DE BOUCHE À OREILLE
Après l’affaire des prothèses chinoises, la profession se bat désormais contre les bars à sourire, réduction inadmissible de ses capacités et dangers publics. Et aussi contre un syndicat de prothésistes qui veut valider notre qualité de revendeurs de prothèse, afin de pouvoir proposer leur production en direct. Et enfin, dernière attaque connue, contre des cabinets dentaires de groupe qui proposent des tarifs très bas pour les prothèses et les implants. Des prix irréalistes...
Après l’affaire des prothèses chinoises, la profession se bat désormais contre les bars à sourire, réduction inadmissible de ses capacités et dangers publics. Et aussi contre un syndicat de prothésistes qui veut valider notre qualité de revendeurs de prothèse, afin de pouvoir proposer leur production en direct. Et enfin, dernière attaque connue, contre des cabinets dentaires de groupe qui proposent des tarifs très bas pour les prothèses et les implants. Des prix irréalistes pour qui connaît la réalité économique d’un cabinet dentaire. Or, ces structures sont rentables, ces tarifs (d’appel ?) entraînant un afflux important de clientèle. Il n’y a là-dedans ni tour de magie ni arnaque sauf peut-être, parfois, une tendance au surtraitement.
La réalité est autre. Ces cabinets ne peuvent être rentables que pour deux raisons :
• une gestion rigoureuse, une chasse permanente aux coûts, épaulée par une organisation du travail précise, permettant une considérable augmentation de la productivité. De ce côté-là, nous aurions beaucoup à apprendre car ces gains de productivité sont la clé de notre avenir professionnel ;
• mais aussi, et c’est là que le bât blesse, un abandon ou pour le moins une mise à l’écart de ce qui constitue notre mission de service public, à savoir les soins aux enfants et aux vieillards, la prévention et la dentisterie conservatrice.
Il est évident que si chacun ne faisait plus que des prothèses, des implants et de la chirurgie parodontale, nous pourrions réduire nos prix. Seulement voilà, nous soignons aussi bien, dans la même famille, le père qui a besoin de 2 bridges et 3 implants que le petit-fils pour un BBD. Et nous savons tous que les 2 ou 3 CCM quotidiennes compensent les soins conservateurs de la journée. Mais, dans un contexte où le SPR n’a pas été réévalué depuis 1988 et le SC depuis 2001, ce système de compensation a fait exploser ses limites et les prothèses sont devenues trop chères pour la majorité de nos compatriotes. D’où ces cabinets low cost dans lesquels les patients se précipitent même s’ils ont un doute sur la qualité du travail qui y est pratiqué et sur l’origine des prothèses : ils ne peuvent tout simplement pas faire autrement.
La seule solution serait une revalorisation considérable des soins conservateurs, mais c’est plus qu’improbable dans le contexte économique actuel. L’arrivée de la CCAM dentaire, qui générera une quantité de soins HN, entraînant de fait une répartition du reste à charge sur un plus grand nombre d’actes, nous permettra de pratiquer des prix de prothèse plus abordables.
Mais LA solution sera la scission complète de nos prix (coût du plateau technique/prix des fournitures/honoraires du praticien) qui nous permettra enfin de sortir de ce schéma ulcérant : dentiste = vendeur de prothèses qui « vole » ses patients.
Dans ce cas, la dentisterie ne sera pas low cost puisque tous les actes seront honorés à leur juste valeur.