La petite seringue qui monte

Comme son prédécesseur le Permaquick 1, le Peak Universal Bond est un adhésif amélodentinaire délivré en petite seringue de 1,2 ml, marque de fabrique de la société américaine Ultradent. Chargé à 7,5 % de nanoparticules minérales, il réalise l’un des meilleurs scores lors des batailles de l’adhésion lancées par notre regretté confrère Michel Degrange. Pourtant, malgré ses excellentes performances, peu d’entre nous le connaissent vraiment. La dernière version, dévoilée il y a seulement quelques mois aux États-Unis, se distingue par un petit plus tout à fait intéressant : l’incorporation, dans sa formule, de chlorhexidine à 0,2 %. Si les propriétés antibactériennes de ce produit ne sont plus un secret pour personne, peu de praticiens savent qu’il offre d’autres avantages. Le mordançage acide libère des enzy­mes naturellement présentes dans la dentine, les métalloprotéinases. À terme, celles-ci détériorent la trame collagénique et, du même coup, la couche hybride formée avec l’adhésif. Plusieurs expériences de laboratoire ont démontré qu’un traitement de la dentine à la chlorhexidine avant le collage inhibait ces métalloprotéinases, améliorant la pérennité de l’interface dent/obturation.

Le Peak peut être utilisé, au choix, après mordançage à l’acide phosphorique selon le protocole des adhésifs de type M&R2 ou après traitement préalable de l’émail et de la dentine à l’aide d’un primer sans rinçage, disponible lui aussi en petite seringue. Cette dernière, un peu différente, comporte deux compartiments contenant deux produits qui sont mis en contact et mélangés la première fois qu’on l’utilise. Une fois activé, le primer conserve sa pleine efficacité durant 1 mois.

L’adhésif s’utilise avec les Inspiral Brush, embouts en forme de petits pinceaux que l’on visse sur la seringue. Très rigides, ils permettent de bien frotter la dentine pour favoriser la formation de cette fameuse couche hybride. La consistance du liquide et sa couleur jaune pâle qui disparaît après polymérisation rappellent celles du limoncello, plaisante liqueur napolitaine à base de citron. Le conditionnement en seringue optimise la manipulation puisqu’il n’y a ni flacon à ouvrir ni godet à remplir et encore moins de microbrossette à prélever pour s’en servir. Seul petit bémol, une poussée mal contrôlée du piston délivre immédiatement beaucoup trop de produit, qui finit par déborder de l’embout. Stopper net la pression un tout petit peu avant que la première goutte n’apparaisse à l’extrémité de l’Inspiral Brush s’avère indispensable. La meilleure tactique, ensuite, consiste à tenir la seringue comme un stylo pour appliquer l’adhésif avec précision sur toutes les surfaces. Le produit est extrêmement agréable à utiliser du fait de sa consistance bien mouillante. Selon le fabricant, il permet de traiter toutes sortes de supports : émail et dentine mais aussi métal, composite, céramique mordancée et zircone. Un must donc, à la fois pour ses excellentes performances in vitro et son ergonomie, parmi les meilleures du marché.