IDS 2011 : LE PRINTEMPS EUROPÉEN
INTRODUCTION
« Un pour tous », telle pourrait être la nouvelle devise de l’endodontie moderne. Entendez par là un instrument de préparation unique qui remplace toute une séquence de limes. Une option possible, mais pas universelle.
La SAF (self ajusting file) de l’Israélien ReDentNova a été vue au dernier ADF. Ce n’est plus un scoop. Le concept d’instrument de préparation unique se présente sous une autre forme chez Dentsply : les Wave One (27) (Maillefer) sont disponibles en taille 20, 25 et 40 et conicité variable comme les ProTaper. Fabriquées en MWire, ces limes seraient plus élastiques et résistantes que celles en NiTi conventionnel. Elles sont livrées stériles pour un usage unique. Les Wave One s’utilisent sur un moteur qui leur sont propre, produisant un mouvement que Dentsply nomme « réciprocité », une alternance anti-horaire/horaire d’amplitudes différentes. Le stand Dentsply Maillefer était, comme on s’en doute, particulièrement fréquenté. Un animateur, équipé d’un microscope opératoire, présentait le système à une demi-douzaine d’essayeurs postés autour de lui.
Si, en France, Dentsply vend aussi bien du matériel Maillefer que VDW, cette société allemande dispose toujours à l’IDS d’un stand à part, bien distant du premier. Elle présente sa propre version de l’instrument unique, qui se nomme ici Reciproc. Le concept est évidemment identique. Cette lime est très proche des M-Two, mais avec une conicité variable comme les ProTaper. Contrairement aux Wave One, les Reciproc existent en taille 25, 40 et 50. Les Reciproc s’utilisent sur un moteur identique à celui des WaveOne au « look » près. Plus classiquement et avec infiniment moins de tapage médiatique, le suisse FKG, bien connu pour ces excellentes limes Race, présente la dernière évolution de son système : les I-Race. La séquence est constituée de seulement trois instruments de rotation continue pour la majorité des cas, entre lesquels s’intercalent deux autres pour les situations plus difficiles. Il s’agit de limes NiTi n° 15 de conicité 0.6, n° 25 de conicité 0.4 et n° 30 de conicité 0.4. Leur excellente capacité de coupe, leur profil à spires interrompues et leur polissage électrolytique les rendent particulièrement résistantes et très agréables à utiliser (www.fkg.ch).
Coltène Whaledent propose les HyFlex (28), limes à mémoire de forme au comportement spectaculaire. Équipées d’un joli manche doré, elles ont une conicité de 4 ou 6 % et des spires relativement espacées. Contrairement aux instruments en NiTi superélastique, celles-ci peuvent se tordre dans tous les sens et conserver cette forme. Un atout considérable, selon le fabricant, pour suivre les courbures les plus extrêmes sans se fracturer ni déformer le canal. En revanche, la déspiralisation semble fréquente. Qu’à cela ne tienne ! Il suffit de les passer à l’autoclave – une fois nettoyées bien sûr – pour qu’elles retrouvent leur première jeunesse comme s’il ne s’était rien passé. Pour le prouver, le démonstrateur place une lime complètement détorsadée dans un stérilisateur à billes. Au bout de quelques secondes, miracle ! Elle ressort droite comme un i avec toutes ses spires parfaitement reconstituées.
Côté moteurs, Dentsply Maillefer et VDW font front commun avec leur équipement pour la réciprocité : même appareil, mais habillage différent selon la marque. Chez Micro-Mega, l’Endo Ace, combiné moteur-contre angle et localisateur d’apex présenté l’année dernière à l’ADF, se voit offrir un petit frère, l’EndoAce Torque (29). Ce moteur dispose d’un panneau de contrôle à affichage digital très complet. C’est l’un des plus compacts du marché et le seul système offrant une plage de vitesses suffisamment large pour la rotation continue et la compaction thermomécanique de gutta avec les nouveaux Revo Condensor.
Si les Japonais NSK et Morita nous proposent de jolis modèles de moteurs et des contre-angles sans fil, la palme de l’originalité revient à l’Israélien Forum. L’Endotec Pro (30) et son panneau d’affichage n’ont pas le look raffiné des productions européennes ou extrême-orientales, mais c’est un concentré de technologie tout à fait dans l’air du temps : lui aussi se prévaut de la réciprocité, avec couplage possible avec un localisateur d’apex. Plusieurs programmes sont disponibles, produisant des mouvements angulaires de 60, 90 ou 120°. Pas exactement le concept de la rotation discontinue de Dentsply mais, qui sait, peut-être aussi performant (http://www.forumtec.net).
Même s’il est installé sur un tout petit stand, ne négligeons pas notre compatriote Ionyx qui présente une dernière version de son Endy 6200, équipé d’un localisateur d’apex intégré.
Côté localisateurs, justement, rien de très nouveau. Tous les fabricants en font avec des looks plus ou moins étonnants selon leur origine : sympathique et coloré chez le Coréen Meta Biomed, façon années 1950 pour le Japonais Osada, ultra-high-tech chez l’Allemand VDW : son Raypex 6 (31) affiche un magnifique écran tactile, largement inspiré de celui des smartphones. Nombreuses couleurs, multiples mesures, lisibilité parfaite mais, au final, une utilisation identique à celle des autres.
