DÉTARTRAGE/HYGIÈNE
Le détartrage est une activité quotidienne en omnipratique. Au lieu de nous plaindre du manque d’intérêt de cette tâche, trouvons les moyens les plus rapides, les plus efficaces et les plus confortables de nous en acquitter.
J’ai succédé, dans l’un des cabinets où j’ai travaillé, à une consœur chargée de la maintenance parodontale des patients du titulaire, spécialisé en chirurgie. Elle avait à sa disposition un nombre incalculable de curettes manuelles de toutes sortes. Inutile de vous dire la difficulté à entretenir tout ce petit monde et le casse-tête pour reconnaître chaque instrument et sa fonction. Après quelques essais, j’ai fini par sélectionner deux curettes polyvalentes qui, à elles seules, permettent de traiter toutes les surfaces dentaires sus-gingivales et sous-gingivales, où qu’elles se trouvent.
Ce sont les S 129 et SL 3/4 de chez Hu Friedy, de préférence à manche large, tellement plus confortables que les ridicules versions étroites si pénibles à serrer entre les doigts (fig. 1). La première est parfaite pour le bloc incisivo-canin grâce à la finesse de ses arêtes. La seconde, dont l’ensemble des courbures est idéal, est équipée de lames actives des deux côtés de chaque extrémité, contrairement aux curettes de Gracey. Avec elle, le curetage des faces mésiales ou distales, au maxillaire ou à la mandibule, assure une position de la main optimale et une orientation parfaite du tranchant.
Maintenant que les units sont équipés de détartreurs à ultrasons, tous les praticiens utilisent cet appareil d’une manière pratiquement exclusive pour leurs détartrages. Les inserts les plus répandus sont assez gros, avec une simple angulation qui impose des positions de la main parfois contraignantes. À mes yeux, les inserts longs, droits et fins, de type Paro que l’on trouve dans toutes les marques sont beaucoup plus utiles car sans équivalent pour atteindre les furcations profondes ou les faces proximales en cas de poches sous-gingivales de plusieurs millimètres (fig. 2). Ils sont également bien pratiques pour désagréger les ciments de scellement, par exemple autour de tenons, avant d’employer des extracteurs plus sophistiqués.
Les détartreurs à ultrasons, incomparables pour détacher les gros blocs calcifiés durs et adhérents, sont rarement capables d’éliminer les colorations de faible épaisseur, dues au café, au tabac ou au thé, qui grisaillent les surfaces linguales ou palatines.
J’ai découvert il y a de nombreuses années l’efficacité des détartreurs à air sur ce type de dépôts. Ces appareils, que l’on branche sur le cordon air-eau de la turbine, ont des qualités uniques. Vibrant à une fréquence beaucoup plus faible (environ 6 500 Hz maximum au lieu de 20 000 pour les ultrasons) et avec une amplitude différente, ils éliminent très rapidement ces fameux résidus. Leur action est ressentie beaucoup moins douloureusement par les patients que celle des ultrasons. Le recours à l’anesthésie est exceptionnel. Enfin, et c’est l’un de leurs plus gros atouts, ils reçoivent des inserts d’une forme plus anatomique, avec plusieurs angulations qui autorisent une position de la main parfaitement confortable, même pour atteindre des régions difficilement accessibles.
Parmi tous les modèles de détartreurs soniques que j’ai pu essayer, plusieurs m’ont bien plu, chacun à sa manière, mais aucun ne m’a semblé idéal en tous points. Le modèle que j’ai choisi est assez rustique, mais je le préfère à tous les autres : c’est le Blissonic™ de la société américaine Star Dental (fig. 3). Comme beaucoup d’équipements en provenance des États-Unis, il est de conception rudimentaire, donc très facile à démonter et à réparer si nécessaire. Le raccord propriétaire est un modèle de confort. Il permet à la pièce à main de tourner sur elle-même avec une facilité incroyable. N’utilisant pas de turbine, je l’ai installé à demeure sur le cordon air-eau de mon unit. Les inserts universels du Blis-sonic™ ont une forme inégalée (fig. 4). L’appareil est d’une efficacité redoutable sur tous les dépôts durs, épais ou pas, sauf ceux très fermement adhérents, généralement sous-gingivaux, que seuls les ultrasons parviennent à désagréger. Je réalise 95 % de mes détartrages avec ce sonique. Dire qu’il ne présente que des qualités serait mentir. L’appareil a deux défauts importants : il est bruyant – un sifflement assez fort – et il éclabousse beaucoup en raison de la conception des inserts.
J’ai comme tout le monde tâté un temps aux aéropolisseurs. Ce n’est pas ma tasse de thé. Des poussières partout, la difficulté de travailler en vision indirecte dans le miroir, la nécessité de nettoyer l’unit et tout ce qu’il y a autour après chaque séance de prophylaxie sont autant d’inconvénients pour moi rédhibitoires. Hors cas exceptionnels, le sonique élimine très rapidement une quantité considérable de colorations dans des conditions de confort tout à fait acceptables. Le passage d’une cupule de caoutchouc suffit ensuite à parfaire ce travail en quelques instants, sans qu’il soit besoin d’employer le jet de poudre de bicarbonate ou autre.
Même si les pâtes prophylactiques ont parfois leur utilité, il existe des cupules, et aujourd’hui des pointes en caoutchouc, parfaites pour réaliser le travail à sec, sans éclaboussures un peu partout. Ce sont les Hawe Pasteless Prophy de chez Kerr (fig. 5). Employées sur simple contre-angle bague bleue, ces cupules bleu ciel sont idéales pour compléter proprement et en douceur l’action du sonique. Certes, elles s’usent et perdent leur forme rapidement, mais on peut facilement les nettoyer et les stériliser pour s’en servir une bonne dizaine de fois avant de les jeter.