Aux portes de Genève, le cabinet de Christian Wehrli réserve quelques surprises à ses patients. Une roulotte et une terrasse ombragée en guise de salles d’attentes, un accueil quasi amical et une grande disponibilité confèrent une note inédite à l’exercice de ce praticien tout terrain.
Couleurs vives, photos de voyage, va-et-vient de patients et d’enfants…, le cabinet de Christian Wehrli est à son image, atypique et ouvert sur le monde. Dès l’arrivée du patient, une prise en charge bienveillante invite au bien-être. « Bonjour ! Je vous laisse patienter dans la roulotte. Ou alors, dans le jardin d’attente si vous préférez », propose Marylène Colli, assistante dentaire du praticien depuis 17 ans. La patientèle a l’habitude et apprécie, à moins qu’elle ne découvre avec étonnement et amusement cet accueil original.
Une grande maison à flanc de colline, dans une commune résidentielle et arborée du canton de Genève, abrite le cabinet du chirurgien-dentiste d’une centaine de mètres carrés sur 2 étages. C’est également là que Christian Wehrli réside avec sa famille et que son épouse, médecin généraliste, reçoit ses patients. Un agencement idéal pour coupler vie professionnelle et vie de famille.
Située à quelques mètres de la maison, une roulotte jaune et rouge semble posée là comme par enchantement – un pied-de-nez aux conventions. Commandée à un Hollandais installé en Ardèche, la maison mobile, de style tchèque, est en bois d’épicéa. « On a fait les plans en une nuit. Puis, il a fallu 6 mois pour la fabriquer. » Une salle d’attente surprenante et confortable : fauteuils cosy, lumière chaude, livres à feuilleter et, en hiver, tous les vendredis matin, un feu de bois allumé par le praticien dans la cheminée.
Pour y accéder, quelques marches. À l’intérieur, la sensation de plaisir est immédiate. Chauffage, mobilier et décoration favorisent la rêverie et la détente. On se croirait en voyage – une des passions du praticien, notamment ses périples en Mongolie. S’il pleut, une des assistantes vient chercher le patient avec un parapluie ; s’il neige, tout a déjà été déblayé au petit matin pour laisser un passage.
En été, un jardin d’attente avec chaises, tables et parasols offre une autre possibilité pour patienter, à l’air libre. Quant aux personnes à mobilité réduite, les personnes âgées, elles disposent d’une minisalle d’attente située à l’accueil avec des strapontins.
Regard passionné et simplicité conviviale, Christian Wehrli est un chirurgien-dentiste engagé et humaniste. « Une bouche est comme un temple. Je suis respectueux de cet univers qui appartient à chacun de mes patients. » Il insiste sur l’importance du soin dans son métier, « un domaine à part entière dans le domaine du médical ». Son équipe compte 3 collaborateurs, 3 assistantes, 1 secrétaire comptable, Nicole, et 1 apprentie. « On se connaît bien, depuis longtemps, et c’est naturel de travailler ensemble », assure-t-il. Une équipe stable dans un environnement convivial qui, chaque vendredi, se retrouve attablée à l’heure du déjeuner chez les Wehrli.
Une hygiéniste, Anne-Lise Morandi, travaille à ses côtés depuis 17 ans. C’est elle qui prend en charge la prophylaxie, l’enseignement de méthodes d’hygiène adaptées, l’élimination de dépôts en bouche… L’indépendance et la complémentarité qui existent entre le chirurgien-dentiste et l’hygiéniste sont indispensables et bénéfiques pour les patients.
Deux salles de soins sont installées dans le bas de la maison, la troisième, destinée notamment aux actes chirurgicaux, est située à l’étage, à côté du cabinet médical de l’épouse du praticien. Il leur arrive de soigner un même patient : « Pour une lésion sur la langue, par exemple, je peux envoyer le patient vers ma femme. Dans d’autres cas, bien sûr, j’indiquerai des spécialistes. » Christian Wehrli soigne ses patients sur un fauteuil Select Dental et a privilégié l’espace grâce à un système de karts amovibles, qu’il a lui-même personnalisés, où sont disposés les instruments et le matériel. Pour les empreintes, il dispose d’un 3M ESPE Pentamix 2.
Équipé d’un système de radiologie numérique Trophy, le cabinet confie la stérilisation à SteriSwiss, une entreprise qui passe 3 fois par semaine récupérer les instruments préalablement lavés, séchés et mis dans des bacs par les assistantes, et redéposer le matériel stérilisé. Un système très rigoureux et moins contraignant que de gérer sa propre stérilisation sur place, ce qui a permis à l’équipe d’augmenter son volume d’instruments et de récupérer de l’espace. Les radiographies panoramiques sont effectuées dans un centre de diagnostic radiologique de Genève, puis reçues via Internet.
Diplômé de la faculté de Genève en 1986, cet omnipraticien, féru d’implantologie, a débuté à la Clinique dentaire de la jeunesse genevoise où il a mis au point sa propre technique auprès d’enfants difficiles. Son objectif ? Mettre en confiance les patients envahis par leurs émotions : « Je prends le pouls, j’essaie de mesurer l’appréhension de mes patients. » Son approche est à l’aune de son tempérament, énergique et douce.
Il a ouvert son premier cabinet dans le quartier des Eaux-Vives, non loin du célèbre jet d’eau de Genève, en 1990. Trois ans plus tard, c’est dans une ancienne épicerie qu’il installe son second cabinet, dans lequel il nous reçoit. Aidé par un architecte, il a lui-même dessiné les plans : « J’adore créer des espaces de vie. » La dentisterie est une vraie passion pour ce praticien quasi infatigable qui se partage entre ses 2 cabinets. « Une trop grosse structure, avec trop de gestion, reconnaît-il. Ce n’est pas cela qui m’intéresse ». Son idée ? Que les chirurgiens-dentistes qui travaillent à ses côtés soient autonomes et indépendants et « que ce navire devienne une flottille de petits bateaux ».
Avec ses allures d’aventurier, il se consacre à la dentisterie entre 60 et 70 heures par semaine. Pour profiter de ses enfants, le mercredi, il ne commence à travailler qu’à 15 h, mais… jusqu’à 23h. « Je fais un tabac avec ces horaires-là », assure-t-il. Il soigne également d’anciens toxicomanes, dans un centre de réinsertion voisin. « La bouche est un outil de communication qui permet de s’ouvrir sur le monde. Il ne faut pas avoir à la cacher. Les ex-toxicos veulent réapprendre l’usage de la vie, explique-t-il. Ma prise en charge doit correspondre à leurs besoins. L’important est de pouvoir s’alimenter correctement et d’avoir un sourire en harmonie avec sa peau, sa personnalité. Je n’aime pas les bouches lisses. »
À 50 ans, le praticien a de nouveaux projets : transmettre son savoir, tout en se spécialisant dans la chirurgie maxillo-faciale, la greffe d’os, les sinus… La nuit est tombée, un de ses fils passe la tête dans l’entrebâillement de la porte, à l’accueil : « Papa, tu me fais un bisou, je vais me coucher. » Puis, le praticien retourne à sa salle de soins, sur fond de jazz. ?
Les actes chirurgicaux sont effectués dans la salle du haut, où un paysage italien en trompe-l’œil illumine l’espace. « Je réserve ces actes-là aux fins de journée, en roue libre. Pas de téléphone et un rythme en fonction des patients », commente Christian Wehrli.