Clinic n° 03 du 01/03/2013

 

PRESSE INTERNATIONALE

L’ESSENTIEL

Antoine VASSALLO  

Les effets délétères du tabagisme sur la cicatrisation des plaies et son association avec une mauvaise qualité osseuse dans la maladie parodontale sont connus et peuvent se retrouver dans les pathologies péri-implantaires. Les microorganismes responsables sont les mêmes dans les 2 maladies. La nicotine absorbée par la muqueuse a une action vasoconstrictrice qui gêne la cicatrisation et l’identification de zones d’inflammation qui, normalement, sont mises en évidence cliniquement...


Les effets délétères du tabagisme sur la cicatrisation des plaies et son association avec une mauvaise qualité osseuse dans la maladie parodontale sont connus et peuvent se retrouver dans les pathologies péri-implantaires. Les microorganismes responsables sont les mêmes dans les 2 maladies. La nicotine absorbée par la muqueuse a une action vasoconstrictrice qui gêne la cicatrisation et l’identification de zones d’inflammation qui, normalement, sont mises en évidence cliniquement par le saignement au sondage. Cela favorise une évolution sournoise de la maladie. Cette étude rétrospective compare la perte osseuse péri-implantaire à la perte osseuse péridentaire et évalue la relation entre le saignement au sondage et la profondeur des poches autour des dents et des implants des fumeurs et des non-fumeurs.

Matériel et méthode

Cette étude porte sur 347 dents et 98 implants dentaires placés entre août 2004 et août 2006 chez 20 patients (8 fumeurs et 12 non-fumeurs). Les spécimens sont divisés en 4 groupes selon les sites sondés. Groupe 1 : sites implantaires chez les fumeurs ; groupe 2 : sites dentaires chez les fumeurs ; groupe 3 : sites implantaires chez les non-fumeurs ; groupe 4 : sites dentaires chez les non-fumeurs.

Parmi les données évaluées figurent la présence de plaque bactérienne, le saignement au sondage, les profondeurs de sondage et la perte osseuse autour des têtes d’implants. Une résorption d’os péri-implantaire est considérée comme normale quand elle est inférieure ou égale à 2 mm.

Résultats et discussion

Les résultats montrent que la prévalence de sites présentant un saignement au sondage est 2,98 fois plus élevée dans le groupe des non-fumeurs que dans le groupe des fumeurs. Ainsi, en raison de son effet vasoconstricteur, la fumée de cigarette et ses composants masquent le principal indicateur de présence de l’activité d’une pathologie : le saignement au sondage. La présence de plaque bactérienne visible est moins prévalente chez les fumeurs que chez les non-fumeurs, ce qui s’expliquerait par les recommandations particulières d’hygiène prodiguées aux fumeurs pour les sensibiliser. Les résultats suggèrent aussi que le tabagisme peut résulter en des profondeurs de sondage plus grandes. Bien que dans cette étude le taux de réussite des implants soit de 100 %, les fumeurs doivent être prévenus du risque de perte de l’ostéo-intégration et, pour eux, les instructions d’hygiène doivent être renforcées.

L’ESSENTIEL

Cette étude rétrospective, corroborant les résultats d’autres études, suggère, dans ses limites, que le tabagisme, qui est considéré comme un facteur de risques pour la santé générale, ne réduit pas l’ostéo-intégration des implants. Dans l’étude présente, la perte osseuse est 4,26 fois plus importante chez les fumeurs comparés aux non-fumeurs. Cependant, le taux de succès des implants est de 100 %, ce qui laisse penser que les implants dentaires peuvent être une option de traitement pour les fumeurs. Pourtant, d’autres études, nombreuses, soutiennent le fait que le tabagisme constitue un risque de perte des implants dentaires. S’il n’interfère pas avec les paramètres cliniques du succès des implants, le tabagisme favorise une perte osseuse plus importante autour des cols des implants. La vasoconstriction induite par le tabac dans les tissus péridentaires et péri-implantaires perturbe le principal indicateur de la maladie : le saignement au sondage. En le réduisant, cette vasoconstriction peut laisser penser qu’il n’y a pas d’inflammation. Les auteurs considèrent que des recherches plus détaillées sont nécessaires pour indiquer les facteurs qui affectent directement l’ostéo-intégration chez les fumeurs.