Clinic n° 09 du 01/10/2012

 

DENTISTERIE RESTAURATRICE

Jêrome DAO  

40, place du Millénaire 34000 Montpellier

La restauration occluso-proximale de classe II ou III par des techniques directes représente un acte délicat à mettre en œuvre car il est nécessaire de reproduire la morphologie coronaire pour permettre une physiologie normale. Le système Palodent Plus® (Dentsply) permet de réaliser aisément de telles reconstructions afin de préserver les structures dentaires et parodontales.

La reconstruction de la morphologie coronaire après un processus carieux ou une fracture coronaire par des techniques directes est un acte quotidien dans les cabinets dentaires. Les restaurations occluso-proximales de classe II ou III restent cependant des reconstructions délicates à mettre en œuvre et elles doivent reconstituer la morphologie coronaire pour permettre une physiologie normale [1].

Un défaut de point de contact proximal entre deux dents n’empêchera pas la pénétration alimentaire dans l’espace interdentaire, délimité par la papille interdentaire et le point de contact entre les deux dents [2], provoquant l’accumulation de micro-organismes. Cette présence de micro-organismes favorise des problèmes carieux ou parodontaux par la formation de plaque dentaire à la surface des dents, entraînant une « parodontite locale » [3, 4]. La papille interdentaire a ainsi pour rôle de protéger les structures dentaires et parodontales. Le respect de l’anatomie dentaire avec des points de contact performants constitue la meilleure prophylaxie de la carie et la meilleure protection du parodonte environnant.

Il existe de multiples systèmes permettant au chirurgien-dentiste de recréer l’anatomie occluso-proximale de dents cariées ou fracturées, constitués de procédés écarteurs nécessaires [5, 6]. Le système Palodent Plus® (Dentsply) en fait partie. Ce système a été repensé et amélioré pour permettre aux praticiens de réaliser des points de contact proximaux le plus simplement possible.

Présentation du système Palodent Plus®

Le système Palodent Plus® comporte :

• des coins anatomiques, avec ou sans protection de la dent adjacente ;

• des matrices préformées avec languette ;

• des anneaux en nickel-titane (NiTi) ;

• deux instruments : une pince porte-anneaux et une précelle à clavette.

De nombreuses évolutions rendent l’utilisation du système Palodent Plus® extrêmement agréable en pratique quotidienne.

Tout d’abord, l’ensemble des coins et des matrices présente des artifices de préhension permettant de les mettre en place ou de les déposer très facilement à l’aide de la précelle à clavette (fig. 1 à 3).

Au niveau de la matrice, trois points d’ancrage (fig. 4 à 7) permettent de retirer celle-ci, après la reconstruction coronaire, en la faisant glisser soit en direction occlusale, soit en direction latérale. Cela reste très efficace et très pratique car, après la dépose de l’anneau en NiTi, les deux dents se resserrent fortement sur la matrice et, très souvent, le retrait latéral de celle-ci est facilité.

Outre le fait qu’elles se présentent sous différentes tailles, les matrices ont également vu leur morphologie retravaillée afin que les reconstructions aient une forme des plus anatomiques. Elles sont ainsi concaves et présentent un rebord plus prononcé permettant la reconstruction de la crête marginale. De plus, le système Palodent Plus® propose une matrice avec un profil convexe au niveau de sa partie apicale, permettant une reconstruction des plus anatomiques lors d’un défaut profond, atteignant la jonction amélo-cémentaire, ce qui reste fort pratique pour des reconstructions profondes.

L’anneau Palodent Plus® reste l’amélioration majeure de ce système. En effet, il présente une forme en V dans sa partie apicale, constituée de plastique renforcé avec de la fibre de verre. Cette forme favorise grandement la mise en place du coin.

Les anciens systèmes empêchaient de placer l’anneau librement. Celui-ci pouvait être positionné sur le coin, ce qui le rendait souvent instable (fig. 8 à 10). Il pouvait aussi être au contact de la dent à reconstruire ou de la dent adjacente (cette dernière position n’assurant pas le contact optimum de la matrice et de la dent), mais son effet était moindre car les forces exercées étaient en partie absorbées par le coin.

Ainsi, par sa forme en V, l’anneau Palodent Plus® se positionne aisément, laissant un espace pour le coin qui peut être mis en place avant ou après la pose de l’anneau. Les deux extrémités du V de l’anneau plaquent parfaitement la matrice au niveau de la dent à reconstruire. Elles exercent des forces ainsi parfaitement réparties afin d’écarter les dents pour compenser l’épaisseur de la ou des matrices (fig. 11 et 12).

Cas cliniques

Cas clinique 1 (fig. 13 à 20)

Un patient se présente avec une première molaire maxillaire atteinte d’une fracture coronaire en mésial. Cette molaire possède une reconstruction occlusale avec un amalgame infiltré.

