Des obturations en une seule couche à la vitesse de l’éclair ? Oui, c’est possible grâce à cette pièce à main sonique qui propulse un composite photopolymérisable sur une épaisseur de 5 mm.
Fruit d’une collaboration entre deux géants du groupe Danaher, le SonicFill a été l’une des innovations majeures de l’année 2011. Le produit est constitué de deux entités travaillant en synergie : un nouveau composite de restauration, mis au point par Kerr, et son vecteur pour l’introduire dans les cavités, une pièce à main dérivée du détartreur à air SonicFlex de KaVo.
Depuis quelque temps, plusieurs fabricants proposent des composites pour l’obturation en masse des cavités profondes : ces matériaux peuvent restaurer d’une seule traite des pertes de substance de 4 mm d’épaisseur. Un gain de temps considérable et une simplification certaine des procédures. Mais quid de la contraction de prise ? Contre toute attente, celle-ci serait négligeable. Quant à la profondeur de polymérisation, elle ne semble pas être un vrai problème, dans la mesure où ces produits sont beaucoup plus translucides que les composites de restauration traditionnels.
Jusqu’à présent, les composites proposés pour cet usage étaient soit des nanohybrides de consistance pâteuse, soit des flow destinés seulement au remplissage du fond des cavités.
Le SonicFill, lui, est beaucoup plus original. C’est un matériau relativement ferme à l’état normal, conditionné en petites capsules à visser à l’extrémité d’une pièce à main branchée sur le raccord MULTIflex de la turbine. Lorsqu’on l’actionne grâce à la pédale de l’unit, l’appareil émet un sifflement aigu. À l’intérieur, un piston vibre et pousse le composite qui se fluidifie sous l’effet des vibrations. La capsule contient 0,30 g de produit, soit un peu plus que ses concurrents qui plafonnent à 0,25 g dans le meilleur des cas. Sa buse d’extrusion est courbée et très fine.
Quand il pénètre dans la cavité, le matériau a la consistance d’un composite fluide, puis se fige progressivement une fois celle-ci remplie. Selon le fabricant, il est possible d’obturer des épaisseurs de 5 mm. Le produit présente ainsi les aspects pratiques d’un flow pour une adaptation optimale aux parois de la cavité, mais une résistance mécanique, une rétraction de prise et une aptitude au modelage comparables à celles d’un composite hautement chargé.
Même si le système semble très facile à utiliser, il faut démarrer par quelques tests « in vitro » pour apprendre à le maîtriser. Des dents en plastique creusées de cavités occluso-proximales sont fournies dans le coffret d’introduction avec quelques capsules d’essai. La vitesse d’extrusion peut être réglée à l’aide d’une bague à la base de la pièce à main. Même sur la position 1, le produit est éjecté extrêmement vite et on arrive à remplir une cavité profonde en une poignée de secondes. Étant donné la finesse de l’embout, le petit tortillon de pâte qui s’en échappe s’avère assez difficile à dompter. Comme ses homologues, le matériau est légèrement translucide, mais pas trop. Il est disponible en teintes A1, A2 et A3 plutôt convaincantes, même si l’esthétique n’est pas son domaine d’excellence.
La pièce à main autorise une prise autrement plus confortable et ergonomique que n’importe quel pistolet à composite. Mais elle ne permet pas, contrairement aux systèmes traditionnels, d’apprécier en permanence la quantité de produit restant dans la capsule. Du coup, on est parfois déçu que celle-ci soit vide lorsque le piston arrive en bout de course.
La vitesse d’extrusion, accentuée par la finesse de l’embout ne permet pas toujours de doser précisément les apports. Elle ne permet pas de doser facilement les apports et les excès sont presque toujours au rendez-vous. Le matériau ayant au départ une consistance mielleuse, il faut, dans les cavités de classe II, parfaitement ajuster la matrice et ne pas compter sur lui pour la repousser contre la dent voisine. De fait, le SonicFill conviendra tout à fait à l’obturation de cavités postérieures volumineuses, mais paraît moins adapté aux restaurations ponctuelles, occlusales ou cervicales lorsque l’esthétique est primordiale.
+
• Excellente adaptation marginale
• Mise en place très confortable
• Obturation en masse sur forte épaisseur
–
• Esthétique imparfaite
• Comportement à long terme ?
• 1 000 € environ le kit d’introduction contenant l pièce à main, 60 doses de teintes assorties + accessoires