La perle du Japon

La société japonaise Kuraray est réputée pour ses excellents adhésifs de la gamme Clearfil. Les versions automordançantes sont, de l’avis des meilleurs experts, parmi les plus performantes au monde. On connaît moins sa gamme de composites Majesty, présentée pour la première fois en Europe il y a déjà plusieurs saisons.

Déclinée en versions Antérieur esthétique, Flow et Postérieur, c’est cette dernière que j’ai voulu tester ici. Et comme toujours, plutôt que de choisir les traditionnelles seringues à vis qui ne me plaisent pas beaucoup, j’ai commandé des capsules pour pistolet en teinte A3, la plus universelle à mon avis.

Des capsules étranges

La première chose qui frappe en les voyant, une fois leur petit capuchon orange retiré, c’est l’angle très plat que forme la buse par rapport au corps. J’imagine que les capsules ont d’abord été conçues pour les incisives et les canines où, dans un grand nombre de cas, cette forme bizarre s’avère relativement appropriée. Mais pour atteindre le fond d’une cavité sur une deuxième molaire, elle impose une ouverture de bouche beaucoup moins confortable.

Le sérieux de la firme Kuraray est impressionnant lorsqu’on consulte l’ensemble de la bibliographie scientifique en ligne sur son site Internet. Une soixantaine de pages, illustrées de maints graphiques et images, décrivent les propriétés physiques et chimiques des différents composites ainsi que les expérimentations dont ils ont fait l’objet.

Des qualités hors pair

Nous apprenons que le Clearfil Majesty Posterior contient 82 % de charges – nanoparticules (20 nm) et microparticules (1,5 µm). Il présente une résistance à la flexion de 177 MPa et affiche une rétraction de polymérisation de seulement 1,5 % en volume. De telles propriétés mécaniques le placent dans le peloton de tête des composites postérieurs. Les nanoparticules sont en alumine et non en silice et les microparticules en verre d’oxydes métalliques. L’ensemble est optimisé pour une résistance à l’usure proche de celle de l’émail. La résine de base est hydrophobe pour réduire l’absorption d’eau du composite une fois qu’il est polymérisé et pour améliorer la pérennité des restaurations.

Esthétique discutable

Difficile de se rendre compte de ces qualités sur le plan clinique. Le matériau semble effectivement très sec, quoique parfaitement souple. Comme beaucoup de composites originaires du Japon, il se modèle facilement et ne colle pas à la spatule. Les surfaces sont d’emblée lisses et brillantes. De même, il ne coule pas et s’avère pratique pour mettre en forme les reliefs occlusaux. Le seul inconvénient que je lui ai trouvé vient de son aspect : l’A3 m’a semblé significativement plus clair que celui d’autres marques. Le produit est opalescent et légèrement translucide, donc peu mimétique : au final, les restaurations paraissent un peu grises. Le Clearfil Majesty Posterior est disponible en 6 teintes (A2, A3, A3.5, B2, XL et OA3). Il faudrait tester les autres nuances, en particulier l’opaque et l’A3.5, pour vérifier si cette impression se confirme. Car, hormis cette mauvaise concordance de teinte, ce composite s’avère tout à fait recommandable.