Pour Christophe Lafitte, pratiquer la chirurgie dentaire et la pelote basque à main nue n’a jamais été un problème. Ce Landais de Saint-Lon-les-Mines, resté au pays grâce à son métier, se passionne aujourd’hui pour la transmission et le développement de ce sport et de ses valeurs aux jeunes. L’idéal, qu’il devienne un sport national !
C’est une des disciplines de la pelote basque peu connue et pourtant la plus simple : une balle, un mur, deux équipes qui luttent en plein soleil en frappant la main ouverte dans une balle de cuir très dure jusqu’à ce que les plus robustes, ceux qui ont des mains de fer, l’emportent. À moins que ce ne soient les plus malins… Les parties se jouent en trente points et durent entre une heure et une heure et demie. Avec l’habitude, le mal des débuts disparaît et on éprouve du plaisir à jouer. Quand, avec l’âge, on passe aux instruments comme la chistera, on ne retrouve pas ce contact avec la pelote que les joueurs à main nue apprécient.
Avec mon frère Lilian, chirurgiendentiste également mais installé à Dax, nous avons grandi à Saint-Lon-les-Mines, dans une région et à un moment où les garçons n’avaient comme choix sportif que la pelote et le rugby. Par la suite, Lilian s’est consacré au rugby ; j’ai poursuivi à la pelote.
Il n’est pas rare qu’à la fin de la partie, la main soit tuméfiée, voire même œdémateuse, ce qui peut surprendre pour un chirurgien-dentiste ! Mais cela ne m’empêche pas d’exercer mon métier qui est à l’origine une idée de mon père pour me permettre de vivre et travailler au pays. C’est aussi devenu une passion !
Champion des Landes un contre un en 1986 alors que j’étais étudiant, champion des Landes deux contre deux en 1996 avec mon frère et finaliste au championnat de France national B en 2006. Je joue encore en première série, mais ma passion ne s’arrête pas à la pratique. Je suis aussi éducateur et président du club de Pays d’Orthe Main Nue créé il y a une dizaine d’années, à un moment où la pelote a eu tendance à disparaître.
Ce qui m’intéresse aujourd’hui, c’est de transmettre ce sport aux jeunes. J’y consacre mon temps hors du cabinet, le mercredi, le samedi et le dimanche ! Ce sport, qui peut se pratiquer individuellement ou collectivement, est très éducatif. Une bonne entente règne sur le fronton. On se parle entre adversaires. Il peut y avoir de la violence mais pas d’animosité. Et nous faisons travailler les enfants dans ce sens. Nous leur apprenons non seulement le sport mais aussi la façon de se comporter avec l’arbitre, le public et l’adversaire. Il me semble que c’est encore un milieu sain. Autre grand avantage, quand les jeunes maîtrisent la pelote avec les mains, ils sont prêts pour tous les sports de balle. Le fait d’être ambidextre leur donne par exemple des facilités pour le basket.
Essentiellement dans le sud des Landes, au Pays basque et dans le nord de l’Espagne, mais aussi partout où des Basques ont émigré, à Cuba, aux États-Unis… Des jeux proches sont aussi pratiqués dans tous les coins du monde. Le frontball, par exemple, fait une percée aux États-Unis. Je pense qu’il y aura un jour une uniformisation entre ces sports très similaires.
La pelote à main nue a failli mourir il y a quelques années parce que le sport restait fermé sur lui-même et sur son côté traditionnel. Aujourd’hui, il reste très typique de certaines régions mais, en même temps, c’est un sport en plein essor, tourné vers les compétitions de haut niveau. Il connaît un vrai engouement chez les jeunes, surtout depuis l’organisation de championnats de très haut niveau en Espagne et en France. Des télévisions s’y intéressent. Notre souhait est de le développer au niveau national.
Et pour connaître les prochains événements en pelote : www.pelote-passion.com.
L’expression n’a rien à voir avec le fait de se battre. Il faut en fait chercher du côté du sport. Au XVIIIe siècle, le jeu de paume était très répandu. Les nobles jouaient avec une raquette, alors que les vilains, ou autrement dit les membres du Tiers état, jouaient à mains nues faute d’argent. Pour les nobles, le jeu de mains était donc un jeu de vilains… Dans le Sud-Ouest également et longtemps après, les nobles jouaient avec un chistera, grand gant en osier, et le peuple à main nue, dans une salle ressemblant étrangement à une salle de jeu de paume, que nous appelons trinquet.