Clinic n° 04 du 01/04/2012

 

DÉMOGRAPHIE

ACTU

A.-C. de D.  

Comment sensibiliser les étudiants à l’exercice en milieu rural et leur donner le goût de s’y installer ?

La Lozère a décidé de prendre les devants et d’inciter les jeunes diplômés à goûter à un exercice sur place. « Il fallait réagir vite », explique le président de l’Ordre départemental Pierre Lafont. La démographie professionnelle est devenue précaire. Dans ce département, qui compte 48 chirurgiens-dentistes pour 100 000 habitants alors que la moyenne nationale est de 64 pour 100 000, 10 praticiens sur les 38 actuels partiront à la retraite dans les 5 prochaines années. Ni les mesures incitatives nationales ni les mesures propres à la Lozère, classée zone de revitalisation rurale en 2005, n’ont permis de faire remonter les statistiques. Même si ces mesures paraissent très avantageuses : exonération de l’impôt sur le revenu pendant 5 ans et de l’impôt sur la rémunération perçue au titre de la permanence des soins, exonération de la contribution économique territoriale et de la taxe foncière pendant une période de 2 à 5 ans.

Une aide aux études

Le département propose donc dès cette année deux types de bourses aux étudiants en chirurgie dentaire. La première est une bourse de stage de 400 euros attribuée à un étudiant pour chaque mois de stage effectué chez un praticien de la Lozère. Cette bourse est complétée par le remboursement de ses frais de déplacement (un aller-retour par semaine) entre la faculté et le lieu du stage. Une seconde bourse, « d’engagement », d’un montant de 700 euros par mois, sera versée aux étudiants de 5e et 6e années en chirurgie dentaire en contrepartie de l’engagement, dès l’obtention du diplôme, d’exercer leur activité professionnelle en Lozère pendant une période minimale de 5 ans. « Pour le moment, nous comptons plus sur la bourse d’engagement que sur la bourse de stage car il y a encore trop peu de maîtres de stage dans le département », explique le secrétaire général de l’Ordre de la Lozère, Jean-François Lafont.

Jean-Paul Bonhomme, président de la commission Action sociale de la Lozère, est emballé par la formule. « Il faut mettre en contact le candidat et le territoire », affirme-t-il. D’ailleurs, les cas de professionnels de santé qui s’installent en Lozère après une expérience sur place ne sont pas rares. Et ce système de bourses déjà en place pour les médecins connaît un réel succès. Trois médecins sont déjà installés et 7 autres bénéficient actuellement d’une bourse. Expérimenter l’exercice sur place permet en effet de balayer les « images fausses » que certains peuvent avoir du département. Les nouveaux venus sont d’ailleurs agréablement « surpris et apprécient la qualité de vie et les relations avec les patients », remarque J.-P. Bonhomme.

« Ce sont des mesures intelligentes et j’aimerais que d’autres conseils généraux les reprennent », souhaite Christian Couzinou en regrettant que le contrat d’engagement de service public des étudiants en médecine ne bénéficie pas aussi à ceux en dentaire. Aujourd’hui, l’État verse, en effet, une bourse de 1 200 euros par mois à un étudiant en médecine à condition qu’il s’installe dans un lieu défini par l’Agence régionale de santé (ARS) locale.