Clinic n° 02 du 01/02/2012

 

QU’EN DITES-VOUS ?

L’année 2012 s’annonce riche en événements. Les discussions conventionnelles avec les chirurgiens-dentistes maintes fois repoussées devaient enfin commencer le 17 janvier… Les élections présidentielles en avril et mai seront suivies des législatives.

Deux praticiens nous donnent leur appréciation sur ce vaste sujet !

GRANDE INCERTITUDE

Sydney SARFATI (75019 - Paris)

Je suis dans la plus grande expectative car les pouvoirs publics ajournent sans arrêt les invitations à négocier une nouvelle convention avec les chirurgiens-dentistes. Et ce, alors que toutes les autres professions de santé ont eu leurs négociations. Ces reculs dans le temps nous rapprochent des échéances présidentielles et législatives. Cette période était jusqu’à présent propice à l’acceptation de revendications. Mais la donne a changé car les caisses de l’État sont vides. Et l’on peut penser que les pouvoirs publics veulent se contenter de la situation actuelle…

Autre grand sujet d’incertitude, les négociations tripartites avec les financeurs complémentaires créent une situation nouvelle. Leurs intentions sont difficiles à connaître. Ils vivent une période de restructuration qui pourrait faire évoluer leur vision de la prise en charge dans le domaine dentaire. En même temps, on peut redouter qu’ils deviennent les seuls interlocuteurs valables si les caisses ne veulent pas mettre d’argent sur la table. Car nous connaissons leurs pratiques et leurs exigences inacceptables dans le cas de professions de santé à travers des protocoles et des plateformes qui sont un scandale et font du mal à la profession. Il faut absolument contractualiser avec les complémentaires pour ne pas leur laisser l’entière initiative et pour que le système reste équitable, c’est-à-dire que les patients reçoivent le même remboursement qu’ils se rendent dans ou hors réseau.

Au fond, nous redoutons de passer dans les mains de financiers pour lesquels « le dentaire » n’est qu’un produit d’appel qui permet de placer d’autres produits.

Pour le reste, je ne me fais aucune illusion avec la CCAM*. Je ne pense pas qu’elle sera valorisée si elle est mise en place. L’intérêt est qu’elle prendra en compte l’intégralité des actes.

Enfin, dernier point en suspens important pour un élu de l’UJCD*, les résultats des élections aux URPS* laissent dubitatif sur la volonté des caisses d’avoir la signature des trois syndicats représentatifs. Pour les caisses comme pour le syndicat majoritaire pourtant, l’intérêt n’est pas que la CNSD* signe seule !

RESTER MODESTE DANS NOS AMBITIONS

Rémy CRUNEL (35 - Rennes)

L’arrivée à échéance de la précédente convention n’a pas fait bouger les caisses. Tout est bloqué. Les discussions ne commencent pas. L’Assurance maladie n’avait déjà pas respecté ses engagements pris lors de la précédente convention !

Mon sentiment est que nous sommes impatients de voir la situation de la profession changer. Bien entendu, nous attendons beaucoup des prochaines négociations. Nous souhaitons depuis longtemps une refonte complète de la nomenclature. Et nous voulons que « le dentaire » ne soit plus le parent pauvre de la santé en France. C’est un espoir. Mais je ne suis pas très optimiste. Nous n’avons pas encore de signes prometteurs. Il y aura sans doute des avancées, mais de quel ordre ? Je pense qu’il faut rester modeste dans nos ambitions car l’environnement n’est pas encourageant.

Quant aux élections présidentielles, je ne pense pas que l’on puisse en attendre grand-chose. Nous restons dans l’expectative car les candidats n’ont pas encore dévoilé leur programme.

*CCAM : classification commune des actes médicaux ; UJCD : Union des jeunes chirurgiens-dentistes ; URPS : Unions régionales des professionnels de santé ; CNSD : Confédération nationale des syndicats dentaires.