PAS À PAS
(Académie de dentisterie adhésive Reims – Champagne-Ardenne)
Dans le cas d’une restauration prothétique sur dents pulpées intéressant le secteur antérieur, le praticien responsable et conscient de son rôle de thérapeute doit proposer la solution la plus respectueuse des tissus dentaires. Les préparations doivent permettre le collage d’éléments restaurant la fonction, l’esthétique et la pérennité. Le choix de réaliser systématiquement des préparations périphériques dans toutes les situations doit être considéré comme une mutilation surtout si cela s’accompagne d’une dépulpation qualifiée de préventive. Ce n’est en aucun cas une prévention mais bien une mutilation qui pourrait faire l’objet d’une condamnation.
Il s’agit de réaliser chronologiquement les étapes de préparation pour facettes en céramique collées et de les modifier ensuite en fonction des points de contacts occlusaux, de la présence de lésions carieuses ou de restaurations proximales en composite.
Les règles essentielles sont le respect du tissu et de l’architecture dentaire en réalisant des préparations a minima tout en prenant en compte les propriétés mécaniques et lumineuses des différents matériaux céramiques utilisables. La céramique une fois collée est très résistante mais une épaisseur minimale est nécessaire pour limiter l’apparition de fissures qui peuvent se transformer en fractures sous les contraintes occlusales ou masticatoires.
La patiente, d’une soixante d’années, souhaite après une très longue période d’hésitation améliorer son sourire. L’analyse de ce dernier (fig. 1) montre un manque de prééminence des incisives centrales avec une courbe incisale pratiquement inversée.
L’abrasion notable des pointes canines ne perturbe en aucun cas les guidages latéraux. Il existe une fonction de groupe à gauche et un guidage canin à droite.
Les incisives présentent de volumineux composites, refaits à maintes reprises, que la patiente ne supporte plus (fig. 2 et 3).
Les dents sont pulpées, la teinte n’est pas très saturée, les conditions occlusales sont bonnes : il est décidé de choisir une céramique dite renforcée au disilicate de lithium (e.max Press, Ivoclar Vivadent), collée à l’aide d’un composite fluide (NX3 Nexus®, Kerr) associé à un adhésif M & R (OptiBond™ Solo Plus, Kerr).
L’analyse occlusale permet au praticien d’apprécier la position des futures limites linguales. Celle des limites sur 11 et 21 au niveau du cingulum peut représenter un risque. Le fait de déplacer la limite linguale au niveau juxtagingival serait plus délabrant et n’apporterait pas plus de sécurité. Dans le cas d’éléments en céramique collés, la stabilisation et l’adhésion, et non la rétention primaire, sont les paramètres les plus importants (fig. 4).
L’analyse initiale a permis de choisir le type de préparation la plus adaptée à ce cas. La nécessité d’augmenter la longueur des couronnes des incisives centrales, la volonté d’inclure dans la préparation les zones de composite imposent, au minimum, la réalisation de facettes de céramique avec un retour lingual.
Aux membres du conseil d’administration de l’ADDA-RCA, Charlotte Bar-Pinatel, Jean Bridoux, Franck Heldenbergh, Ingrid Iff, Michel Lombard, Gérard Loufrani, Gilles Poitevin, Emmanuel Signoret, Bernard Weiler.
À Hervé Maréchal, prothésiste dentaire, laboratoire De Bucca Solis.
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• Fradeani M. Réhabilitation esthétique. Vol . 1 : Prothèse fixée. Analyse esthétique. Paris : Quintessence international, 2007.
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