Directe et bienveillante à la fois, Laure Daviaux sait ce qu’elle veut. Installée dans un cabinet riant et high-tech, à 30 km de Paris, elle a choisi de se consacrer à une pratique limitée à la parodontologie. Son associé, Romain Durand, omnipraticien avec une orientation en endodontie, complète la palette de prises en charge proposées aux patients. Si la jeune praticienne met un point d’honneur à privilégier la convivialité en toutes circonstances, elle n’en reste pas moins rigoureuse. Une main de fer dans un gant de velours.
Dans la salle d’attente, une sculpture murale en éventail*, un oiseau peut-être, en fines plaques métalliques, ailes déployées. Mais, à y regarder de plus près, c’est une ville qui jaillit d’un découpage savant en 3D, tout en tôles d’acier récupérées, une mégapole aux gratte-ciel étirés vers le ciel, New York, cité de tous les possibles. Telle une métaphore de l’approche passionnée et ambitieuse de Laure Daviaux, l’alternance de reflets et d’ombres, de pleins et de vides évoque, sans nul doute, l’énergie contagieuse qui habite la praticienne trentenaire. Pour elle, pas de demi-mesure. Quand elle s’engage, elle fonce, dévore, apprécie, concocte et bâtit. Pour cela, que ce soit au fourneau, sa seconde passion, ou au fauteuil, elle n’a qu’un leitmotiv : apprendre et se perfectionner pour mieux donner. Son cabinet est à l’image de sa nature joyeuse et curieuse. Coloré, bien agencé, pensé dans ses moindres détails. De plus, la jeune parodontologiste maîtrise l’art du dosage, une pincée par-ci, un zeste par-là. De fait, que ce soit lors de l’élaboration des plans de son cabinet ou pour l’organisation de son espace de travail, tout a été mûrement réfléchi. C’était il y a un peu plus de 2 ans.
Mais revenons à la genèse de cette histoire. Pour cette Champenoise, fille et petite-fille de viticulteurs, née à côté d’Épernay, la dentisterie n’est pas un chemin tout tracé. À l’image de ses grand-mères, elle s’adonne très tôt à la gastronomie, passion qu’elle choisira de garder pour le plaisir. C’est un ami qui la convainc de se lancer dans la dentisterie. « Je voulais exercer une profession médicale où s’allient contact et travail manuel. Mon côté bricoleur et pratique m’a beaucoup servi. Je me suis tout de suite bien débrouillée techniquement. » Laure Daviaux est une battante. Elle ne doit sa réussite qu’à elle-même et à ses choix. Elle obtient donc son diplôme de chirurgien-dentiste en 2009, à la faculté d’odontologie de Reims, et ouvre un premier cabinet, à Bussy-Saint-Georges (77), qu’elle rachète à une praticienne « Un cabinet défraîchi », dont elle sent le potentiel. « Je n’avais que 24 ans et un petit budget à y consacrer. Je ne voulais pas me lancer avec un gros crédit sur le dos. » Quand elle ouvre, seule, après quelques travaux, c’est le coup de panique. « J’avais à peine terminé mes peintures que j’ai tout de suite été inondée d’appels, pas moins de 40 par jour ! » Sa mère prend alors le relais au téléphone et remplit son carnet de rendez-vous. Malgré ce démarrage en trombe, elle reconnaît : « Cela a été une reprise idéale, zéro casserole et pas de mauvaise surprise à l’ouverture. » Le cabinet atteint en peu de temps sa vitesse de croisière. Concomitamment, elle réalise qu’elle n’est pas vraiment faite pour l’omnipratique. Malgré un emploi du temps chargé, elle continue alors à suivre des formations et obtient notamment deux CES, de parodontologie et de biomatériaux, à l’université Paris-Descartes. L’idée d’une spécialisation commence à germer.
