INSTRUMENTATION-ERGONOMIE
Chez les fabricants d’instruments dynamiques, mon regard s’est trouvé attiré par des contre-angles chirurgicaux dont la tête est très inclinée. Jusqu’à présent, seules les turbines bénéficiaient de cette spécificité.
Aujourd’hui, l’Autrichien W&H et le Japonais NSK lancent simultanément des contre-angles multiplicateurs avec cette angulation si particulière de 45° par rapport au manche. Une configuration semble-t-il...
Chez les fabricants d’instruments dynamiques, mon regard s’est trouvé attiré par des contre-angles chirurgicaux dont la tête est très inclinée. Jusqu’à présent, seules les turbines bénéficiaient de cette spécificité.
Aujourd’hui, l’Autrichien W&H et le Japonais NSK lancent simultanément des contre-angles multiplicateurs avec cette angulation si particulière de 45° par rapport au manche. Une configuration semble-t-il intéressante pour l’accès aux secteurs postérieurs et l’alvéolectomie des dents de sagesse du bas (fig. 45). W&H poursuit dans sa voie lumineuse avec une nouvelle série de turbines, Synea Vision, qui présentent une couronne de 5 LED blanches tout autour de la tête pour un éclairage optimal du champ opératoire, éliminant complètement les zones d’ombre. Cette ligne est complétée par une autre, qui intéresse également les contre-angles, la Synea Fusion, dont les têtes sont équipées de 4 sprays. NSK, parmi la multitude de modèles présentés sur son stand, met l’accent sur ses nano-séries : le contre-angle Ti-Max nano 95LS est plus court de 9,5 mm que Ti-Max Z tout en affichant les mêmes performances. Associé au moteur NLX également raccourci, sa maniabilité et sa précision seraient, selon le fabricant, similaires à celles d’une turbine.
Le groupe Sanavis, dont fait désormais partie Micro-Mega, lance quant à lui une série de tous nouveaux instruments dynamiques made in Germany (fig. 46). Les modèles Sanao ont une forme spécialement ergonomique : le manche est étroit, non cylindrique pour une préhension optimale et, aux dires du fabricant, une orientation intuitive en bouche. La tête, de hauteur réduite, assure une très bonne liberté de mouvements. Le centre de gravité est déporté vers l’arrière du manche. En combinaison avec les micromoteurs modernes, plus courts, comme le SLM E-Stasis de la marque, ils offriraient un équilibre optimal et une réduction de la torsion du poignet. Un dispositif dénommé HPS (hygiene protection system) empêche les saletés et les débris de s’introduire dans les cavités internes de l’appareil, toujours difficiles à nettoyer. Les instruments Sanao sont disponibles en pièces à main droite, contre-angles prophylactiques, réducteurs par 5, non réducteurs (1/1) et multiplicateurs par 5. Ce n’est pas une bague de couleur qui désigne le modèle mais une petite pastille colorée sur le manche. Ces contre-angles seront distribués en France par Micro-Mega.
Sirona lance une série de nouvelles turbines plus puissantes et plus silencieuses que les précédents modèles, dans deux catégories déjà proposées l’année dernière, Premium T1 et Comfort T2. Certaines pièces internes de la classe Premium T1 sont fabriquées en titane, très léger, et leur surface externe est rendue particulièrement résistante grâce au revêtement « diamond like carbon » (DLC) (fig. 47). Tous ces instruments sont équipés de roulements à billes de céramique, peu sensibles à l’usure et aux vibrations. Les nouvelles turbines T1 existent en trois variantes : Boost, Mini et Control. Cette dernière, avec sa régulation de vitesse brevetée, limite la rotation à environ 250 000 tr/min, ce qui permet d’effectuer un travail en continu et en silence tout en prévenant les dommages thermiques éventuels sur la dent.
Chez KaVo, le grand événement est le lancement de la nouvelle turbine MASTERtorque (fig. 48). Elle remplace la GENTLEsilence 8000B que j’avais essayée en son temps. Il est vrai que son silence, plus grand encore que celui d’un contre-angle multiplicateur, était impressionnant. Sa puissance est encore augmentée par rapport au précédent modèle et son poids est toujours aussi faible. Son niveau sonore n’est que de 57 décibels, avec un bruit réduit lors des temps d’arrêt durant le traitement. Enfin, elle dispose de la direct stop technology (DST) qui permet à la fraise de s’arrêter en 1 seconde quand on lâche la pédale de commande. Combiné à ce temps d’arrêt très court, la nouvelle turbine possède un système antiréaspiration qui permet d’éviter le retour du spray contaminé dans les zones internes de l’instrument, pour une meilleure hygiène et une longévité accrue.
En ce qui concerne les dispositifs d’entretien, si le DAC universal (Sirona) tient toujours une place de choix, ce sont à nouveau W&H et KaVo qui proposent leur solution, toutes deux dérivées des précédents équipements que ces sociétés commercialisent déjà depuis de nombreuses années.
