Clinic n° 05 du 01/05/2013

 

PRESSE INTERNATIONALE

L’ESSENTIEL

Antoine VASSALLO  

Pour ses propriétés mécaniques supérieures, la zircone a été utilisée pour la réalisation d’armatures de bridges. Cependant, la céramique cosmétique de ces bridges se fracture plus fréquemment que celle des bridges céramo-métalliques. Des couronnes anatomiques ont donc été élaborées en zircone seule, ce qui a augmenté leur succès et leur fiabilité. Cependant, comme les autres céramiques, la zircone est susceptible de s’user et d’user l’émail des dents...


Pour ses propriétés mécaniques supérieures, la zircone a été utilisée pour la réalisation d’armatures de bridges. Cependant, la céramique cosmétique de ces bridges se fracture plus fréquemment que celle des bridges céramo-métalliques. Des couronnes anatomiques ont donc été élaborées en zircone seule, ce qui a augmenté leur succès et leur fiabilité. Cependant, comme les autres céramiques, la zircone est susceptible de s’user et d’user l’émail des dents antagonistes. Une étude récente a montré que la zircone est moins abrasive que la céramique de recouvrement. Le but de cette étude est d’évaluer la rugosité et l’usure d’une zircone polie, glacée, ou polie puis reglacée, et l’usure qu’elle provoque sur des antagonistes en émail.

Matériel et méthode

Cette étude inclut 5 groupes de 8 spécimens : zircone polie, zircone glacée, zircone polie et reglacée ; céramique cosmétique, émail, les deux derniers servant de groupes contrôles. Tous les spécimens en zircone sont préalablement sablés et, après leur traitement respectif (polissage ou glaçage), ils sont soumis à des mesures de rugosité de leurs surfaces à l’aide d’un profilomètre. Des cuspides mésio-vestibulaires en émail de molaires extraites sont standardisées et utilisées comme antagonistes. L’usure de l’émail est provoquée à l’aide d’une machine de tests d’usure. Des images en 3D de l’état de surface des spécimens et de l’émail antagoniste sont enregistrées avant les tests et superposées à celles enregistrées après les tests d’usure pour déterminer les volumes perdus.

Résultats et discussion

Le classement des rugosités de surface en partant du matériau le moins rugueux pour aller au plus rugueux est le suivant : zircone polie, zircone glacée, zircone polie puis reglacée, céramique cosmétique et émail. Les résultats de cette étude indiquent des différences significatives dans l’usure de l’émail antagoniste par la zircone selon les traitements de celle-ci. La zircone polie cause la plus faible usure de l’émail. La zircone glacée provoque la plus forte. La zircone polie puis reglacée se situe entre les deux. Seule la zircone polie entraîne moins d’usure de l’émail que l’émail lui-même. Quel que soit son traitement, la zircone entraîne moins d’usure que la porcelaine cosmétique bien qu’elle soit deux fois plus dure qu’elle. Comparée aux autres substrats, la zircone polie s’use le moins et la céramique cosmétique s’use le plus.

L’ESSENTIEL

Dans les limites de cette étude, les résultats indiquent que des couronnes monolithiques en zircone peuvent constituer des antagonistes acceptables concernant l’usure de l’émail des dents. En fait, l’usure de la zircone et celle de l’émail antagoniste sont significativement différentes en fonction du traitement de surface de la zircone. Polie, elle est moins agressive que de la céramique cosmétique. Les couronnes en zircone polie peuvent être indiquées dans des zones de charges occlusales élevées. La connaissance de la rugosité de surface de la zircone peut aider à prévoir l’usure des dents antagonistes. Ainsi, une zircone hautement polie est plus souhaitable qu’une zircone glacée car, une fois le glaçage disparu (en moyenne après 6 mois de fonction), l’émail antagoniste est soumis à l’action des particules vives de la zircone sous-jacente plus agressives que le sont des particules émoussées par un polissage. La zircone polie subit moins d’usure et en cause moins sur les dents antagonistes qu’une zircone glacée. Le glaçage des couronnes en zircone devrait être évité tant que la demande esthétique n’est pas impérative. Si l’esthétique devait exiger une restauration glacée, il vaudrait mieux alors polir les surfaces avant leur glaçage.