Isolation salivaire
L’isolation salivaire est un problème crucial en chirurgie dentaire. Indispensables à une pratique efficace et performante, les dispositifs d’aspiration des fluides occupent une place de choix parmi nos équipements.
Travailler en vision indirecte est l’une des clés de la santé du chirurgien-dentiste. Il doit s’aider pour cela de miroirs performants et lumineux. Si l’on travaille seul ou rarement assisté, les Mirror Suction (Seil global/Générique international) constituent la seule solution aujourd’hui valable pour combiner vision indirecte et aspiration efficace de la salive et des liquides de spray. Ces miroirs, qui se vissent à l’extrémité d’un manche creux équipé d’une jolie protection en silicone coloré, sont percés, sur la tranche et la face postérieure, de 4 orifices par lesquels s’évacuent les fluides (fig. 1 et 2). On branche le manche sur un tuyau en caoutchouc gris, lui-même emboîté sur le gros conduit d’aspiration chirurgicale. Apprendre à se servir du système réclame un peu de persévérance, sinon d’astuce. Mais une fois le réflexe acquis, c’est un outil indispensable qui simplifie la vie d’une manière insoupçonnée. Un seul regret : la luminosité des miroirs disponibles depuis 3 ou 4 ans n’est plus la même qu’à l’origine. Du coup, l’ensemble n’est plus aussi performant qu’auparavant, même si le concept reste génial. Si, d’aventure, le miroir devient illisible à cause des gouttelettes qui s’y accumulent ou de résidus de ciment ou d’amalgame qui souillent sa surface, utilisez un spray abaisseur de tension superficielle pour y remédier. Le plus facile à se procurer en France, est la Solution antibuée vendue par Prodont-Holliger (fig. 3). Juste un petit reproche à lui faire : son odeur chimique pas vraiment engageante.
Personne ne me contredira, même si peu d’entre nous en sont des consommateurs acharnés, la digue est aujourd’hui encore le moyen le plus sûr et le plus efficace d’isoler parfaitement les dents sur lesquelles on doit travailler. Si vous voulez gagner du temps et du confort, préférez l’Hygienic® Framed FlexiDam (Coltène Whaledent) (fig. 4). Cette feuille de caoutchouc synthétique violette est vendue déjà montée sur un cadre souple en plastique blanc. Pour la percer, il faut employer une pince à mors longs car, autrement, vous aurez quelques difficultés à faire le trou au bon endroit. Elle est tellement souple et extensible qu’il faut sous-dimensionner les orifices d’au moins 2 tailles. L’énorme avantage de cette digue, c’est qu’on peut, une fois le clamp à ailettes installé dessus, la placer directement en bouche sans avoir à la tendre secondairement sur le cadre. Une opération qui s’effectue en quelques secondes, même lorsqu’il faut isoler plusieurs dents, pourvu qu’on ait choisi le crampon adéquat (fig. 5). Ceux sans ailettes fonctionnent également, mais en raison de la très grande élasticité de la feuille, ils ne parviennent pas toujours à la retenir de façon parfaite. Revers de la médaille, celle-ci peut parfois perdre son étanchéité en cours d’intervention. Pour y remédier, rien de tel qu’une lichette d’OraSeal® (Ultradent) (fig. 6). Déposée tout autour de la couronne, cette pâte blanche à l’adhésivité remarquable assurera un joint tenace avec le caoutchouc de la digue. La FlexiDam est beaucoup plus facile à installer sur plusieurs dents contiguës que les autres digues. Pour passer les points de contact, il faut du fil de soie. Le Mirafloss®, de chez Hager et Werken, en distributeur de 200 m est disponible en vert : idéal pour le localiser une fois qu’on s’en est servi sur les plateaux de travail souvent blancs et ne pas avoir à le chercher indéfiniment si l’on veut l’utiliser de nouveau (fig. 7). Au niveau antérieur, vous connaissez sûrement le moyen de fixer la digue entre 2 dents sans utiliser de clamp : 1 cm de Wedjet® (Hygienic) (disponible en plusieurs épaisseurs), découpé dans son dévidoir bien pratique, et le tour est joué (fig. 8) !
J’ai découvert il y a peu, chez SD2, un dispositif plutôt intéressant, le crampon Hallerklammer mis au point en Allemagne (fig. 9). Il s’agit d’un clamp muni de très longues ailettes capables de soutenir des rouleaux de cotons de part et d’autre de l’hémi-arcade. Le crampon se place non pas sur les molaires mais sur une prémolaire en avant de la zone à traiter, avec les bras orientés vers l’arrière. Il faut installer les rouleaux de coton côté vestibulaire et lingual, avant de placer le clamp. Autrement, la manœuvre est extrêmement difficile et inconfortable pour le patient. Les longues ailettes forment une sorte de petite cage pour accueillir deux rouleaux de coton supplémentaires pour une isolation parfaite. Ces branches métalliques ne sont pas forcément idéalement situées par rapport aux tissus mous – elles peuvent frôler les lèvres ou le procès alvéolaire –, mais l’ensemble fonctionne plutôt bien dans les situations parfois désespérées que nous rencontrons tous au quotidien. Un outil que je conseille d’avoir sous la main, même si son usage peut n’être qu’épisodique.
Pour travailler à l’aise à la mandibule, on peut employer un cale-bouche du côté opposé et une canule Hygoformic® (J.H. Orsing) contre les dents à traiter (fig. 10). Cet ensemble est tout à fait efficace dans la majorité des cas, même si le confort de la canule serpentin reste très rudimentaire. Nettement supérieure aux canules droites ou courbées conventionnelles, elle s’avère imprécise dès que l’on dépasse la deuxième molaire, que la langue est volumineuse et que le patient tourne la tête à droite ou à gauche. Elle peut même faire carrément mal au niveau de la muqueuse côté lingual, notamment chez les enfants, lorsqu’elle se place de travers.
À l’occasion de mes nombreuses visites sur le Web, j’ai découvert un produit vraiment surprenant, malheureusement en vente seulement aux États-Unis et qui représente une alternative sérieuse à la digue. L’Isodry™(Isolite™ Systems) est un dispositif en plastique souple, transparent et à usage unique, qui se branche, via un embout spécial, sur le tuyau de l’aspiration chirurgicale (fig. 11). L’ensemble constitue à la fois un cale-bouche et un écran qui isole les 2 hémiarcades qui se font face, de la langue et des joues jusqu’au niveau des premières molaires. Des perforations tout le long de ses bords assurent l’évacuation quasi totale des fluides introduits en bouche, y compris de la salive du patient du côté opposé (fig. 12). Pourvu que l’on choisisse la bonne taille (5 modèles disponibles) et que la configuration de la cavité buccale ne soit pas trop atypique, les résultats sont remarquables. Les patients apprécient majoritairement le système, quoique certains trouvent ses bords légèrement agressifs – ils sont pourtant très souples – au niveau du plancher de la bouche. À l’origine conçu sous le nom d’Isolite™ avec un éclairage qui illumine l’intérieur de la bouche, le dispositif est aujourd’hui également proposé dans une version sans lumière moins chère, l’Isodry™.