L’Autrichien expose une version « plurielle » de son célèbre Assistina. L’appareil accueille non plus 1 mais 3 instruments dynamiques à la fois (fig. 49). Il assure, selon le fabricant, les nettoyages interne, externe et la lubrification optimale du matériel, qu’il s’agisse de pièces à main, de contre-angles ou de turbines. Le nettoyage interne est assuré par une solution spécifique (W&H Activefluid) qui pénètre dans la mécanique et les conduits de sprays qui sont ensuite séchés par un puissant jet d’air assurant l’expulsion des salissures. Le même liquide est utilisé pour nettoyer la surface externe des instruments un par un. Une lubrification automatique, délivrant la quantité d’huile optimale pour chacun d’eux, termine le traitement. L’ensemble de ces procédures ne dure que 6 minutes en tout et pour tout. Il est bien entendu que ce nettoyage doit être suivi d’une stérilisation en autoclave pour terminer. À ce propos, la firme de Salzbourg – Bürmoos plus exactement – propose une nouvelle version de son autoclave Lisa 500 qui dispose désormais d’un cycle rapide de 14 minutes pour les instruments non emballés. De quoi pouvoir réutiliser – en théorie – une série de contre-angles ou de turbines en seulement 20 minutes.
Chez KaVo, c’est un nouveau développement du QUATTROcare auquel nous assistons (fig. 50). Le QUATTROcare CLEAN est censé assurer un « nettoyage interne irréprochable des instruments ». Il s’agit d’une technique fondée sur le nettoyage à la vapeur, qui dissout le sang et les protéines tout en respectant l’environnement. Selon KaVo, le coût de l’investissement initial est faible et celui des consommables réduit : ce dispositif constitue une solution très économique pour l’entretien des contre-angles et turbines. Sa faible consommation d’additifs chimiques et de détergents réduirait considérablement les dépenses courantes du cabinet. Comme le modèle précédent, celui-ci traite jusqu’à 4 instruments à la fois. Le programme automatique dure seulement 12 minutes. Le fabricant, dans son communiqué de presse, laisse entendre que le nettoyage externe resterait manuel. Le cycle total, incluant une stérilisation en autoclave, ne prendrait pas plus de 33 minutes. Le QUATTROcare CLEAN reçoit naturellement les instruments de la marque KaVo, mais il peut être équipé, sur demande, d’embouts adaptateurs pour d’autres marques d’équipements rotatifs ainsi que d’embouts optionnels pour le nettoyage des inserts de détartreurs ultrasonores KaVo et des contre-angles et pièces à main de chirurgie avec spray externe.
Vous le savez probablement, l’ergonomie est un autre de mes dadas…
Je n’ai pas pu rencontrer Jérôme Rötgans, président de la Société européenne d’ergonomie dentaire (ESDE) qui faisait des démonstrations sur le stand A-dec, mais j’ai quand même discuté un moment avec une autre de mes connaissances, dont beaucoup d’entre vous ont certainement entendu parler : notre confrère danois Herluf Skovsgaard. Après des années de voyages et de conférences à travers toute l’Europe et la collaboration avec plusieurs fabricants d’équipements dentaires, Herluf a enfin décidé d’éditer un livre traitant de sa riche expérience dans le domaine de l’organisation du travail. Dancing Hands, qui paraîtra à la rentrée, ne sera pas, dit-il, un ouvrage de prescriptions mais de recommandations établies autour de 12 principes de base, afin que tout un chacun, en les adaptant à sa sauce, trouve la solution qui lui convienne le mieux. Il est ici sur le stand du fabricant de meubles Climo pour lequel il a conçu le Megaspace (fig. 51). On connaissait le meuble Duo-Solo de la compagnie danoise Inform qui, en son temps, était commercialisé par les importateurs XO anciennement Flex. Celui qu’il nous propose aujourd’hui est un peu plus volumineux, mais conçu selon des principes similaires. Il est placé à l’arrière du fauteuil, du côté gauche de la tête du patient pour les droitiers. Le praticien s’en sert en reculant et en accédant à sa face perpendiculaire au mur. L’assistante, quand elle est présente, se place à gauche du patient, face aux tiroirs (fig. 52). Ces derniers sont très profonds mais ne servent, la plupart du temps, que dans leur partie antérieure. Une étagère, installée au-dessus du plan de travail, est occupée par des écrans d’ordinateur dont le clavier se trouve plus bas. À l’aide de nombreuses illustrations, Herluf explique le maniement des différents modules qui composent l’ensemble ainsi que la position respective des membres de l’équipe dentaire, du patient et du meuble : une approche originale et intéressante, surtout pour les praticiens français dont un bon nombre, même s’ils emploient une assistante, n’ont pas toujours la possibilité de l’avoir avec eux en permanence au fauteuil. Nous attendons avec impatience la parution de l’ouvrage. Pour l’heure, nul doute qu’il reste encore beaucoup de travail à faire dans tous les pays auprès des confrères et des hygiénistes, largement ignorants des postures de travail correctes pour leur santé : la visite des stands où l’on aperçoit des intervenants contorsionnés, penchés de travers, un bras plus haut que l’autre en pleine démonstration clinique sur leur patient, fait froid dans le dos (fig. 53 et 54).