Clinic n° 01 du 01/01/2013

 

QU’EN DITES-VOUS ?

Comment abordez-vous l’année 2013 ? Entre optimisme pour son exercice et inquiétude quant à l’environnement, trois praticiens expriment leurs espoirs et leurs craintes au seuil de cette nouvelle année, après une fin d’année particulièrement tumultueuse.

PAS TROP DE SOUCI

Je ne me fais pas trop de souci. J’ai beaucoup de travail et je pense qu’il y en aura toujours dans notre domaine. La dentisterie sans chirurgiens-dentistes est impossible !

Je ne crains pas les réseaux mutualistes. Ils existent déjà. C’est aux praticiens de décider s’ils veulent ou non y adhérer.

Ma plus grande crainte, ce serait un encadrement très sévère de notre exercice, que nous soyons soumis à une économie de santé dirigiste. Nous sommes assez responsables pour nous organiser nous-mêmes. Mais je ne pense pas que nous allions dans ce sens. Je suis un libéral dans l’âme. Je sais bien qu’une politique de santé est nécessaire pour que tous les Français soient soignés. Lorsqu’on regarde la façon dont exerçait la génération précédente et la façon dont nous exerçons maintenant, cela n’a rien à voir. En même temps, il faut reconnaître que l’exercice est plus sécurisé. En fait, c’est compliqué et je ne souhaite pas être à la place des décideurs. J’essaie de faire mon travail le mieux possible.

LES DIFFICULTÉS DE MES PATIENTS SE RESSENTENT

Cette nouvelle année de crise est un problème pour mon exercice un peu spécialisé. Je reçois 7 ou 8 patients par jour pour des actes de parodontie et de chirurgie implantaire. Cette activité hors nomenclature et rarement remboursée par les mutuelles représente la moitié de mon chiffre d’affaires. Or, les difficultés économiques de mes patients touchent déjà mon activité depuis à peu près 2 ans. Ce sera donc la troisième année. Je m’aperçois que je reçois aussi un nombre croissant de patients bénéficiaires de la CMU.

En revanche, je ne m’inquiète pas pour le nombre de mes patients. Cherbourg est une ville sinistrée. Les 6 chirurgiens-dentistes qui ont récemment pris leur retraite n’ont pas été remplacés. Et nombreux sont mes confrères qui donnent des rendez-vous à 3 mois. D’autres ne prennent même plus de nouveaux patients. Pour ma part, j’essaie de donner des rendez-vous à 15 jours.

Avec le développement de l’utilisation d’Internet, l’attitude des patients change. Beaucoup vont y chercher des informations mais sans forcément prendre les bonnes. En effet, ils indiquent quand ils sont mécontents d’un traitement de parodontie. En revanche, rares sont ceux qui écrivent qu’ils sont contents ! L’information des patients est ainsi biaisée.

L’espoir serait que la Sécurité sociale prenne en charge plus d’actes et mieux les prothèses, mais aussi plus de prévention.

NOTRE ATOUT, L’ATTACHEMENT À SON PRATICIEN

Les points les plus durs sont l’arrivée des réseaux de soins et des cliniques mutualistes mais aussi le nombre croissant d’attaques dirigées contre nous par les médias. Cependant, il y a une note d’espoir. Si les patients condamnent la profession en général, ils restent très attachés à leur praticien en particulier.

Aussi, ce qui pourrait sembler être la fin du libéral peut au contraire être un moteur pour nous. Dans nos cabinets, les patients ont un apport supplémentaire par rapport aux soins. Le fait d’être en place depuis longtemps, le fait que les patients ne soient pas obligés d’aller se faire soigner chez un praticien indiqué, le fait qu’ils nous retrouvent toujours au même endroit année après année et que nous soignions leur famille depuis longtemps sont des atouts. Certains patients préfèrent cette personnalisation dans les soins.