Clinic n° 02 du 01/02/2013

 

L’ANALYSE

À LA PAGE

Serge BAL  

Le nouvel ouvrage de Stéphane Simon, P. Machtou et W.-J. Pertot va-t-il devenir (comme le souhaite expressément Shimon Friedman dans sa préface) la nouvelle référence en langue française de l’endodontie ?

Eh bien, certainement oui ! Il en prend en tout cas le chemin.

Si l’ouvrage de référence précédent, le « Laurichesse », qui date, lui, de 1986 (et non pas de 1993) l’a été pendant plus de 25 ans, il y a fort à parier que le « Simon » va le devenir. Comme son prédécesseur, l’ouvrage réunit un panel impressionnant de co-auteurs (plus de 27) qui ont rédigé 23 chapitres, certains fort classiques, d’autres plus innovants. Certains sont absolument remarquables. J’en citerai deux.

Tout d’abord le chapitre « Endodontie et état général » rédigé par Olivier Laboux et Alexis Gaudin. Petit chapitre d’une douzaine de pages seulement mais quelle richesse ! Tout est dit de façon synthétique et très claire. Après l’avoir lu, plus question de faire des erreurs « médicales ». Le second tout aussi remarquable est « Endodontie et traumatologie dentaire » écrit par Cécilia Bourguignon. Toutes les situations, souvent très difficiles à gérer, sont décrites, analysées et leur solution est donnée. De même, après l’avoir lu, il n’y aura plus de confusions possibles quant à la gestion de traumatismes dentaires. Tous font le tour complet de leur sujet, avec d’innombrables photographies, radiographies et schémas très didactiques qui permettent une compréhension parfaite des mécanismes et des techniques. Des bibliographies n’en finissent pas : 6 pages et demie pour 15 pages de texte pour le chapitre sur l’irrigation, 7 pages pour 32 de texte pour le chapitre sur l’obturation, 6 et demie pour 18 pages de texte pour le chapitre sur la pathologie pulpaire et périapicale et le traitement de l’urgence. On peut quand même se poser, légitimement, la question : est-ce bien raisonnable ? Ne conviendrait-il pas mieux de supprimer la plupart des références antérieures à 10 ans ?

En effet, la perfection n’étant pas de ce monde, on peut lui reprocher quelques lacunes. Il n’est jamais dit explicitement, contrairement au « Laurichesse », pourquoi on fait un traitement endodontique, quel est le but final de l’endodontie.

On nous parle à de nombreuses repri­ses (dans les chapitres microbiologie et endodontie, mise en forme et nettoyage, irrigation et désinfection) de la complexité du système canalaire et, malgré de très brefs rappels dans le chapitre digue et cavité d’accès, un chapi­tre consacré à l’anatomie canalaire et à ses variantes nous paraît manquer à ce type d’ouvrage.

De même, un chapitre sur l’ergonomie endodontique y aurait eu toute sa place.

Le fait de décrire la technique dite de revascularisation-régénération endodontique de façon très précise dans le chapitre « Ingénierie tissulaire et endodontie » me gêne. En effet, cette technique fait appel à la mise en place dans les canaux d’un mélange de trois antibiotiques. Or, cette façon de procéder est strictement interdite en France.

Nous n’avons pas le droit de mettre des antibiotiques en place de façon topique (HAS). De plus, les résultats obtenus ne semblent pas parfaitement reproductibles. En cas d’échec, ne risque-t-on de créer une perte de chance pour nos jeunes patients, même si une apexification classique au MTA reste le recours ? Je comprends parfaitement « l’excitation » intellectuelle d’un Stéphane Simon à vouloir recréer la vie, mais ne convient-il pas de rester très prudent et d’attendre de meilleures connaissances théoriques qui pourront déboucher sur des protocoles cliniques fiables et, surtout, reproductibles.

Ces petites observations ne sauraient remettre en cause le fait que cet ouvrage remarquable devrait être en possession de tout praticien de médecine bucco-dentaire, qu’il soit spécialiste en endodontie, omnipraticien ou étudiant.