Dans son livre La denture c’est l’aventure, Julien Bory fait partager les deux passions qui l’animent. Celle du voyage et celle de son métier. Le prothésiste s’est fait reporter pendant 18 mois, interrogeant les acteurs de la prothèse, visitant 17 facultés dentaires, une centaine de laboratoires, plus d’une cinquantaine de cliniques… Un voyage doublé d’une mission humanitaire qu’il poursuit depuis son retour.
Un encart paru dans Technologie dentaire en 2006. Il émanait d’un laboratoire cambodgien à la recherche d’un formateur bénévole. J’avais déjà le désir de voyager et là, j’avais trouvé le prétexte qui me manquait pour réaliser ce rêve.
Mes parents m’ont donné très tôt le goût du voyage, ou plus exactement le goût de l’ailleurs. Je voulais être steward pour voyager et après le bac, je me destinais à des études littéraires d’anglais. Mais j’avais envie d’être indépendant le plus vite possible, ce qui n’était guère compatible avec un cursus long. Mon désir d’autonomie l’a emporté et j’ai opté pour le CAP de prothésiste dentaire en me disant : « j’essaye d’abord pour 1 an ». Mon père – un référent dans le domaine de la prothèse totale, spécialisé dans le concept Gerber – n’est pas intervenu dans mon choix, mais sa vision très positive du métier y a certainement contribué.
Après 4 années d’expérience – 2 ans d’apprentissage et 2 ans de pratique – où j’ai pris mon travail très au sérieux, toujours demandeur de formation, j’ai pu rapidement évoluer. J’ai vite réalisé que j’avais beaucoup de plaisir à transmettre mon savoir aux apprentis.
Oui, à Chitrakoot, au centre dentaire d’Arogyadham au sein de l’organisation non gouvernementale DRI (voir note). J’y suis resté 3 semaines en août 2007 et j’y suis revenu d’avril à juin 2008. J’y ai formé Mukesh, un ex-artisan bijoutier qui travaillait au centre en tant qu’assistant dentaire et qui, occasionnellement, réalisait des prothèses ! Le programme était intense mais la soif d’apprendre de Mukesh tout aussi forte.
Arrivé de Delhi avec quelques outils indispensables (un micromoteur, un réchauffeur de cire, des spatules, de la cire, etc.), j’ai pu récupérer un matériel de seconde main afin d’installer un laboratoire. Faute d’éléments suffisants, j’ai dû faire preuve d’inventivité. Avec les moyens du bord, j’ai réussi à confectionner un pointeau central pour avoir un enregistrement de la relation centrée sans les erreurs inévitables et les risques de pathologie articulaire que peut donner une simple cire d’occlusion.
En créant Global Denture, j’ai voulu poursuivre le travail commencé en Inde et pouvoir répondre à de nouvelles demandes émanant d’autres ONG, comme La voix de l’espoir d’Abidjan. Je n’imaginais pas que cela allait m’entraîner dans un travail d’une telle ampleur.
L’idée n’est pas venue tout de suite car il y a déjà beaucoup de livres d’écrivains voyageurs et je n’ai pas de talent particulier pour l’écriture. Mais j’ai réalisé qu’au-delà des récits de voyage, j’avais collecté des informations inédites essentielles qui pouvaient intéresser un large public de professionnels désireux de savoir dans quelles conditions exercent des prothésistes dentaires dans les pays d’Asie, comment sont fabriquées les prothèses d’importation à bas coût en Turquie, en Chine… pour lui permettre de situer son propre niveau. J’ai donc voulu donner à lire les observations précises et fiables d’un reporter prothésiste. Cette vision professionnelle fait l’objet de la seconde section de l’ouvrage. J’ai choisi l’autoédition pour avoir une totale liberté d’expression.
Il s’agit de ne pas se voiler la face mais de se poser les bonnes questions dans un contexte en pleine mutation. Sans parti pris, mon livre rend compte de réalités très contrastées mais forcément partielles : à titre d’exemple, des dents habillées d’or – une pratique incontournable au Kazakhstan où les habitants veulent avant tout montrer leur richesse – aux prothèses sur empreintes digitalisées, réalisées dans des laboratoires hypermodernes à Bangkok.
Poursuivre mon engagement humanitaire en présentant mon action dans les écoles, les facultés, les congrès (j’attends beaucoup de retombées de ma présentation à Dental Forum) et assurer mon avenir professionnel. Presque une gageure !
Association créée à mon retour de voyage pour collecter matériel et équipement dentaire afin de continuer l’aide humanitaire, tout d’abord en Inde, dans le département de l’ONG DRI, et pour d’autres projets à venir. Recherche espace de stockage pour le matériel, financement et bonnes volontés…
Julien.dynasites.info
>Chitrakoot.org
Chitrakootuk.org
globaldenture.free.fr