PAS À PAS
(Académie de dentisterie adhésive Reims-Champagne-Ardenne Picardie)
De nombreuses études menées sur la fiabilité des couronnes en céramique montrent que le taux de réussite se situe aux environs de 95 % au bout de 10 ans. Ce taux si élevé n’est pas le fruit du hasard. Il résulte d’une succession de phases cliniques très rigoureuses. De l’analyse clinique à la fixation, l’exigence porte sur la qualité des préparations et des couronnes provisoires, sur une précision extrême des étapes de laboratoire et sur une concentration de tous les instants lors du collage, instants qui sont illustrés dans ce « pas à pas » en 26 images.
De nombreux adhésifs et composites de fixation sont mis à la disposition des praticiens. Les protocoles sont très différents selon l’adhésif retenu et les éléments en céramique à fixer. Le collage nécessite une activation maximale des surfaces à encoller. Cette activation, pour augmenter les énergies de surface, s’effectue par mordançage acide.
Le collage décrit dans ce « pas à pas » demeure encore le plus fiable. Les produits utilisés sont :
• un adhésif M&R dual (Excite(r) DSC, Ivoclar Vivadent), qui nécessite un mordançage préalable à l’acide orthophosphorique pendant 15 secondes suivi d’un rinçage ;
• une colle duale translucide de même nuance que la céramique (Variolink(r) II de teinte A2, Ivoclar Vivadent).
La couronne en céramique ayant une épaisseur supérieure à 1,2 mm, il est indispensable de choisir des matériaux duaux (chémopolymérisables et photopolymérisables) afin de garantir une prise complète du composite de collage dans toute son épaisseur.
L’activation de la surface de l’intrados de la couronne doit être faite par le prothésiste. Cette étape de mordançage à l’acide fluorhydrique est capitale. Cette surface activée est polluée lors de l’essai en bouche. Pour éliminer toute trace de pollution par les fluides gingivaux, le praticien doit mordancer l’intrados avec de l’acide orthophosphorique. La dernière étape de l’activation de l’intrados consiste à déposer en surface une couche de silane que l’on laisse s’évaporer.
Les adhésifs SAM (système auto-mordançant) donnent des valeurs d’adhésion proches de celles réalisées avec les adhésifs M&R. Ils peuvent être utilisés pour la fixation de l’élément en céramique décrit ici à condition de ne pas les associer à un composite de collage seulement chémopoly-mérisable.
Le collage est décrit en 26 images didactiques pour enfin démystifier cette étape capitale de la restauration prothétique trop souvent encore considérée comme compliquée.
Le patient, âgé de 42 ans, souhaite à la fois restaurer son sourire, traiter toutes les caries et remplacer les amalgames au niveau des dents cuspidées maxillaires et mandibulaires. Ce travail intéresse l’ensemble des dents. Le patient ne souffre d’aucune pathologie occlusale. La hauteur verticale d’occlusion est correcte. Toutes les dents sont pulpées, sauf les 11 et 22 restaurées par des couronnes céramo-métalliques (fig. 1).
Après analyses radiologique, occlusale et parodontale, il est décidé, avec l’accord du patient, de restaurer ses arcades selon les délabrements, avec des inlays, onlays, facettes et couronnes périphériques. Le patient ne désire que des travaux en céramique. La couleur des dents n’étant pas trop saturée, tous les travaux sur dents pulpées, y compris la 11 reconstruite avec un moignon de composite fibré, sont réalisés en céramique feldspathique renforcée avec du silicate de lithium (IPS e.max(r) Press, Ivoclar Vivadent) Pour la 22, il est proposé une restauration par couronne en céramique sur base de zircone puisque le tenon existant n’a pas été déposé par crainte de fracture radiculaire.
Pour respecter le principe de l’économie tissulaire, la préparation n’est pas réalisée d’emblée en préparation périphérique. La réduction est faite au départ pour une facette et, en fonction des caries et des pertes de tissu dentaire, les préparations sont aménagées (cf. Clinic 2012). Les caries du bloc incisivo-canin maxillaire étant volumineuses, les préparations sont pratiquement périphériques, les limites linguales étant cependant situées largement en supragingival (fig. 2).
Une céramique de base vitreuse renforcée, d’une résistance mécanique de l’ordre de 350 MPa, est choisie. Elle est élaborée par pressée de céramique (fig. 3), procédé semblable à celui de la cire perdue, si bien maîtrisé par les prothésistes.
Ces céramiques peuvent être élaborées par maquillage ou par stratification de la couche d’émail. Elles sont exploitables sous toutes les expressions de la prothèse fixée : inlay, onlay, facettes et couronnes (fig. 4). Leurs qualités optiques sont très appréciées. Ces céramiques se déclinent en plusieurs niveaux d’opacité, ce qui permet de les utiliser dans un maximum de situations cliniques. Les bords ? incisifs élaborés par stratification créent des effets lumineux identiques à ceux de dents naturelles (fig. 5).
L’objet de cette présentation concerne la fixation. Rappelons, avant de la développer pour la fixation de la 12, que les préparations pour des couronnes en céramique doivent présenter un profil de limite cervicale sous forme de congé rond, plus ou moins profond selon le matériau choisi et la couleur du support dentaire. Une absence totale d’angle aigu est primordiale (fig. 6).
→ Aux membres du conseil d’administration de l’ADDA-RCA, pour leur soutien : Charlotte Bar-Pinatel, Jean Bridoux, Dominique Dutour, Franck Heldenbergh, Ingrid Iff, Michel Lombard, Gérard Loufrani, Gilles Poitevin, Emmanuel Signoret, Bernard Weiler. À Hervé Maréchal et Florence Michel-Maréchal, prothésistes dentaires, laboratoire De Bucca Solis.