Diriger avec succès une entreprise de santé tout en menant une vie de famille très active, c’est possible. Florence Deloncle, qui est à la tête d’un cabinet libéral, en témoigne. À 35 ans, la jeune femme, mère de trois enfants, est aussi une omnipraticienne libérale très investie dans sa vie professionnelle.
Être à la fois une femme, une mère de famille et diriger un cabinet dentaire libéral, « ce n’est pas évident mais c’est possible en s’organisant », affirme sans hésitation cette mère de trois enfants qui vient d’ouvrir son premier cabinet d’omnipratique dans les environs de Nantes. Son petit quatrième !
Après sa thèse soutenue en 2008, Florence Deloncle devient maman pour la première fois puis se met rapidement au travail et enchaîne les remplacements dans différents cabinets pendant plus de 1 an. Elle peut ainsi récolter les conseils de confrères et acquérir de l’expérience avant de se lancer dans un exercice en collaboration à Nantes. Mais à la naissance de jumeaux 3 ans plus tard, Florence décide de s’installer. Elle rachète la patientèle d’un praticien à La Chevrolière, une commune de 5 000 habitants située à proximité de Nantes. Ce nouveau mode d’exercice lui permet de s’organiser de façon plus souple. « Reprendre rapidement le travail tout en restant disponible pour ma famille était primordial », explique la jeune femme. En même temps, cette structure permet à la jeune praticienne de tester sa capacité à assumer seule la responsabilité d’un cabinet dentaire. Un préalable avant d’investir dans des murs !
Après l’inévitable stress des débuts, le cabinet se développe crescendo. Florence décèle les belles capacités de croissance de son cabinet dentaire, le seul dans cette commune en pleine expansion. D’ailleurs, les délais entre les rendez-vous s’allongent rapidement.
Florence propose à Carolyn, la secrétaire de son prédécesseur qui est devenue son assistante, de se former pour obtenir son diplôme d’État : « L’avantage, c’est qu’elle connaissait déjà le cabinet et les patients. » Quatre ans après le début de leur collaboration, Carolyn et Florence sont devenues très complices dans le travail : « Nous arrivons à communiquer d’un simple regard. Au bon moment, elle anticipe et sait exactement l’instrument qu’elle doit me donner. L’équipe est importante, c’est un peu comme une famille car on passe du temps ensemble. » Pour pouvoir accorder plus de temps à son foyer, Florence choisit aussi d’agrandir son équipe. Esther Jutras la rejoint comme collaboratrice 2 jours par semaine.
L’ambiance du cabinet est excellente mais Florence s’y sent un peu à l’étroit. L’impossibilité d’y installer un second fauteuil reste problématique. Elle se met alors à la recherche d’une nouvelle occasion. Le projet de construction d’un centre médical dans la commune semble bien tomber. Mais les professionnels de santé réunis quelques années plus tôt autour de ce projet n’arrivent pas à se mettre d’accord. Les kinésithérapeutes, les infirmières, les médecins généralistes…, tous conquis par l’idée, finissent par comprendre que leur vision du cabinet idéal diverge : « Pour se lancer dans le contexte actuel, il faut être un peu fou. Est-ce que ça en vaut la peine ? Est-ce que je vais m’y retrouver ? On se dit surtout qu’à 35 ans, c’est maintenant ou jamais ! Pourquoi est-ce que ça ne marcherait pas si on reste dans une logique de respect du patient et de soins de qualité ? Il faut savoir saisir sa chance lorsqu’elle vient à vous » lance l’omnipraticienne. Florence ne souhaite pas attendre la construction de cet hypothétique centre médical et décide de construire seule sur une parcelle vendue par la ville.
Le nouveau cabinet du Dr Deloncle ouvre ses portes au mois de janvier de cette année.
Pendant la phase des travaux, le stress et une pression financière pèsent sur ses épaules. Mais la praticienne reste convaincue qu’elle a fait le bon choix : « Mes amis me demandaient toujours comment j’arrivais à m’en sortir avec trois enfants et les travaux. Je pense que la clé est de rester positif. » Florence peut aussi compter sur le soutien de son mari, ingénieur, pour superviser le chantier. Son fournisseur de matériel lui apporte aussi une aide précieuse. En parallèle, elle est conseillée par les consultants avec lesquels elle a suivi une formation quelques mois plus tôt.
Dans son précédent cabinet, il y avait une déperdition d’énergie et un manque d’organisation : « Je faisais tout, les encaissements, parfois la stérilisation, je répondais au téléphone et on proposait aux patients des délais trop longs pour les rendez-vous. Nous confondions efficacité et suractivité. J’ai donc jugé bon de faire une formation pour profiter des acquis dès l’entrée dans le nouveau cabinet et transformer l’essai ! »
Cette formation fournit à Florence et à son équipe tout un éventail de méthodes afin, notamment, de mieux déléguer et d’améliorer l’accueil des patients. L’organisation et la gestion de l’agenda sont revues de A à Z. Les plans de la nouvelle structure, les schémas de circulation et les pièces utiles sont examinés de fond en comble : « Par exemple, on a décidé de faire des bureaux plus petits dans les salles de soins et de mettre en place une pièce réservée à la communication avec les patients. C’est beaucoup plus intime et ils se sentent plus à l’aise pour échanger. » Tous ces changements permettent aux patients de se sentir mieux pris en charge. « Certains m’ont même dit : “Même si je suis moins remboursé sur mes prothèses, vous êtes MA dentiste et je reste avec vous.” J’avoue que ça fait plaisir. On sent de la reconnaissance. »
L’omnipraticienne a investi dans une technologie qu’elle appelle « son joujou ». Pour détendre le patient, des animations ou des images qui expliquent ce qui se passe en bouche sont projetées au plafond à l’aide d’une caméra placée sur le scialytique et reliée à l’écran du plafonnier. Si les patients disent « qu’ils se brossent bien les dents, on peut leur montrer directement pourquoi ce n’est pas aussi efficace qu’ils le pensent. Montrer en bouche ce qu’on propose de faire est moins abstrait que donner des devis dont les patients ne retiennent que le montant sans mettre en parallèle les bénéfices du projet de traitement. C’est donc très positif en termes de communication. Les patients disent que notre cabinet est moderne, que nous sommes à l’écoute, et que l’on prend en compte leur anxiété », se réjouit Florence.
Florence semble épanouie dans son nouveau cabinet qui a ouvert ses portes au début de l’année. Elle ne regrette pas d’avoir su prendre des risques. L’équipe compte désormais 5 personnes : Mélina s’occupe de l’entretien, Carolyn est désormais doublée d’une seconde assistante, Sabrina, qui a su s’intégrer rapidement malgré sa récente arrivée, et Laurence Beaumont, la nouvelle collaboratrice de Florence. Une collaboration qui pourrait se transformer en une association. C’est en tout cas le souhait de Florence. Quant à une éventuelle spécialisation, cela ne semble pas à l’ordre du jour : « Mais pourquoi pas un nouveau défi à la quarantaine ? »
La touche déco avec des rappels de couleur entre les tiroirs des meubles et la teinte des murs.