L’indication du soin de la lésion carieuse en mésial et du remplacement de l’amalgame est posée. Après pose de la digue, la dépose de l’amalgame et le nettoyage de la lésion carieuse sont réalisés. La pose de la matrice Palodent Plus® suit ; le coin est ensuite mis en place dans l’espace interdentaire et permet une coaptation optimale de la matrice avec la dent à reconstruire (fig. 16). L’anneau en NiTi est alors positionné et agit sur l’élasticité du ligament alvéolo-dentaire pour écarter les deux dents adjacentes, compensant ainsi l’épaisseur de la matrice. La reconstruction directe se fait à l’aide du système de composites Ceram.X Duo® (Dentsply) ; le mur mésial est reconstitué pour former une cavité de classe I. Le composite fluide SDR® (Dentsply) est ensuite utilisé en fond de cavité, puis il est recouvert par une première couche de composite de teinte dentinaire et par une seconde de teinte émail. La digue est enfin déposée, suivent un contrôle de l’occlusion et un polissage de la reconstruction.

Cas clinique 2 (fig. 21 à 27)

Ce patient présente deux molaires mandibulaires cariées dans leur partie proximale qui possèdent toutes deux des composites occlusaux infiltrés.

Il est décidé de soigner ces deux dents simultanément. Les cavités carieuses sont soigneusement nettoyées, jusqu’à l’obtention d’une dentine saine et/ou réactionnelle. Deux matrices sont ensuite mises en place et maintenues par un coin dans leur partie apicale. L’anneau en NiTi est alors mis en place ; son rôle est encore plus important dans cette situation clinique que dans le cas précédent car la force qu’il va exercer devra compenser non pas une mais deux matrices. La reconstruction est réalisée avec le système Ceram.X Duo® et du composite fluide SDR® en fond de cavité. On peut observer que les crêtes marginales et les murs proximaux de ces deux cavités ont été reconstruits avec une forme anatomique et que l’anneau en NiTi a parfaitement compensé l’épaisseur des deux matrices, comme le montre le point de contact ainsi reconstruit.

Cas clinique 3 (fig. 28 à 35)

Il s’agit d’une situation similaire à celle du cas précédent, avec un patient souffrant de deux lésions carieuses sur deux prémolaires maxillaires. Il est également décidé de soigner les deux dents en même temps. Après nettoyage des lésions carieuses, mise en place de deux matrices, du coin et de l’anneau en NiTi, la reconstruction est réalisée avec les composites du système Ceram.X Duo®. Les deux cavités de classe II sont transformées en cavités de classe I, par la reconstruction des murs proximaux. Puis l’anatomie occlusale est reconstruite. Il s’ensuit un contrôle de l’occlusion et un polissage des reconstructions.

On observe également, dans ce cas, le respect de l’anatomie des murs proximaux et des crêtes marginales avec un point de contact performant malgré l’utilisation simultanée des deux matrices.

Conclusion

Dans les soins des lésions carieuses, la reconstruction des points de contact entre les dents est un acte primordial dans le maintien de la santé dentaire et parodontale. Même si elles représentent un acte quotidien pour le chirurgien-dentiste, ces reconstructions restent délicates à réaliser car de nombreux paramètres doivent être pris en compte : morphologie anatomique des murs proximaux et des crêtes marginales pour la possibilité de passage d’un fil dentaire, absence de surplomb de la reconstruction, étanchéité de la matrice pour la reconstruction optimale, puissance du point de contact.

Le système Palodent Plus® permet de réaliser, le plus aisément, des reconstructions coronaires de classe II ou III, remplissant tous les impératifs de telles reconstructions ; les matrices anatomiques permettent de respecter la morphologie dentaire et les coins d’avoir une étanchéité optimum de la partie apicale, évitant tout surplomb. Enfin, les anneaux en NiTi remplissent différents critères : étanchéité de la cavité, maintien du coin et obtention d’un point de contact performant, même avec l’utilisation simultanée de deux matrices, évitant tout tassement alimentaire.

Bibliographie

  • [1] Loomans BA, Opdam NJ, Roeters FJ, Bronkhorst EM, Burgersdijk RC, Doërfer CE. A randomized clinical trial on proximal contacts of posterior composites. J Dent 2006 ; 34 : 292-297.
  • [2] Ash MM. Wheeler’s dental anatomy physiology and occlusion. Philadelphie : W.B. Saunders,1993.
  • [3] Abrahams H, Kopczyk RA. Gingival sequela from retained piece of dental floss. J Am Dent Assoc 1983 ; 106 : 57-58.
  • [4] Hancock EB, Mayo CV, Schwab RR, Wirthlin MR. Influence of interdental contacts on periodontal status. J Periodontol 1980 ; 51 : 445-449.
  • [5] Van der Vyver PJ. Posterior composite resin restorations. Part 3. Matrix systems. J South Afr Dent Assoc 2002 ; 57 : 221-226.
  • [6] Rothe F. La reconstruction du point de contact par les matériaux plastiques. Évaluation des mouvements, mise en œuvre. Odontologia 1985 ; 6 : 9-33.