Pour ceux qui répugnent à employer tous ces périphériques et ambitionnent d’acquérir un nouveau fauteuil, quelques fabricants ont d’ores et déjà intégré moteur et localisateur d’apex dans leur équipement. Le nouveau Soaric de Morita dispose d’un gigantesque écran de contrôle sur sa tablette et le Sovereign, de Planmeca (32), d’un confortable panneau d’affichage accolé à l’unit.
L’irrigation canalaire a longtemps été le parent pauvre de l’endodontie. Et pourtant, elle se révèle, surtout depuis la simplification des séquences instrumentales, un élément clé du succès de nos traitements. J’ai eu l’occasion de prendre en main l’EndoActivator de Dentsply. Ce contre-angle sans fil permet d’agiter violemment une tige de plastique introduite dans le canal afin de potentialiser l’action de l’hypochlorite. Un dispositif très simple et sûrement efficace, mais bien incomplet puisqu’il n’offre pas d’irrigation continue. Chez Discus, le système EndoVac nécessite un branchement sur l’aspiration et un autre sur un réservoir de produit d’irrigation. Pas de vibration, mais un flux et reflux de liquide facilement contrôlable pour une efficacité optimale. Trois canules successives sont nécessaires pour irriguer la chambre pulpaire, l’entrée des canaux et, enfin, leur portion apicale. Chez Vista, je découvre l’EndoSafe (33) qui associe une grosse seringue, une fine aiguille terminée par une longue tige souple et un dispositif d’aspiration associé. On peut ainsi irriguer et aspirer le liquide en une même opération. Le fabricant expose également un appareil à ultrasons, dont la pièce à main est équipée d’un insert très fin, couplé à un tuyau relié à une grosse seringue. Aucun risque que le dispositif se bouche, mais il faut obligatoirement une gentille assistante à ses côtés pour appuyer sur le piston de la seringue et tenir la canule d’aspiration (www.vista-dental.com). Le Néerlandais Vibringe propose une seringue dont l’aiguille est animée d’une vibration pour agiter le liquide dans le canal. Pas bête, mais la forme de l’engin, avec son anneau de préhension pour le pouce, ne me semble pas des plus ergonomiques (www.vibringe.com). Un Coréen inconnu, DXM, propose lui aussi sa version de la seringue vibrante : un dispositif en forme d’anneau contenant une minibatterie, que l’on fixe sur le corps en plastique d’une seringue standard (www.dxm.co.kr).
Concernant les techniques d’obturation, la gutta-percha domine encore et toujours le marché. Plusieurs sociétés coréennes (Metabiomed, Diadent (34) et DXM) nous proposent des combinés pistolet à gutta-fouloir réchauffeur sans fil. Au Danemark, CMS Dental produit depuis des années les Soft Core, tuteurs enrobés de gutta, très semblables aux Thermafil Dentsply. Il expose une nouvelle version de son One Step sans manche, conditionné en boîtes multicolores très réussies (www.cmsdental.com). J’ai dégoté pour finir un étrange matériau sur un tout petit stand. Les Propoint (35) sont constitués d’un polymère hydrophile qui absorbe l’eau contenue dans la dentine radiculaire. Ils se présentent sous forme de cônes blancs, calibrés pour les principaux instruments du marché. Durs et fins lorsqu’ils sont secs, ils gonflent et s’assouplissent une fois gorgés d’humidité. Associés à un ciment à base de biocéramique, ils ne nécessiteraient aucune condensation et occuperaient naturellement l’espace endodontique en se dilatant dans le canal. Des études sont en cours aux États-Unis et en Angleterre (http://www.smart-seal.co.uk).
Si le SAF israélien est certainement l’instrument endodontique le plus original du moment, la palme de l’audience revient aux Wave One et Reciproc de Dentsply Maillefer et VDW. Ces limes à usage unique remplacent toute une séquence instrumentale et s’utilisent en « réciprocité », un mouvement de rotation discontinue obtenu grâce à un moteur spécifique. À côté du NiTi conventionnel et des réalisations plus classiques mais non moins séduisantes comme l’I-Race de FKG, Coltène Whaledent propose un nouvel alliage à mémoire de forme dont les propriétés mécaniques se révèlent tout à fait étonnantes.
Les moteurs endodontiques se multiplient, avec ou sans fil, avec ou sans localisateur d’apex. À côté des périphériques de table, on trouve des systèmes entièrement intégrés aux fauteuils, pilotés par écran tactile sur l’unit.
L’irrigation canalaire peut être améliorée ou facilitée grâce à des dispositifs vibrants ou des systèmes assurant l’injection du liquide et son aspiration simultanée.
Malgré la présence de quelques produits inattendus, la gutta chaude reste la méthode d’obturation la plus commune. Plusieurs fabricants coréens présentent des combinés sans fil pistolet à gutta-fouloir réchauffeur. Les systèmes de tuteurs enrobés de gutta s’améliorent.