Clinic n° 09 du 01/10/2012

 

L’ENTRETIEN

Anne-Chantal de Divonne  

Présidente de l’UFSBD depuis janvier dernier, Sophie Dartevelle imprime sa marque. Les valeurs de l’association et ses ambitions de santé publique ne changent pas, assure-t-elle. C’est la méthode qui évolue. Et déjà, les effets sont visibles sur la façon de communiquer de l’association et sur son organisation désormais centrée sur le réseau. A la veille du prochain colloque de l’UFSBD sur la santé bucco-dentaire au féminin, Sophie Dartevelle s’explique.

SOPHIE DARTEVELLE Présidente de l’UFSBD1

Comment succède-t-on à Patrick Hescot à la tête de l’UFSBD ?

Les deux présidents qui m’ont précédée, Léo Hannakowitz puis Patrick Hescot, sont restés chacun 23 ans à la tête de l’UFSBD. Quarante-six ans après la création de l’association, je suis donc seulement la troisième présidente. J’ai beaucoup d’admiration pour l’action de mon prédécesseur avec lequel j’ai travaillé pendant 9 ans en tant que secrétaire générale adjointe puis secrétaire générale. Certains ont pu penser que l’UFSBD s’était éloignée de ses missions premières. En réalité, nous n’avons jamais été aussi présents sur le terrain.

Les valeurs de notre association et nos ambitions de santé publique ne changent pas. Mais le message de l’UFSBD n’est plus porté de la même façon. Cela tient à ma personnalité, à celle des membres du comité directeur, mais aussi à mon attachement au réseau, qui est l’essence même de notre association.

Les messages et les valeurs de l’UFSBD sont véhiculés au quotidien, au sein de la profession et auprès du grand public, par les dirigeants départementaux et régionaux, par les chirurgiens-dentistes au sein de leur cabinet dentaire et en-dehors de leur cabinet, au plus près de la population. Je veux donner la priorité à l’animation, à la fidélisation et à la professionnalisation de notre réseau.

Comment ces changements se traduisent-ils concrètement ?

Les changements les plus visibles concernent, de fait, l’organisation même de notre association, la place et le rôle de nos structures départementales. Aujourd’hui, il n’y a plus que deux adhésions possibles : au niveau départemental et au niveau national. En adhérant à son UFSBD départementale, chaque chirurgien-dentiste soutient les valeurs du mouvement et peut bénéficier de la plateforme de produits et services. L’UFSBD affirme ainsi sa légitimité aussi bien en-dehors qu’au sein des cabinets dentaires et veut donner les moyens et les ­outils aux chirurgiens-dentistes pour communiquer avec leurs patients, les informer et les aider à mieux prendre soin de leur santé.

C’est donc une réaffirmation du fondement même de l’identité de l’UFSBD : un réseau de comités départementaux dynamiques et porteurs de l’ambition de santé publique de toute la profession dentaire. Je pense d’ailleurs que la relation de proximité entre praticiens est primordiale dans l’adhésion à l’UFSBD.

Nos nouveaux supports de communication, magazine et site Internet, participent à ce changement d’image.

Dans deux lettres ouvertes, l’UFSBD a récemment pris position sur les centres low cost et sur des propositions au gouvernement. Est-ce une nouvelle façon de communiquer ?

Ces lettres vont de pair avec un changement dans notre communication globale. Notre nouveau magazine traite de toute l’actualité de la santé bucco-dentaire et de l’évolution de la pratique. Notre but est ainsi de renforcer la visibilité et la lisibilité de l’UFSBD. On adhère à l’UFSBD pour des valeurs et une ambition de santé publique qui s’expriment « dans » et « hors » du cabinet.

Nous avons aussi pris le parti de donner notre position sur des sujets d’actualité importants car nous pensons que nous avons une carte à jouer au nom de la profession. Grâce aux actions de terrain, à nos programmes de santé publique et à nos messages sur le fluor, les sucres de substitution et le chewing-gum sans sucre, nous sommes reconnus dans la profession et auprès des institutionnels. Et notre caution a un fort impact dans le grand public.

Nous avons pris le parti de nous opposer dans une lettre ouverte à la création de centres low cost qui conduisent à une prise en charge partielle des patients. Nous avons aussi écrit au nouveau gouvernement pour demander la mise en place d’un parcours de santé personnalisé. Nous demandons également la revalorisation des actes de prévention et la valorisation de l’éducation à la santé et de l’éducation thérapeutique de nos patients.

Comment sont perçues ces initiatives ?

Nous ne sommes sur le terrain ni syndical ni ordinal. Nous donnons notre position en tant qu’organisme professionnel chargé de la prévention et de la promotion de la santé. Si la première lettre a pu déranger, chacun a maintenant compris notre positionnement et les diverses organisations dentaires considèrent notre action de façon plutôt positive. Sur la prévention, nous avons la chance de tous parler d’une même voix. Et l’UFSBD a l’avantage de pouvoir s’adresser à la fois aux chirurgiens-dentistes et au grand public sans être taxée de corporatisme.

Nous avons chacun notre rôle. Sur la prévention des maladies parodontales qui va devenir le grand sujet, notre objectif est d’informer et de sensibiliser le grand public, de sensibiliser les praticiens à la détection de ces maladies et de travailler avec les sociétés scientifiques pour former le plus grand nombre de praticiens à une interception précoce. Nous militerons pour la valorisation des actes de prévention mais ce sera aux syndicats de l’estimer. Il faut profiter du fait que nous voulons tous avancer dans le même sens pour unir nos compétences. Nos messages n’en seront que plus forts. À ce propos, j’invite tous les chirurgiens-dentistes à nous soutenir dans cette démarche.

1. Union française pour la santé bucco-dentaire.

L’ambition de l’UFSBD ?

Faire reconnaître que la santé bucco-dentaire est primordiale pour la santé globale et placer le chirurgien-dentiste au cœur du parcours de santé des Français. Les implications entre la santé de la bouche et de nombreuses maladies, la nutrition et l’estime de soi sont telles qu’on ne peut pas dire qu’une personne est en bonne santé si elle a une mauvaise santé bucco-dentaire. Ce n’est cependant toujours pas une évidence pour les institutionnels. Nous devons travailler au niveau national dans une logique d’influence. Nous déclinons des actions à la fois vers les institutionnels, le grand public et les praticiens.