Clinic n° 06 du 01/06/2013

 

PRESSE INTERNATIONALE

L’ESSENTIEL

Antoine VASSALLO  

Dans une prothèse amovible partielle (PAP) mandibulaire, le grand connecteur (barre linguale) est habituellement placé à au moins 3 mm des bords de la gencive marginale pour éviter son irritation. Mais il peut prendre la forme d’une plaque linguale en métal ou en résine qui s’appuie sur les faces linguales des dents et recouvre les bords gingivaux en ménageant une décharge d’espacement. Ce recouvrement peut conduire à une accumulation de débris alimentaires et de bactéries...


Dans une prothèse amovible partielle (PAP) mandibulaire, le grand connecteur (barre linguale) est habituellement placé à au moins 3 mm des bords de la gencive marginale pour éviter son irritation. Mais il peut prendre la forme d’une plaque linguale en métal ou en résine qui s’appuie sur les faces linguales des dents et recouvre les bords gingivaux en ménageant une décharge d’espacement. Ce recouvrement peut conduire à une accumulation de débris alimentaires et de bactéries potentiellement néfastes pour le parodonte. L’influence d’un tel recouvrement sur la colonisation bactérienne n’a pas été étudiée. L’objet de l’étude présente est d’évaluer les effets microbiologiques et parodontaux des connecteurs de PAP.

Matériel et méthode

L’étude porte sur 14 patients (âge moyen : 69 ans) présentant des édentements bilatéraux distaux à la mandibule (avec conservation des 1res prémolaires). Les poches existantes sont sondées et mesurées avant le début de l’étude. Chaque patient commence par porter pendant 8 semaines soit une prothèse avec barre linguale métallique située à 3 mm minimum des collets gingivaux, soit une prothèse avec une plaque linguale en résine. Il porte ensuite, pendant 8 semaines supplémentaires, l’autre type de prothèse. La plaque linguale en résine repose sur le cingulum de chaque dent mais est espacée de la gencive marginale. Au début et à la fin de l’étude, les paramètres cliniques – indice de plaque, indice gingival, profondeur des poches et mobilités dentaires – sont mesurés et enregistrés. Des échantillons de plaque des poches sont également collectés.

Résultats et discussion

Aucune différence significative n’a été observée entre les deux types de prothèses concernant l’indice de plaque, l’indice gingival et les mobilités dentaires. Seules les profondeurs des poches montrent des différences significatives (3,4 mm après port de la plaque linguale contre 2,9 mm après port de la barre linguale). Cela suggère que le recouvrement cervical par une plaque acrylique linguale crée un risque d’inflammation gingivale des dents antérieures résiduelles. Mais il faut noter que l’accumulation des bactéries anaérobies dans les sulcus n’a pas augmenté. Une hygiène méticuleuse peut prévenir l’augmentation du nombre de bactéries associé aux deux types de prothèses. Cette étude comporte des limites mais ses résultats procurent déjà une information préliminaire pour une plus ample recherche sur ce sujet.

L’ESSENTIEL

Les effets d’un recouvrement de la gencive marginale par une PAP sur l’accumulation bactérienne n’ont pas encore été établis. L’étude présente a pour objet d’évaluer les effets d’un recouvrement muqueux par le grand connecteur, d’un point de vue microbiologique et parodontal. Ses résultats suggèrent qu’une PAP comportant une plaque linguale peut être utilisée aussi sûrement qu’une PAP comportant une barre linguale à condition que des conseils d’hygiène buccale et des soins professionnels soient prodigués avant et après l’insertion de la prothèse. Le recouvrement cervical lingual ne précipite pas l’accumulation de micro­organismes anaérobies, bien qu’il puisse potentiellement induire une inflammation gingivale. En effet, si la colonisation bactérienne n’est pas augmentée, la profondeur de poche, indicatrice de parodontite, augmente avec l’utilisation d’une plaque linguale par rapport à celle d’une barre. La plaque linguale utilisée dans cette étude est en résine et elle est plus sujette à l’accumulation bactérienne qu’une plaque en métal. Les PAP en résine sont en principe utilisées comme des prothèses transitoires à extensions progressives quand la maladie parodontale conduit peu à peu vers l’édentation complète.