QU’EN DITES-VOUS ?
« Le développement professionnel continu : c’est parti ! » annonce le dernier ADF Infos. De fait, les pièces du puzzle ont été progressivement mises en place ces derniers mois pour qu’en juin, le développement professionnel continu (DPC) soit applicable : 6 types de programmes ont été validés par la Haute Autorité de santé (HAS), la liste des orientations nationales pour 2013 a été publiée, chaque praticien n’a plus qu’à ouvrir son compte sur www.mondpc.fr pour suivre son DPC tout au long de sa carrière… Pourtant, des responsables ordinaux expriment leur inquiétude sur les difficultés concrètes d’application du DPC.
Avec le DPC, la nouveauté est que l’on nous demande d’évaluer les pratiques professionnelles. Jusqu’à présent chaque praticien, en s’inscrivant à une formation, manifestait son envie d’acquérir de nouvelles notions pour les mettre en pratique. Il a donc toujours évalué sa pratique sans vraiment avoir conscience qu’il s’inscrivait dans une telle démarche. Le Conseil national de la formation continue en odontologie (CNFCO) avait un peu formalisé la procédure en demandant au conférencier de faire remplir des questionnaires en fin de formation pour évaluer les praticiens. Avec le DPC, la différence est que nous devons recevoir l’information, la notifier et la transmettre à l’Organisme gestionnaire du DPC (OGDPC) qui fera un rapport aux Ordres départementaux pour les prévenir que le praticien a été évalué. Car quelques semaines après leur formation, les praticiens devront s’évaluer à l’aide d’un questionnaire et le renvoyer à l’organisme de formation. Les petits organismes de formation, qui dépendent du bénévolat de chirurgiens-dentistes pour élaborer des programmes de formation scientifique dentaire dans leur département, auront la lourde tâche d’assurer cette évaluation des pratiques alors qu’ils ne disposent pas du personnel nécessaire pour remplir toute cette fonction administrative.
On ne comprend pas comment appliquer ce développement professionnel continu. On demande au chirurgien-dentiste de faire un audit de ses méthodes de travail. Soit c’est une autoévaluation et cela se terminera à la française : chacun répondra ce qu’il veut à un questionnaire. Soit cet audit est réalisé sérieusement et on fait appel à une autre personne pour faire l’évaluation. Dans ce cas, qui va faire les audits ?
On demande de faire des formations sur les points sur lesquels on est le plus faible. Lorsqu’on habite au fond du Périgord et que la seule solution est de suivre les formations proposées par l’Office nouveau de la formation odontologique continue (ONFOC) à Périgueux ou des formations à Bordeaux ou à Paris, de gros problèmes logistiques se posent.
On est aussi censé se réunir à 5 ou 6 confrères le soir pour examiner et discuter une dizaine de cas de dossiers de patients. Quand la journée au cabinet s’achève à 21 heures et que le plus proche praticien se trouve à trois quarts d’heure, c’est impossible ou alors il faut y passer ses dimanches. Faire de la formation continue est une bonne chose. Il y a une limite inférieure que beaucoup ne passent pas. Mais il y a aussi une limite supérieure. Je pense que c’est totalement irréaliste dans un département rural comme le nôtre.
Nous avions un système de points qui fonctionnait bien. Il aurait pu être plus sévère, par exemple avec un contrôle des points par l’Ordre ou les Agences régionales de santé. Mais avec ce nouveau dispositif, on ne sait pas où l’on va. Ceux qui ont conçu le dispositif n’ont pas conscience de la réalité du travail en zone rurale ou dans les petites villes.