Plus de stretch, moins de stress

La digue est un accessoire trop peu utilisé dans la profession, malgré son intérêt évident. C’est qu’elle présente aussi quelques inconvénients, dont celui de nécessiter un certain temps pour l’installer. Les plus fanfarons ou aguerris de nos confrères parlent de secondes. Mais pour la plupart d’entre nous, cela se chiffre en minutes. Parmi les qualités requises, une bonne feuille de digue doit être étanche, donc assez ferme, mais suffisamment extensible sans être trop élastique car, autrement, elle risque de propulser le clamp à l’autre bout de la pièce si jamais celui-ci ne s’agrippe pas assez fermement sur la dent. Le passage des points de contact, lorsque l’on envisage d’isoler une hémiarcade, est aussi plus aisé quand le caoutchouc s’étire facilement.

Des produits de grande qualité

La société Hygienic, du groupe Coltène, propose depuis des années d’excellentes digues de caoutchouc naturel ou synthétique. J’ai souvent parlé de mon affection particulière pour la Flexi-Dam sans latex. Son élasticité hors du commun facilite grandement sa mise en place, par exemple autour de l’anneau d’un clamp placé initialement sur la dent, technique qui permet de bien contrôler la position du crampon en s’assurant de sa fixité. Cette digue glisse avec une facilité extrême dans les espaces interdentaires et se place très rapidement sur plusieurs dents contiguës. Cette grande souplesse réduit malheureusement son étanchéité car il lui arrive fréquemment de bailler sans vergogne même si l’on perce des trous plus petits que d’habitude. Mais son plus gros inconvénient est de fondre instantanément au contact des solvants de pâtes canalaires.

Proche de l’idéal

L’Elasti-Dam que vient de lancer Coltène est une digue en caoutchouc naturel, disponible en feuilles carrées de 5 ou 6 pouces, medium ou heavy, vertes ou bleues. C’est la medium verte que j’ai pu essayer. Chaque carré est séparé du suivant par une feuille de papier : impossible de les voir se coller les uns aux autres comme c’est souvent le cas autrement. Pas de poudre, un discret parfum de menthe, et une couleur d’un vert intense, se distinguant parfaitement des structures biologiques, quoique un peu trop « flashy » à mon goût. La capacité d’étirement du caoutchouc est effectivement surprenante : on peut arriver, en l’écartant entre ses doigts, à le rendre presque transparent sans qu’il se déchire. Son étanchéité en bouche est excellente et sa capacité à s’ajuster aux collets irréprochable. Attention tout de même, je suis arrivé à en déchirer une feuille à partir d’un orifice que j’avais manifestement sous-dimensionné de manière excessive. La facilité à passer les points de contact n’est pas aussi grande qu’avec la digue synthétique, mais, ce qui est fort appréciable, sa résistance aux solvants endodontiques est incomparable. Elle se distend un peu lorsqu’une grosse goutte tombe dessus, mais sa cohésion n’est jamais prise en défaut. Pas aussi révolutionnaire que la Framed Flexi-Dam qui, déjà tendue sur un cadre en plastique, s’avère d’un maniement exceptionnellement pratique, l’Elasti-Dam est une évolution tout de même très satisfaisante des productions antérieures que les puristes apprécieront sans nul doute à sa juste valeur.