Guttaflow 2 (Coltène Whaledent/Roeko)
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Conditionnée sous forme de seringue d’automélange, cette nouvelle version du fameux ciment endodontique à base de silicone et gutta se révèle nettement plus confortable à manipuler. Parviendra-t-elle à gommer les imperfections du passé ?
La société Coltène Whaledent vient de sortir la dernière version de sa Guttaflow. Cette pâte à canaux à base de silicone, lancée vers le milieu des années 2000, a poursuivi jusqu’ici une carrière plutôt discrète, tout au moins dans l’Hexagone. Dérivé du Roekoseal, ce matériau unique affichait pourtant quelques prétentions intéressantes : réaliser à froid une obturation tridimensionnelle du canal, plus rapidement et simplement qu’à la gutta chaude. Pour cela, le fabricant a incorporé à son ciment, tout blanc au départ, des particules de gutta de moins de 30 µm de diamètre censées former, avec des pointes condensées latéralement, un ensemble homogène et compact. Le produit a rencontré un succès d’estime avec des résultats plutôt positifs dans les publications scientifiques : il assure une bonne étanchéité à long terme grâce à son caractère hydrophobe et présente une très faible cytotoxicité.
La Guttaflow était jusqu’à présent conditionnée en capsules à vibrer sur un malaxeur d’amalgame placées, une fois le mélange achevé, dans un pistolet spécial permettant de délivrer la pâte dans le canal via un long embout fin et souple. La seule évolution du produit au cours de ces dernières années a été l’introduction d’une version à prise rapide. Celle du matériau d’origine, trop lente, interdisait la désobturation dans la séance pour sceller un tenon par exemple. Si la Guttaflow 2 conserve la même composition que son aînée, son mode de préparation s’est largement simplifié : les capsules ont cédé la place à une petite seringue de 5 ml à 2 compartiments sur laquelle on fixe une canule de mélange dotée d’un embout intrabuccal. Le matériau est toujours aussi homogène et onctueux, d’une couleur vieux rose caractéristique. Il fuse parfaitement dans la buse d’extrusion mais, celle-ci étant finalement assez courte et plutôt large, il ne progresse pas très loin dans le canal. Quelques obturations de dents extraites, dont j’ai radiographié toutes les étapes, m’ont permis d’apprécier son comportement. Le retrait de l’embout du canal laisse souvent une vacuité qu’un cône unique de gutta ne parvient pas toujours à combler. L’utilisation du lentulo pour propulser la pâte jusqu’à l’apex ne fait qu’aggraver les choses : les bulles d’air se multiplient et l’obturation finit par ressembler à une tranche d’emmental.
Seule la condensation de gutta permet de remplir efficacement tout l’espace canalaire, le ciment fluide occupant ses parties les moins accessibles. La condensation latérale est toujours enseignée dans certaines facultés et encore prisée dans quelques pays européens. Cette méthode est simple et sans danger, mais bien fastidieuse et peu économique. La condensation thermomécanique s’avère, à mon sens, la technique d’obturation la plus rapide et la plus performante, pourvu qu’elle soit correctement maîtrisée. La Guttaflow se prête tout à fait à ce procédé, avec des résultats radiologiques parfaitement convaincants. Toutefois, comme avec n’importe quel ciment canalaire, mais plus encore avec celui-ci, il n’est pas recommandé d’utiliser une grande quantité de pâte lorsqu’on l’utilise. La consistance et la nature du silicone assurent une lubrification telle que la gutta peine à se ramollir sous l’effet du frottement contre le condenseur rotatif. Du coup, introduire une grande quantité de ciment dans le canal via l’embout mélangeur devient un non-sens et entraîne une perte considérable de produit. Il n’en faut qu’une infime quantité, déposée à l’extrémité du maître-cône ou sur une pointe de papier stérile. On serait tenté de mélanger à la main une goutte de chacun de ses deux composants, sans placer la canule de mélange sur la petite seringue, pour éviter tout gaspillage. Malheureusement cela n’est guère possible car celle-ci présente deux compartiments asymétriques. La pression sur le piston ne délivre pas les deux produits à la même vitesse, rendant impossible le contrôle du résultat final.
+
• Qualités physico-chimiques éprouvées
• Mise en œuvre grandement simplifiée
–
• Embouts intrabuccaux insuffisamment fins
• Beaucoup de gaspillage lors du mélange
PRIX DE VENTE RECOMMANDÉ
• 69 € la double seringue auto-mélangeuse