Les mêmes en mieux

Depuis plusieurs années, la société américaine Kerr nous propose un ensemble de dispositifs pour l’obturation des canaux en condensation verticale. Le système Element Unit a, depuis au moins deux générations, jeté ses cordons aux orties et fonctionne désormais sans fil. Il est constitué de deux appareils installés verticalement sur un socle qui sert de chargeur. L’ensemble est tout blanc, avec des lignes épurées du plus bel effet. Les deux dispositifs ont globalement l’allure d’une brosse à dents électrique, avec un manche tout droit et une extrémité sur laquelle on fixe, sur l’un, un fouloir à canaux, sur l’autre, une cartouche de gutta équipée d’une fine canule métallique.

Simple en apparence

Le fouloir électrique est une évolution des Touch’n Heat et System B bien connus des adeptes de la technique de Schilder. Une petite fenêtre sur le manche affiche les indications nécessaires à son fonctionnement. Le déclencheur à l’avant est un anneau blanc qui commande la montée en température. Celle-ci est mieux contrôlée que sur les appareils précédents. Une série de sons électroniques permet de savoir à quel moment opérer les différentes phases de l’obturation. Les embouts qui se branchent sur l’appareil sont les mêmes que pour les anciens modèles. Il y en a 5, mais on n’utilise que 2 ou 3 tailles le plus souvent. La méthode est assez simple mais, en pratique, on n’obtient pas toujours le résultat escompté. Une fois le fouloir inséré à fond dans le canal, on doit attendre une dizaine de secondes (bip) puis redonner une brève impulsion sur le déclencheur avant de l’en dégager. Il faut un peu d’expérience pour doser la pression et laisser en place le bouchon apical de gutta sans tout retirer. C’est sur une série de dents extraites que je me suis entraîné ici. En l’absence de tissus péri-apicaux offrant une certaine résistance, il est très facile de propulser un petit serpentin de gutta au-delà du foramen. Prudence donc, en situation de travail in vivo, car il n’y a aucun moyen de savoir, sauf a posteriori, si la gutta est restée confinée dans le canal ou a franchi l’extrémité de la racine.

Bien mieux qu’un pistolet

L’autre dispositif, qui sert à injecter de la gutta chaude dans la partie cervicale (backfill), est très simple d’utilisation lui aussi. Sa forme droite permet de s’en servir comme d’un stylo. Une mini-cartouche de gutta enfermée dans son carter métallique équipé d’une aiguille très souple est installée à l’avant. Chaque cartouche, à usage unique, permet de traiter 1, voire 2 molaires. Le temps de chauffe est rapide. L’aiguille d’argent, très malléable, pénètre sans difficulté dans n’importe quel canal. Il suffit d’appuyer sur le bouton déclencheur idéalement situé sur le manche pour sentir le matériau d’obturation rejoindre la portion apicale du canal. Quelques secondes suffisent à remplir sa partie haute. Il faut laisser l’aiguille ressortir progressivement sans résister. En raison de la rétraction de la gutta lors de son refroidissement, il est préconisé de fouler l’obturation à froid pour bien la tasser contre les parois, et cela à plusieurs reprises. Cette opération compromet malheureusement à chaque fois le beau résultat initial. Sur la dizaine de dents obturées de la sorte, j’ai systématiquement constaté, après utilisation du plugger, et même en rajoutant de la gutta chaude au fur et à mesure, une multitude de vacuités à l’intérieur des canaux.