Clinic n° 08 du 01/09/2011

 

PASSION

FANNY GRÉGOIRE  

Côté pile, Alain Gambiez, 48 ans, est maître de conférences à l’université Lille 2. Il pratique l’endodontie exclusive en libéral depuis 2 ans et demi en Belgique, après avoir exercé pendant 15 ans à Somain, dans le Nord. Côté face, ce passionné du monde sous-marin est un spécialiste reconnu de la photo sous-marine.

Quand s’est déclarée votre passion pour le milieu sous-marin ?

Très tôt, dès l’âge de 8 ans, j’étais fasciné par les épisodes de Flipper le dauphin. Paradoxalement, j’ai eu beaucoup de difficulté à apprendre à nager. Mais avec un masque, les inhibitions sont tombées. À 10 ans, j’ai découvert la Méditerranée. Je passais mon temps sous l’eau et n’avais de cesse de vouloir faire de la plongée sous-marine. En grandissant, nous ne sommes plus retournés au bord de la Méditerranée. Toutefois, j’ai pu concrétiser mon rêve vers 20 ans, au sein du club de plongée de Valenciennes, alors que j’étais étudiant en chirurgie dentaire. L’argent que je gagnais pendant les vacances était aussitôt « investi » dans ma passion.

Avez-vous envisagé d’en vivre ?

Cela m’a effleuré. Outre mes diplômes techniques de plongeur – je suis plongeur 4 étoiles et instructeur 1 étoile –, j’ai passé ceux d’instructeur photo et j’ai un niveau professionnel dans les deux disciplines. Il y a une dizaine d’années, on m’a proposé un poste de photographe sous-marin en Égypte, avec la création de livres à la clé. Je n’ai pas franchi le pas. Il est difficile de vivre de ce métier et c’est peu compatible avec le rôle de père de famille.

Êtes-vous un photographe sous-marin autodidacte ?

Au début, je me suis formé par l’échec. Puis j’ai suivi des stages de « photo sub » et j’ai appris au contact de photographes sous-marins de haut niveau. Il faut à la fois être bon plongeur – avoir intégré tous les aspects techniques, tous les automatismes de sécurité liés à la plongée – et posséder une très bonne pratique des techniques spécifiques de la photo sous-marine.

Que ressentez-vous quand vous photographiez ?

Outre la sensation physique de l’eau, l’apesanteur, le plaisir un peu égoïste d’être coupé du monde, je vois derrière l’objectif des choses qui sont invisibles au plongeur ordinaire. En macrophotographie, à condition de prendre son temps, on peut observer le détail de la patte de la crevette qui est en train de se grattouiller, la tête de la tortue qui est en train de sortir de son antre… Il faut connaître la faune et le milieu où l’on plonge pour bien observer. Il m’est arrivé de lâcher mon appareil tant l’émotion était forte devant un massif corallien exubérant de vie et de couleurs, entouré de millions de poissons ! La contemplation de scènes extraordinaires de la vie sous-marine relève parfois du divin.

Comment gérez-vous métier et passion ?

J’ai levé la palme depuis 3 ans pour me consacrer à l’endodontie exclusive et à ma famille avec l’arrivée de deux nouveaux bébés. J’entends bien reprendre, dès que les conditions seront réunies, le rythme de deux ou trois voyages par an dans des zones de plongée telles que les Antilles, les Maldives, la Réunion, les Galapagos, la Thaïlande et, bien sûr, la mer Rouge. Cela dit, la plongée dans l’Hexagone offre d’innombrables possibilités tant en mer que dans l’eau douce des carrières.

Quels traits d’union entre endodontie et photo sous-marine ?

En y réfléchissant, l’exercice des deux pratiques nécessite beaucoup de rigueur et de minutie sur le plan technique. Le monde sous-marin s’observe un peu comme une bouche et cette observation demande de solides connaissances. Je suis aussi très patient et je crois que c’est indispensable dans les deux disciplines.

Que faites-vous de vos photos ?

J’ai contribué à un certain nombre de guides sur la mer Rouge, les Caraïbes, la Méditerranée et beaucoup de mes photos ont été exposées (Centre national de la mer à Boulogne-sur-Mer). J’ai plaisir à faire de temps en temps des conférences sur le milieu marin avec des audiovisuels assez sophistiqués. Je préfère consacrer le peu de disponibilité que j’ai à plonger.

Vos photos sont très belles. L’esthétique, c’est important pour vous ?

Je ne cherche pas à faire de la photo biologique pour identifier des espèces mais m’évertue à donner à mes images une dimension artistique. Le cadrage, la lumière… tout est calculé. Pour intéresser les gens, leur donner du plaisir à regarder et les inciter à respecter la planète, il faut que cela soit beau. Pour moi aussi c’est fondamental. J’ai un grand plaisir à passer des heures sur mes photos. Une fois que je suis sorti de l’eau, la plongée continue ! ?

Se former

Se former à la photographie sous-marine c’est possible, notamment auprès de la section audiovisuelle de la Fédération française d’études et de sports sous-marins (FFESSM)

Tél. : 04 91 33 99 31

http://www.ffessm.fr/FFESSM