L’ÉVÉNEMENT
Une complémentaire de santé pour tous ? C’est pour demain. François Hollande en a pris l’engagement au congrès de la Mutualité en octobre dernier. L’idée de confier la prise en charge des soins dentaires aux complémentaires de santé fait donc à nouveau son chemin.
Les syndicats et le patronat ont signé un accord national interprofessionnel (ANI) qui généralise les contrats collectifs santé à tous les salariés en 2016. Et le gouvernement a fait de cet accord un...
Une complémentaire de santé pour tous ? C’est pour demain. François Hollande en a pris l’engagement au congrès de la Mutualité en octobre dernier. L’idée de confier la prise en charge des soins dentaires aux complémentaires de santé fait donc à nouveau son chemin.
Les syndicats et le patronat ont signé un accord national interprofessionnel (ANI) qui généralise les contrats collectifs santé à tous les salariés en 2016. Et le gouvernement a fait de cet accord un projet de loi voté en première lecture à l’Assemblée nationale. Les bénéficiaires seront les quelque 7 millions de salariés français actuellement sans couverture ou bénéficiant d’une couverture de santé individuelle.
Les enjeux de cette généralisation de la complémentaire de santé ont-ils été pesés ?
Invité du Centre national des professions libérales de santé (CNPS) le 29 mars dernier, l’économiste de la santé Claude Le Pen attirait l’attention de son auditoire sur « l’importance considérable » du texte en discussion au Parlement pour l’avenir de notre système de protection sociale. Il avançait un parallèle. Pour assurer leur retraite, les salariés comptent plus sur leurs complémentaires obligatoires, l’AGIRC et l’ARRCO, que sur la Sécurité sociale. De la même façon, les assurés risquent bien à l’avenir de compter essentiellement sur les complémentaires de santé plutôt que sur l’Assurance maladie. Mais le changement qui s’annonce est plus vaste.
Claude Le Pen en est persuadé, la généralisation des complémentaires de santé conduira inévitablement à « un partage » entre les « soins lourds et urgents », qui continueront d’être pris en charge par la Sécurité sociale, et « les soins dits de proximité », qui seront renvoyés vers les complémentaires. L’économiste de la santé bascule dans cette seconde catégorie le dentaire et l’optique. Il ajoute aussi une partie du médicament et une partie des honoraires libres des professionnels de santé. La portée de cette mesure va « bien au-delà de son but officiel » qui est de réduire les inégalités en santé, concluait-il.