doigt l’écran de l’appareil.

Les consoles en verre semblent être la nouvelle tendance du moment. Faciles à nettoyer, elles évitent aux poussières de se coincer entre des boutons ou curseurs de réglage. L’Italien Mectron, lui, a misé sur le noir pour ses appareils (fig. 18). Il nous offre une série de systèmes ultrasonores pour la prophylaxie mais aussi pour la chirurgie piézoélectrique à l’aspect plus moderne, sur un fond sombre qui reflète les néons du plafond de l’immense hall d’exposition. Le fabricant autrichien d’instruments dynamiques W&H étend depuis quelque temps sa gamme et présente un nouveau détartreur piézoélectrique équipé d’un réservoir, le Tigon +.

Question design, la palme revient, à mon sens et comme toujours, au Suisse EMS qui offre des appareils au look ultrachic inspiré, c’est décidément LA référence, des produits Apple. À côté d’un nouveau détartreur au boîtier assez différent des précédents, avec sa grosse coupole blanche (Piezon 250), l’innovation majeure est un aéropolisseur véritablement universel, l’Air-Flow Handy 3.0 (fig. 19) : il reçoit une poudre à base d’érythritol, un additif alimentaire qui existe à l’état naturel dans les fruits, d’une granulométrie de 14 ìm, capable, sans dommage pour les racines, d’effectuer à la fois le nettoyage supragingival et sous-gingival. Il suffit de changer la buse, sur le petit pistolet qui se branche sur le cordon air-eau de la turbine. La ligne de l’Air-Flow Handy 3.0 est d’une élégance rare. Est-il totalement efficace ? Il faudrait le tester en bouche pour le savoir. Le fabricant distribue une brochure recensant une série d’études comparant les effets de l’appareil avec d’autres méthodes de traitement. Les résultats, notamment sur les péri-implantites, plaident largement en sa faveur. Ça vous étonne ?

Vibrants hommages

Quelque chose de plus « grand public » maintenant : l’hygiène bucco-dentaire. Une surface d’exposition très importante est réservée aux principaux acteurs dans ce domaine, mais également à des compagnies moins connues.

Tout comme il y a 2 ans, de longues files s’accumulent des deux côtés du stand Philips. Renseignement pris, c’est pour assister à la démonstration des dernières brosses à dents électriques vibrantes de la marque. Le concept n’est pas nouveau : je vous ai parlé de la Sonicare dans Clinic il y a plusieurs années. Aujourd’hui, la société néerlandaise propose une version pour enfants du fameux modèle. À côté des systèmes à mouvements oscillo-rotatifs parfaitement représentés par Oral-B avec sa Triumph, les dispositifs vibrants n’arrêtent pas de se multiplier. Est-ce pour séduire les patients les plus paresseux qui pensent éliminer leur plaque sans effort en caressant leurs dents avec ce petit balai mécanique ? Philips annonce, pour sa nouvelle Sonicare FlexCare Platinium, des caractéristiques de rêve : brins plus longs pour accéder aux espaces interdentaires, élimination de jusqu’à 6 fois plus de plaque qu’une brosse à dents manuelle, amélioration de la santé gingivale en seulement 2 semaines. La tête de la brosse est disponible en taille standard ou compacte pour une « expérience de brossage personnalisée ». L’appareil dispose de trois modes de fonctionnement : « clean » (standard pour toute la bouche), « blanc » (élimine les colorations superficielles pour blanchir les dents) et « soins de gencives » (pour stimuler délicatement et masser les gencives), dixit le communiqué de presse. Elle offre également trois niveaux d’intensité : « normal » (standard), « sensitive » (plus faible pour dents sensibles) et « extra soft ». La brosse Sonicare contient un capteur de pression : lorsque celle-ci est forte, le manche vibre pour avertir le patient.

Le Suisse Elmex, dont nous connaissons surtout les dentifrices et les bains de bouche, innove totalement avec les ProClinical, brosses vibrantes elles aussi. Sur le modèle 1500 A, le manche présente un décrochement qui pourrait bien faciliter l’accès aux secteurs les plus difficiles de la bouche (fig. 20). Car, il faut le dire, si les fabricants rivalisent d’astuces pour concevoir des têtes et des mouvements de brins toujours plus performants, ils manquent cruellement d’imagination en ce qui concerne la conception des manches : il suffit d’observer la bouche de nos patients pour constater que même les plus appliqués d’entre eux peinent à éliminer plaque dentaire et tartre dans les zones rétro-incisives mandibulaires. La ProClinical 1500 A possède une tête ovale assez courte, inclinée de 45° par rapport au manche, animée de 32 500 vibrations par minute. Nous attendons avec impatience de l’essayer, les produits Elmex, notamment les brossettes interdentaires, étant généralement d’excellente qualité.

Si la société Megasonex revendique l’utilisation des ultrasons, la compagnie allemande EMMI Ultrasonic estime être la seule sur le marché qui propose une véritable brosse à très haute fréquence ! De fait, la tête de l’Emmi-Dent ne bouge presque pas quand on actionne le déclencheur. La vibration des brins est nette, mais le déplacement imperceptible. Une puce électronique, implantée dans la tête, est responsable de ce mouvement si particulier. Là encore, il y a de quoi être sceptique mais après tout, pourquoi pas. Laissons-nous guider par les informations fournies dans le dossier de presse : « Alors que les brosses à dents soniques vibrent à une fréquence de 500 oscillations par minute, qui en fait, reproduisent simplement le brossage manuel, les ultrasons travaillent sans effectuer un seul mouvement sur les dents et permettent un micro-nettoyage sans bouger la brosse avec 96 millions d’oscillations par minute. » Un dentifrice spécifique, non abrasif, est proposé pour accompagner l’appareil (fig. 21). Plusieurs études allemandes, ainsi que d’autres en cours, viennent accréditer ces affirmations. Selon le témoignage de chirurgiens-dentistes français, cette méthode serait tout indiquée chez les patients souffrant de gingivite ou de parodontite douloureuses qui les empêche de frotter vigoureusement leurs dents de manière habituelle. À l’occasion de l’IDS 2013, la société lance une nouvelle tête « orthodontique », avec des brins orientés spécifiquement pour nettoyer les surfaces derrière les fils des appareillages dentaires.

Je ne terminerai pas cette présentation des nouveautés les plus percutantes en hygiène dentaire sans évoquer, d’une part, les brosses Vitis, aux nombreuses versions pour porteurs d’implants (fig. 22), et, d’autre part et surtout, Sunstar qui, outre ses brossettes interdentaires bien connues, commercialisera prochainement un nouveau Soft Pick plus large que le précédent (fig. 23). Ce dispositif entièrement en plastique à usage unique est particulièrement astucieux. Facile d’utilisation, il ne blesse pas la gencive ni ne se tord comme les brossettes en métal. Une taille supérieure sera donc la bienvenue pour les patients âgés ou porteurs de prothèses avec de larges embrasures interdentaires.