Clinic n° 08 du 01/09/2011

 

PAS À PAS

Daniel DOT  

MCU-PH Hôpital Bretonneau
Université Paris Descartes

« La » séance d’empreinte, qu’elle soit conventionnelle ou virtuelle, conditionne à elle seule le succès des thérapeutiques prothétiques en fournissant au clinicien et au prothésiste les éléments de référence indispensables. La qualité actuelle des matériaux de réplique et des matériels dédiés, associée à une technique d’empreinte maîtrisée et reproductible, permet d’atteindre une intégration biologique et fonctionnelle optimale des prothèses fixées dentoportées.

En prothèse fixée dentoportée, si l’échec peut être constaté rapidement, en particulier lorsque les critères de restauration souhaités n’ont pas été atteints, le succès quant à lui ne devrait être établi qu’après évaluation à moyen ou, mieux, à long terme, du suivi de l’intégration biologique et du maintien des fonctions obtenus par les artifices prothétiques.

L’essai clinique est une étape clé de l’appréciation qualitative des prothèses. Elle peut se prêter à des réglages, voire à un second enregistrement de la situation clinique lorsque l’inadaptation prothétique est majeure. Si cette situation peu souhaitable ne porte pas trop à conséquences lors de réalisations unitaires, ce n’est pas le cas pour des restaurations prothétiques multiples où l’énergie déployée par chacun des acteurs du traitement (patient, praticien, prothésiste) est importante. Il est donc indispensable que le modèle positif, physique ou virtuel, sur lequel le prothésiste de laboratoire va travailler soit le reflet le plus fidèle possible de la réalité clinique (précision dimensionnelle et précision de détail) afin de faciliter le travail de chacun et apporter au patient le meilleur service rendu. La quête de cet objectif passe donc impérativement par un enregistrement fidèle des tissus dentaires et de l’environnement parodontal nécessaire.

Concernant l’empreinte conventionnelle qui trouve encore aujourd’hui ses indications dans nos thérapeutiques, la technique employée et la nature du matériau d’enregistrement peuvent être choisies à partir des réponses apportées, pour chaque cas clinique considéré, aux quatre questions princeps suivantes.

• Souhaite-t-on enregistrer la totalité des préparations et des dents restantes sur une même empreinte (empreinte unitaire, empreinte globale partielle ou de toute l’arcade) ?

• Comment optimiser la précision de l’enregistrement sur le plan des détails pour le type d’empreinte choisi précédemment ?

• Comment optimiser la précision de l’enregistrement sur le plan volumique pour le type d’empreinte choisi précédemment ?

• Comment conserver les propriétés « théoriques » optimales des matériaux (celles obtenues dans les études in vitro) ?

Ces choix arrêtés, il « suffit » alors de se donner les moyens de la réussite en déposant le matériau à empreinte au contact des tissus à enregistrer selon un protocole rigoureux et reproductible. Une préparation préalable de cette étape est cependant indispensable. Cela nécessite de plannifier « en amont » la gestion des tissus parodontaux et dentaires, la mise en évidence des limites cervicales ainsi que la mise en œuvre des matériaux et matériels sélectionnés.

La sélection des matériaux prothétiques et la qualité du travail du prothésiste sont, bien entendu, indissociables du résultat espéré.

Nous proposons d’illustrer notre propos à partir d’une situation clinique qui a nécessité la restauration globale de l’arcade maxillaire par des prothèses unitaires et deux ponts de trois éléments en remplacement des deux premières molaires. L’empreinte retenue est globale d’arcade afin de construire la totalité des prothèses sur un maître modèle unique. La précision dimensionnelle a été optimisée en choisissant des élastomères réticulant par addition, mis en œuvre mécaniquement, dans une technique d’empreinte en un temps et deux viscosités. La précision des détails a été obtenue avec un matériau de faible viscosité (light bodied consistency) supporté par un matériau de haute viscosité (heavy bodied consistency). La conservation des qualités intrinsèques de ces matériaux est optimisée par l’utilisation d’un robot mélangeur (diminution du temps de mise en œuvre et augmentation du temps de travail, homogénéisation parfaite et reproductible des mélanges, absence d’inclusion de bulles d’air) et par la manipulation adaptée du porte-empreinte lors de son insertion et de sa désinsertion (minimisation des déformations liées aux contraintes mécaniques).

Ce traitement a été conduit sur une période de 6 mois. Les derniers contrôles présentés ont été réalisés 6 ans après la pose. Ce délai n’est pas suffisant pour valider un succès mais il permet d’en apprécier un certain nombre d’indices.

REMERCIEMENTS

Prothésistes clinicien et de laboratoire partagent des aventures. L’auteur tient à remercier chaleureusement Serge Tissier et son laboratoire pour le travail d’artiste qu’ils accomplissent au quotidien.

LECTURES CONSEILLÉES

[1] Fournier P, Dot D. Contaminations croisées et empreintes. Rev Odonto Stomato 2009 ; 8 : 157-173.

[2] Fradeani M, Barducci G. Traitement prothétique. Une approche de l’intégration esthétique, biologique et fonctionnelle. Vol. 2. Paris : Quintessence International, 2010.

[3] Laborde G, Margossian P, Koubi S, Maille G, Botti S, Dinardo Y et al. Esthétique et approche clinique des limites de préparation en prothèse fixée. Rev Odonto Stomato 2010 ; 39 : 159-185.

[4] Tilrlet G, Moussaly C, Coudray L, Attal JP. Esthétique du secteur antérieur. Couronnes céramo-céramiques, les préparations. Inf Dent 2009 ; 91 : 1692-1698