Clinic n° 01 du 01/01/2012

 

QU’EN DITES-VOUS ?

Le point de vue de deux confrères qui ont fait le choix il y a 6 mois. Voir aussi le versant juridique de ce statut (p. 22)

POUR LISSER MES REVENUS

Pierre DANA (75 – Paris)

J’ai choisi la SELARL (société d’exercice libéral à responsabilité limitée) pour la tranquillité d’exercice que me procure ce statut. J’en avais assez de subir des revenus en « yoyo » qui influent directement sur des charges que je dois payer 2 ans plus tard. Même en étant très prévoyant, je ne parvenais pas à lisser de mes revenus. Avec la SELARL, j’élimine les éléments sur lesquels je n’ai aucune prise. Je transforme mon statut propre pour devenir l’équivalent d’un salarié de la société dans laquelle je suis aussi gérant majoritaire. Ce statut me permet de déterminer la somme fixe que je souhaite gagner chaque mois. L’excédent constitue une réserve soumise à l’impôt sur la société et non à des cotisations ou charges. Je peux l’utiliser l’année suivante en cas de baisse d’activité ou la récupérer sous forme de dividende.

Pour mon patient, rien ne change. Pour le Conseil de l’Ordre, la SELARL et le chirurgien-dentiste doivent cotiser. Pour les impôts, je suis une société ; je subis la fiscalité d’une société. Pour l’URSSAF et la caisse de retraite, je continue d’exercer sous une autre forme. C’est donc ma rémunération qui leur importe.

La création d’une SELARL n’est pas compliquée. Le plus important est le travail de réflexion et de maîtrise du sujet à faire en amont du projet. Il faut comprendre la façon dont la société fonctionne avant de se lancer et prendre en compte sa situation personnelle, celle du cabinet, ses crédits aussi bien personnels que professionnels, trancher entre les biens qui appartiennent au cabinet et ceux en propre… Pour ma part, j’ai mis près de 2 ans avant de lancer mon projet et après l’avoir examiné avec le notaire, l’avocat, l’inspecteur des impôts et ma banque.

POUR UNE VRAIE COLLABORATION

Xavier REYRE (49 – Saumur)

J’ai créé une SELARL en juillet dernier. Les arguments fiscaux souvent mis en avant n’ont pas été déterminants dans mon cas, même si l’utilisation à bon escient d’une SELARL est fiscalement intéressante. En fait, c’est l’esprit de la SELARL qui m’intéresse. Les praticiens ne travaillent plus chacun dans son coin en partageant uniquement la facture de téléphone et la charge de la secrétaire, entre autres, comme dans une SCM (société civile de moyens). Dans une SELARL, on gère une entreprise avec tout ce que cela comporte en termes de gestion sur le court, moyen ou long terme. Le ou les gérants sont salariés de cette entreprise.

Je vais très prochainement céder à mon collaborateur une partie des parts que je détiens actuellement en totalité. La SELARL présente d’ailleurs un vrai avantage en termes de transmission. Dans cette perspective, nous sommes en train d’élaborer un « pacte d’associés », c’est-à-dire une sorte de règlement interne qui permettra de décider de nos droits et devoirs dans cette nouvelle structure. Nous prévoyons aussi de faire entrer un troisième chirurgien-dentiste qui assurera un poste complémentaire aux nôtres au sein de l’entreprise. Il sera rémunéré sur une base discutée ensemble en adéquation avec les savoir-faire, capacités et compétences des protagonistes.

Notre collaboration étroite s’apparente à un contrat de mariage ! Certains confrères sont opposés à ce type d’association car ils désirent conserver leur indépendance. Pour ma part, j’ai choisi de « perdre » un peu d’indépendance au profit d’un projet de groupe équilibré et raisonné, gage d’un épanouissement professionnel, et aussi pour faire face aux nouvelles contraintes de notre nouveau métier : chirurgien-dentiste chef d’entreprise de santé.

Le point de vue de deux confrères qui ont fait le choix il y a 6 mois. Voir aussi le versant juridique de ce statut (p.22)