Une lime NiTi pour l’évasement de l’entrée du canal usinée par électroérosion et non meulage traditionnel : c’est le défi lancé par une nouvelle entreprise française qui voudrait bien entrer dans la cour des grands
Quand la publicité sibylline de cet instrument s’est affichée sur le Net, j’ai été intrigué : elle annonçait une petite révolution pour le congrès de l’ADF 2011. Je me suis donc rendu sur le stand de Neolix, nouvelle société française qui l’a conçu, et ai rencontré ses dirigeants et ingénieurs pour une longue discussion. Au bout de quelques mois, j’ai enfin réussi à obtenir l’Initial, aperçu sur le stand mais pas encore commercialisé à l’époque.
L’Initial ressemble à s’y méprendre, tout au moins pour ce qui concerne la forme, la longueur, le profil et l’usage, à l’Endoflare de Micro-Mega. Rien d’étonnant à cela si l’on sait que les deux ingénieurs maison, une fois prise leur retraite de la société bisontine, sont à l’origine de la compagnie, sise à Châtres-la-Forêt en Mayenne. Ces nouveaux entrepreneurs, d’âge bien mûr mais très jeunes par leur enthousiasme et leur ambition, croient dur comme fer à leur projet.
L’originalité de l’instrument résulte de son processus de fabrication. Contrairement aux limes endodontiques classiques, usinées à l’aide de meules à partir d’une tige de métal, l’Initial est littéralement sculpté par électroérosion. Sept brevets ont été déposés pour protéger cette invention. J’ai vaguement compris, d’après les explications du fabricant, que le nickel-titane était découpé à l’aide d’un fil métallique autorisant les profils de lame les plus audacieux, impossibles à obtenir avec les meules traditionnelles.
De fait, la lime en question présente un aspect très particulier. Sa partie non travaillante n’a pas une section circulaire mais polygonale, et les lames de coupe ne ressemblent à rien de connu. La surface du métal n’est pas lisse et brillante mais grenée, comme constituée d’une multitude de minuscules pépites agglomérées les unes aux autres.
À l’usage, l’Initial se révèle aussi efficace, mais pas plus que l’Endoflare. Cet instrument de 25/100e à la pointe et de 12 % de conicité est préconisé pour l’évasement préalable de l’entrée du canal. Mieux vaut d’abord avoir exploré ce dernier jusqu’à l’apex à l’aide de limes de petit diamètre et ne pas trop forcer en direction apicale. Je n’ai pas observé de butée, mais cela reste parfaitement possible étant donné la forme arrondie de l’extrémité de l’instrument. Celui-ci n’étant pas bien pointu, il me semble préférable de ne pas insister en début de préparation s’il ne pénètre pas très loin et de l’employer d’une manière plus extensive en fin d’intervention. Pour éprouver sa résistance, je l’ai pressé latéralement avec insistance sur les parois canalaires. Hélas, dans une racine un peu calcifiée, sa pointe s’est fracturée sans crier gare au bout de quelques instants. Rassurez-vous, il s’agissait d’une dent extraite : j’ai pour habitude d’être prudent lorsque je teste un nouveau matériel endodontique.
Cette nouvelle lime n’est donc ni plus ni moins performante que d’autres de même forme. Réussira-t-elle à conquérir le marché ? Il faudrait pour cela que les fabricants innovent surtout en créant un ou plusieurs instruments capables d’effectuer la totalité du traitement avec des avantages uniques pour l’utilisateur. Ils ont certes démontré la fiabilité de leur procédé de fabrication et nous assurent de possibilités inégalées. Il ne reste plus qu’à mettre cela en pratique. Car posséder un riche vocabulaire et maîtriser parfaitement la grammaire ne suffisent pas pour devenir un auteur à succès.
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• Forme et profil ayant fait leurs preuves
• Un produit français
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• Aucune innovation sur le plan des performances ou de l’utilisation
PRIX DE VENTE RECOMMANDÉ
• 34 € la plaquette de 4 instruments