PAS À PAS
AHU, Hôpital Garancière-Rotschild AP-HP
Université Paris Diderot
Pratique privée à Paris
Les récessions gingivales ont pour conséquence une exposition de la racine dentaire, une perte de support osseux vestibulaire et une diminution de la hauteur de tissu kératinisé. Cela entraîne des sensibilités radiculaires, une usure de la racine exposée sous l’effet du brossage, un risque accru de développement de caries radiculaires et une fragilité du parodonte superficiel face à une éventuelle prothèse. Fréquemment, le patient consulte aussi pour des raisons esthétiques et la chirurgie plastique parodontale permet de recouvrir la racine, de modifier le biotype parodontal en le renforçant et d’améliorer l’esthétique en harmonisant les niveaux des collets ainsi que la couleur et l’épaisseur de la gencive.
De nombreuses techniques ont été proposées et évaluées cliniquement pour recouvrir les racines dentaires [1]. Elles se répartissent selon trois grandes catégories :
• les lambeaux déplacés pour lesquels des tissus adjacents à la récession sont repositionnés sur le défaut (lambeaux déplacés latéralement, lambeaux bipapillaires, lambeaux déplacés coronairement et lambeaux semi-lunaires) ;
• les techniques de greffe qui font appel à un transfert de tissu mou d’une région distante de la zone à recouvrir (généralement le palais ou la tubérosité). Ces greffes peuvent être des greffes gingivales libres lorsqu’un greffon épithélio-conjonctif est positionné sur un lit receveur ou des greffes de tissu conjonctif enfoui lorsque le greffon est complètement ou partiellement recouvert par un lambeau. Celui-ci peut être bipapillaire, déplacé latéralement ou coronairement ;
• pour cette dernière catégorie, on parle de la technique de l’enveloppe si elle est réalisée sans incision de décharge [2-4].
Le pas à pas de cette dernière procédure sera décrit dans cet article.
Les greffes conjonctives enfouies présentent l’avantage d’améliorer le biotype parodontal et d’obtenir des taux de recouvrement importants tout en donnant un fondu appréciable avec les zones collatérales. Le taux de recouvrement moyen varie de 80 à 100 % selon la technique princeps [2] sachant que les résultats sont moins bons chez les patients fumeurs [11]. Il semblerait que l’origine du tissu conjonctif joue un rôle. En effet, un conjonctif pris à la tubérosité maxillaire (tissu plus dense, moins cellulaire et plus fibreux) favoriserait le recouvrement. Du point de vue esthétique, il a été montré que les greffes conjonctives enfouies donnent de meilleurs résultats que les greffes gingivales libres (greffes épithélio conjonctives) en particulier du fait de l’absence de dyschromie caractéristique blanche [12]. Cependant, bien que la technique du tunnel soit séduisante du fait de l’absence d’incisions de décharge, elle reste complexe à réaliser et nécessite une courbe d’apprentissage.