Mme N., en vacances, a mal aux dents et consulte un chirurgien-dentiste de la station balnéaire où elle est en villégiature.
Le Dr M. reçoit la patiente en urgence mais, ne disposant pas du temps suffisant pour faire la biopulpectomie nécessaire, met en place un sédatif et un eugénate sur la dent.
Il recommande à la patiente de se rendre chez son praticien traitant dès son retour chez elle.
La patiente consulte son praticien dans le mois qui suit et celui-ci commence le traitement endodontique : une première radiographie préopératoire est prise qui montre une petite image apicale sur la 37.
Le traitement endodontique ne se passe pas comme il faut : le praticien fait un cathétérisme qui ne va pas jusqu’au bout de la racine et un faux canal est ébauché ; le praticien met en place dans le canal un eugénate.
Il revoit sa patiente plus de 2 mois plus tard et la radio montre, en regard du faux canal ébauché, une nécrose osseuse ayant l’aspect d’un tunnel, atteignant l’apex de la 38.
Inquiet, il adresse Mme N. à un stomatologue avec un courrier dans lequel il écrit : « Mme N. a consulté en urgence un confrère pour une pulpite de la 37 ; il a traité l’urgence au moyen d’un arsénieux qui a malheureusement gravement endommagé l’espace 37-38. »
Compte tenu de la mobilité importante de la 38, le stomatologue extrait la dent dans un premier temps puis, face à l’aggravation de la situation, il extrait la 37.
La patiente porte plainte contre le praticien qui a fait le premier soin d’urgence, forte du courrier rédigé par son praticien.
Lors de l’expertise judiciaire, l’expert mandaté par la compagnie qui assure en responsabilité civile professionnelle le Dr M. démontre, à la lecture des radiographies, qu’il n’y avait aucun séquestre osseux de la papille au départ des soins endodontiques et qu’il est apparu à la suite de ces soins. De plus le Dr M. apporte la preuve qu’il n’a jamais acheté d’arsénieux, courrier de son fournisseur à l’appui. Les conclusions de l’expertise judiciaire se retournent donc contre celui qui a porté une accusation mensongère.
1. Assumez vos erreurs et ne les cachez pas au patient : celui-ci peut vous pardonner une faute si vous vous expliquez, mais certainement pas si vous la lui cachez ou s’il la « découvre » au cours d’une consultation extérieure.
2. Faites rapidement une déclaration à votre assureur en responsabilité civile professionnelle en cas d’incident, pour preuve de votre bonne foi vis-à-vis de votre patient, qui sera ainsi moins vindicatif.
3. Réfléchissez avant d’écrire.
4. Écrivez seulement ce qui est indiscutable et démontrable ; appuyez-vous sur des documents et radiographies fiables dont l’interprétation n’est pas sujette à discussion.
5. Utilisez le conditionnel : dans le cas étudié, si le praticien avait utilisé le conditionnel en écrivant « il semblerait que le praticien ait utilisé un arsénieux », l’accusation aurait été moins lourde de conséquences.
6. Utilisez la formule « M. ou Mme X. nous dit…. ».
7. Pensez aux conséquences de ce que vous écrivez : un courrier rédigé à la hâte peut vous amener, vous ou un confrère, devant les tribunaux, situation ô combien stressante.
8. Soyez confraternels : la lecture du Code de déontologie et son application pourront vous éviter bien des faux pas.
N’oubliez pas que notre métier est difficile, que l’erreur est humaine et qu’il n’y a pas que les autres qui se trompent.