Clinic n° 02 du 01/02/2012

 

DE BOUCHE À OREILLE

Frédéric BESSE  

Nul ne saurait plus l’ignorer : la gabegie, l’inconscience et le clientélisme avec lesquels a été géré notre pays ces 30 dernières années l’ont conduit au bord de la ruine. La potion pour le redresser va être plus qu’amère, plus qu’imbuvable, elle sera très probablement écœurante.

En résumant brutalement : il faut trouver de l’argent, vite, beaucoup, vraiment beaucoup. Le futur gouvernement (encore plusieurs mois perdus par la faute des élections) ne pourra...


Nul ne saurait plus l’ignorer : la gabegie, l’inconscience et le clientélisme avec lesquels a été géré notre pays ces 30 dernières années l’ont conduit au bord de la ruine. La potion pour le redresser va être plus qu’amère, plus qu’imbuvable, elle sera très probablement écœurante.

En résumant brutalement : il faut trouver de l’argent, vite, beaucoup, vraiment beaucoup. Le futur gouvernement (encore plusieurs mois perdus par la faute des élections) ne pourra agir que sur deux types de leviers : d’un côté des économies, mais pas trop pour ne pas réduire l’activité génératrice de richesse, et de l’autre des taxes, sous forme d’impôts et de prélèvements sociaux. Là encore pas trop pour ne pas paralyser les entrepreneurs.

En revanche, il y a un type d’activité que les autorités, du moins tant qu’elles sont en bonne santé, n’hésitent pas à taxer, parfois très sévèrement, c’est l’activité liée aux dépenses de santé. D’autant plus que la génération d’énarques qui tient actuellement les rênes du pouvoir continue de confondre dépenses de santé et poids des remboursements d’Assurance maladie. Si les premières sont incontestablement intégrées dans l’économie générale d’un pays, les seconds sont effectivement un fardeau pour les entreprises qui en assument la charge. Il y a donc fort à parier que les premières mesures d’économies qui seront prises après les élections de 2012 concerneront la santé. Et afin de les rendre populaires, nos gouvernants, surtout socialistes, se feront un plaisir de cogner sur ceux qui sont depuis longtemps soupçonnés de l’infamie suprême – gagner beaucoup d’argent en profitant du malheur des autres –, c’est-à-dire les professionnels de santé.

Pour nous, chirurgiens-dentistes, cela se fera très probablement sous la forme d’un « encadrement » très strict du prix de nos prothèses, ainsi que de ce qu’ils s’acharnent à appeler, d’une manière pas innocente du tout, nos dépassements. Cela entraînera une importante baisse de nos revenus, surtout sur le long terme, sans doute sur le modèle de ce qui s’est passé pour les soins conservateurs.

Mais cela ne sera pas tout. En effet, malgré les jérémiades de nos syndicats et les pleurnichements d’une partie des confrères, nous faisons partie de ceux qui gagnent bien leur vie. Bien sûr, nous en gagnerons moins puisque nous faisons partie du groupe de vautours sur lequel on comptera pour équilibrer les comptes de l’Assurance maladie en réduisant ses honoraires. Mais comme les paliers d’imposition seront « optimisés », au final la proportion de revenu qui partira en fumée afin de payer les ­délires épicuriens de nos aînés sera supérieure à ce qu’elle est actuellement, réduisant encore notre ­revenu disponible.

Des revenus fortement diminués mais néanmoins encore plus fortement imposés, pour un reliquat déprimant, cela s’apparente à une double peine que nous serons sans doute les seuls à subir dans des proportions aussi importantes.