À l’heure où nos téléphones deviennent des ordinateurs multimédias, où l’on nous propose des tablettes tactiles pour remplacer nos vieux livres, où l’accès mobile à l’Internet se généralise, notre rapport à l’écrit, à l’image et à l’information s’en trouve-t-il pour autant modifié ?
Le succès de l’iPhone puis de l’iPad, lançés en 2007 et en 2009, s’est trouvé confirmé depuis par la multiplication des appareils de ce type. Il est toutefois difficile, devant cet engouement, de faire la part entre ce qui relève d’un effet de mode et ce qui représente une réelle évolution sociétale.
La vitesse à laquelle évoluent ces nouvelles technologies fait qu’elles précèdent de loin les besoins réels, et tous nous n’utilisons qu’une faible partie des fonctions de nos appareils. Ce qui est vrai pour les matériels l’est également pour les logiciels. Les applications proposées pour ces outils de communication répondent davantage au désir de mettre en œuvre les possibilités offertes par la technique, qu’à une demande réelle du public. Mais n’en a-t-il pas toujours été ainsi ? Il a fallu un certain temps avant que l’automobile ne modifie en profondeur notre société.
Les conditions pour qu’une invention devienne une innovation ne sont pas toujours réunies. Les applications du domaine dentaire, de plus en plus nombreuses, n’échappent pas à ce phénomène. On ne compte plus les fabricants de matériel qui proposent leurs catalogues sur ces nouveaux supports. Dans la grande majorité des cas, il ne s’agit que de plaquettes publicitaires, et l’on ne voit pas bien ce qu’ils apportent de plus qu’un site sur la Toile. Certaines initiatives méritent d’être signalées, qui tentent d’utiliser les fonctions d’interactivité. Elles proposent d’utiliser les tablettes comme outils de communication et de motivation. C’est le cas de l’application Nobel qui fait la promotion des solutions implantaires à travers le témoignage de patients (1). La plupart des fabricants de produits d’éclaircissement dentaire sont également présents. Des solutions, relevant parfois du gadget, vous offrent de « blanchir » vos dents sur vos propres photos (2).
Dans le domaine de la formation des praticiens, il existe de nombreux produits. Si la plupart sont en anglais, il faut saluer la présence de deux applications francophones, SuturesVideo et iMuco, consacrées respectivement aux différents types de sutures et à la chirurgie muco-gingivale.
Du côté de la presse professionnelle là aussi, le niveau d’exploitation des outils s’avère très différent d’un éditeur à l’autre. L’Information dentaire propose une application qui se contente d’afficher la version numérisée du journal. À part la possibilité de sélectionner certaines pages pour les garder en mémoire, on est plus proche de la « liseuse » que d’un véritable outil interactif. De leur côté, les Éditions CdP proposent un fil d’information continu, conçu pour être lisible sur l’écran d’un téléphone (3). Il constitue un complément de la revue papier, et offre au lecteur la possibilité de réagir en ligne. Une des applications qui conjugue le mieux les aspects de communication et de mobilité, est celle élaborée pour le congrès 2012 de l’ADF. Disponible sur iPhone, iPad, BlackBerry et sur les appareils sous Android et Windows Phone, elle permet de préparer sa visite, de se repérer sur place, de communiquer avec les exposants et de prendre des notes (4).
En fin de compte, bien peu d’applications dentaires correspondent au concept de l’Internet mobile. Cela n’est pas spécifique à notre domaine. Il est certain que la multiplication des offres est en grande partie liée à la facilité de diffusion et de rémunération des concepteurs via AppleStore ou Android Market. Cela ne vous rappelle-t-il pas un certain Minitel ?