L’arrivée, en 2011, de son assistante, Graciete, dynamique et motivée, lui permet d’amorcer le virage. En 2012, elle signe une promesse de vente à Chanteloup-en-Brie (77), à 3 km de son cabinet, pour passer de ses 40 m2 à 128 m2. « Il me fallait une salle de chirurgie et plus d’espace. Les conditions de travail sont essentielles pour accueillir les patients et proposer des prises en charge de qualité », raconte celle que mille projets poussent toujours en avant. Elle en profite pour chercher un associé, complémentaire, avec une orientation en endodontie mais aussi en soins conservateurs, en esthétique et en nouvelles technologies. C’est cette complémentarité-là qui lui permettra de dégager des créneaux horaires importants pour la parodontologie. « J’ai reçu Romain Durand en entretien et lui ai expliqué mon projet : mon nouveau cabinet allait compter un bloc et deux salles de soins dont une laissée vide pour un potentiel associé et non pas une simple collaboration. » Marché conclu. Si la société civile immobilière (SCI), détenue par Laure Daviaux, achète les murs, les deux associés se constituent en société civile de moyens (SCM) à 50/50. Ils partageront les charges communes et une partie des consommables. Au début, la nouvelle direction prise par la praticienne n’est pas qu’une partie de plaisir. À l’achat, le pôle médical dans lequel sera installé le cabinet n’est encore qu’un… vaste champ ! Comme assez souvent, la construction prend du retard, des difficultés avec le promoteur émergent. Laure Daviaux en profite alors pour travailler sur les plans avec Graciete. Conférences sur l’ergonomie, lecture d’ouvrages sur la circulation dans l’espace, échanges avec amis et confrères, rien n’est en trop pour mener à bien son projet. « La circulation était un vrai problème dans mon cabinet de Bussy. Nos chemins se croisaient en permanence. Nous avons donc bien réfléchi en amont pour que, dans le nouveau cabinet, personne n’empiète sur le terrain de l’autre, tout en conservant de l’espace pour chacun », explique-t-elle. Le confort doit primer. Concrètement, le fait d’acheter un plateau technique vide lui permet de penser l’espace sans aucun mur porteur ni descente de colonne : c’est une chance. De nombreux accès sont prévus, permettant une circulation optimale. Le cœur du plateau sera occupé par le comptoir d’accueil et la stérilisation. « L’objectif était de réduire le nombre de pas de l’assistante pour le travail de désinfection et de traitement des instruments. De même, la circulation de l’assistante vers les praticiens ou vers l’accueil (patients et livraisons) est facilitée. » Dans le nouveau cabinet, la fonctionnalité ne sera pas un vain mot.
L’ouverture du cabinet se fait en octobre 2014. Julia, l’assistante de Romain Durand, vient compléter l’équipe 1 mois plus tard. Aussitôt l’atmosphère du cabinet combine bien-être et savoir-faire. Le goût de Laure Daviaux pour la convivialité et son plaisir de recevoir se ressentent dès que l’on passe la porte. L’accueil y est un maître mot. « Je reçois toujours un patient à mon bureau pour commencer. Mon but est ensuite de l’accompagner dans une prise en charge de qualité et, au final, de lui avoir rendu service », indique-t-elle. Par ailleurs, confidentialité et esprit cocooning sont favorisés. « On a mis l’accent sur l’insonorisation du cabinet avec beaucoup de renforcement phonique. En salle d’attente, aucun patient ne peut entendre ce qui se passe ailleurs : voix, instruments rotatifs… » Étonnant, sachant que l’espace d’accueil n’est séparé du reste du cabinet que par un système de panneaux vitrés non clos. Pour les couleurs, le rose fuchsia et le vert pomme priment sur l’ensemble, où le gris, le blanc et l’inox consolident l’attention portée à la traçabilité, à l’hygiène et à l’asepsie. D’un côté du cabinet, les deux salles de soins sont séparées par la stérilisation accessible de part et d’autre. Celle-ci bénéficie par ailleurs d’une troisième porte coulissante pour accéder directement au comptoir d’accueil derrière lequel se trouve l’espace de stockage du matériel. Chaque porte, chaque surface est fonctionnelle. Au centre du bloc chirurgical, orienté au nord, un fauteuil Planmeca avec une belle sellerie à mémoire de forme offre un confort appréciable aux patients, surtout pour les interventions longues. « La porte coulissante vitrée vers le couloir a été voulue non seulement pour pouvoir communiquer mais aussi pour que les patients, lorsqu’ils passent, puissent apprécier la propreté et l’hygiène de la salle de chirurgie. Cela instaure un climat de confiance. Rien n’est caché. » Quant au temps de travail, il est concentré sur 4 jours, Laure Daviaux se formant le jeudi. Ses matinées sont réservées à la chirurgie, au rythme de 2 ou 3 interventions, ses après-midi aux consultations et aux traitements parodontaux. Romain Durand suit le même rythme et se forme en endodontie le mercredi. « Notre exercice est prenant et exigeant. Le week-end est donc réservé à nos vies privées et doit rester de qualité », assure la praticienne. « J’ai pris la décision irrévocable de ne pas ouvrir mon cabinet le samedi. »
* Frédéric Daty, http://fredericdaty.com
Les flashcodes dans toutes les salles de soins : dès qu’une assistante craque un sachet, un système stéricode avec code-barres à 2 dimensions permet d’enregistrer les informations (date de stérilisation, code) sur la fiche patient et dans le logiciel. En cas de problème, remonter à la source devient un jeu d’enfant.