Tais-toi et rame !

Je n’ai jamais été très fan des limes K3 Endo de la société américaine Sybron Endo, filiale de Kerr. J’aurais pourtant bien aimé : disponibles en une multitude de tailles et conicités, en NiTi évidemment, résistantes mais flexibles, elles ont beaucoup d’atouts. Hélas, leur insuccès commercial n’est pas seulement dû à un marketing déficient. Elles présentent deux inconvénients majeurs : un code couleur improbable avec, sur le manche, deux bagues de couleurs différentes pour désigner diamètre et conicité, et une pointe si peu travaillante que leur progression dans le canal s’avère pénible et lente.

Une présentation attractive

Je savais qu’une version améliorée des K3 était récemment sortie outre-Atlantique car j’en ai vu la publicité dans le catalogue d’un grand vépéciste américain. Aussi, quand l’importateur français a décidé de la commercialiser dans l’Hexagone vers Noël dernier, avec un prix d’appel de 4 plaquettes au prix ce 3, j’ai sauté sur mon téléphone pour en commander. Ne souhaitant pas évaluer toutes les séquences, je me suis borné aux numéros 25, en conicité 4, 6 et 8 % ainsi que les 20 en 4 %. Les limes sont vendues en plaquettes de 6 instruments. Ces derniers ont un aspect un peu différent des K3 : le manche est gris acier et non plus doré. De meilleure facture, il ne ternit pas comme l’autre à la stérilisation. Il ne porte qu’une seule bague large, de couleur ISO. Malheureusement, celle-ci se ­détériore très rapidement au nettoyage, une bonne partie de la peinture finissant par disparaître. C’est la couleur du stop qui désigne la conicité : vert pâle pour 4 %, rouge pour 6 %, vert foncé pour 8 %. La publicité annonce, pour ces nouvelles K3 XF, une plus grande flexibilité et une ­résistance à la fatigue cyclique augmentée grâce à un traitement thermique spécial dénommé « technologie R-Phase ».

Progression laborieuse

À l’usage, leur comportement m’a paru en tous points similaire à celui des modèles précédents. Sans doute rassurant pour les utilisateurs du K3 Endo mais peu convaincant pour les habitués des limes européennes. La progression, quel que soit l’instrument, s’est révélée extrêmement laborieuse, incitant à augmenter la vitesse ou, pire, à appuyer plus fort en direction apicale. J’ai, dès les premiers tours, fracturé une lime numéro n° 20 toute neuve, heureusement dans une dent extraite. Au final, seule la n° 25 en 8 % s’est révélée intéressante car, malgré sa relative lenteur, son profil unique donne des formes de préparation idéales. On peut d’ailleurs ne l’utiliser qu’en fin de traitement, une fois le canal élargi selon la méthode de son choix. En conclusion, un produit bien décevant dans un paysage endodontique en telle évolution que l’écart entre les meilleurs et les moins bons se creuse à une vitesse vertigineuse.